Le pouvoir d’achat a baissé au Maroc (HCP)
Le Haut-commissariat au Plan (HCP) a publié, récemment, le 28ème numéro des « Brefs du Plan » intitulé « Pouvoir et intention d’achat des ménages : Une approche catégorielle basée sur les statistiques conventionnelles et les Big Data ».
« L’appréciation statistique de cette grandeur macroéconomique repose sur l’hypothèse que les consommateurs adoptent des comportements homogènes et partagent les mêmes préférences. Cette hypothèse présente une limite majeure, laquelle nécessite l’estimation du pouvoir d’achat en fonction des catégories de ménages. Le pouvoir d’achat catégoriel vise, ainsi, à prendre en considération les inégalités du revenu et la diversité de la structure de consommation des ménages, aspects qui échappent à la portée des agrégats macroéconomiques », indique cette publication.
Les auteurs de ce numéro, Mohamed Assouli, Adil Ez-zetouni, Hicham El Marizgui et Khalid Soudi du HCP, expliquent que la mesure du pouvoir d’achat catégoriel repose sur une approche mixte, à la fois microéconomique et macroéconomique.
Elle intègre les avantages des enquêtes portant sur le niveau de vie des ménages, menées en 2014 et 2019, mettant en exergue notamment la distribution sociale des revenus, avec les données de la comptabilité nationale qui fournissent l’évolution du revenu disponible brut des ménages, précisent-ils, ajoutant qu’afin d’aboutir à une estimation du pouvoir d’achat par habitant, les indicateurs provenant à la fois des enquêtes et de la comptabilité nationale ont été normalisés en prenant en compte la taille de chaque ménage.
Cette approche statistique conventionnelle a été complétée par la conception d’un Indice Web basé sur les intentions d’achat des internautes marocains sur la période 2018-2022.
Étant donné que la réalisation de ces intentions est directement liée au pouvoir d’achat effectif des ménages, cet indice peut contribuer à étoffer les conclusions de l’analyse objective du pouvoir d’achat catégoriel qui repose sur les grandeurs et les données conventionnelles de la comptabilité nationale et des enquêtes sur le niveau de vie des ménages.
Pour ce faire, les internautes ont été classés en trois catégories sociales distinctes : les moins aisés, la catégorie intermédiaire et les plus aisés.
Parallèlement, la publication « Les Brefs du Plan » revient aussi sur l’évolution du pouvoir d’achat par habitant durant la période 2020-2022.
« Pendant la période allant de 2020 à 2022, le Maroc, à l’instar de nombreux autres pays à travers le monde, a été confronté à une série d’événements majeurs ayant eu un impact néfaste sur son économie nationale et le pouvoir d’achat des ménages. Cette conjonction d’événements a eu pour conséquence une érosion nette du pouvoir d’achat par habitant, avec une baisse annuelle moyenne de -0,22% », rappelle la même source, relevant qu’en revanche, la période précédente 2015-2019 a été caractérisée par une dynamique positive du pouvoir d’achat des ménages marocains, avec une augmentation annuelle moyenne de 1,2%. Par ailleurs, les auteurs de cette publication font savoir que l’analyse de la période 2020-2022 révèle une tendance à la baisse du pouvoir d’achat dans les deux milieux de résidence (villes et campagnes), bien que cette dynamique ne soit pas uniforme d’une année à l’autre, notant que la différence de pouvoir d’achat entre ces deux milieux est principalement imputable à l’inflation.
« En effet, bien que le taux de croissance annuelle moyenne du revenu par habitant soit presque similaire dans les zones urbaines (2,5%) et rurales (2,7%), l’inflation a été plus marquée en milieu rural (3,2%) qu’en milieu urbain (2,7%). Dans ces conditions, le pouvoir d’achat des ménages ruraux a enregistré un recul annuel moyen de 0,55%, tandis que celui des ménages citadins a connu une diminution de 0,18% », font-ils remarquer. Cette différence souligne l’impact significatif de l’inflation sur le pouvoir d’achat des ménages résidant en milieu rural, mettant, ainsi, en évidence les difficultés économiques auxquelles ils ont été confrontés au cours de cette période, estiment ces auteurs, ajoutant que dans un contexte de reprise économique, les ménages modestes bénéficient relativement davantage de l’augmentation du pouvoir d’achat, mais sont également plus durement touchés dans un contexte de choc économique.
Par ailleurs, ils indiquent que le suivi du pouvoir d’achat des salariés et des indépendants, sur une période de quatre ans (2019-2022), montre que ces deux groupes ont connu une augmentation quasi identique de leur pouvoir d’achat en 2019, atteignant près de 2,3%.
Cette hausse est principalement attribuable à l’effet revenu, avec une augmentation annuelle de 2,4% pour les salariés et de 2,35% pour les indépendants.
En ce qui concerne l’effet prix, il a eu un impact relativement modeste pour les salariés, avec un taux d’inflation de 0,11%, et pratiquement nul (0,06%) pour les indépendants.
S.L.