Maroc

Maroc-UE : un partenariat à l’épreuve des défis climatiques et alimentaires

Face aux défis climatiques et alimentaires mondiaux, le Partenariat de prospérité partagée UE-Maroc représente une opportunité de conjuguer les efforts pour promouvoir des systèmes alimentaires résilients, préserver les ressources naturelles, favoriser l’innovation et le développement durable, tout en créant des emplois décents dans les zones rurales. Face à l’épreuve des défis climatiques et alimentaires, zoom sur les défis de ce partenariat.

L’édition 2024 du Salon international de l’agriculture de Meknès (SIAM) a été marquée par une forte présence de l’Union européenne. Cet événement vient souligner l’importance stratégique du partenariat Maroc-UE, notamment dans les secteurs agricole, forestier et environnemental, face aux défis climatiques et alimentaires mondiaux. Ce partenariat s’inscrit dans le cadre de deux accords récents : le Partenariat Vert Maroc-UE signé en octobre 2022 et l’accord de partenariat pour les secteurs agricole et forestier conclu en décembre 2022.

Ces engagements bilatéraux témoignent de la volonté commune de relever les défis partagés entre les deux rives de la Méditerranée, liés aux changements climatiques, à la préservation de la biodiversité et des ressources naturelles. Au cœur de ces enjeux se trouvent la résilience et la durabilité des systèmes alimentaires.

Face à la dégradation et à la raréfaction des ressources, l’innovation, la croissance et la création d’emplois décents dans les filières agricoles et forestières sont perçues comme des opportunités cruciales pour maintenir la compétitivité des producteurs et acteurs économiques.

Pour Patricia Llombart Cussac, ambassadrice de l’UE au Maroc, «l’agriculture et les forêts durables représentent deux secteurs clés du Partenariat de prospérité partagée entre le Royaume du Maroc et l’Union européenne». La diplomate souligne l’importance de ces domaines, que ce soit par le volume et la qualité des échanges commerciaux, les investissements et la création d’emplois décents dans le monde rural, ou encore la protection et la régénération des ressources pour mieux lutter contre les dérèglements climatiques.

Transfert de technologies vertes, renforcement des capacités…
D’un point de vue économique, le partenariat Maroc-UE dans les secteurs agricole et forestier revêt une importance cruciale. Les échanges commerciaux bilatéraux dans ces domaines sont substantiels et stratégiques pour les deux parties.

Cependant, la durabilité et la résilience de ces échanges face aux changements climatiques représentent un défi majeur. La dégradation des ressources naturelles, telles que les sols et l’eau, menace la productivité et la compétitivité des filières concernées. Dès lors, l’innovation et la transition vers des modèles de production plus durables et respectueux de l’environnement s’imposent comme des nécessités économiques, au-delà des considérations environnementales.

Sur le plan environnemental, la préservation et la régénération de la biodiversité et des ressources naturelles constituent un enjeu crucial pour le Maroc et l’UE. Les dérèglements climatiques exacerbent les pressions sur ces ressources, notamment dans les zones arides et semi-arides du Maroc. La coopération bilatérale dans ce domaine est essentielle pour développer des solutions adaptées aux contextes locaux, favorisant une gestion durable des ressources et la résilience des écosystèmes. Comme le soulignent plusieurs analystes, «cela passe par le transfert de technologies vertes, le renforcement des capacités et la mise en place de politiques environnementales cohérentes et ambitieuses». D’un point de vue social et rural, le partenariat Maroc-UE cible la création d’emplois décents dans les zones rurales.

Cet objectif est d’autant plus important que les populations rurales sont souvent les plus vulnérables aux impacts des changements climatiques et de la dégradation des ressources naturelles. Le développement de filières agricoles et forestières durables, couplé à des programmes de formation et d’insertion professionnelle, peut contribuer à améliorer les conditions de vie et à lutter contre l’exode rural.

Sur le plan des relations UE-Maroc, ce partenariat renforcé dans les domaines agricole, forestier et environnemental témoigne de la volonté des deux parties d’approfondir leur coopération au-delà des accords commerciaux traditionnels. En abordant conjointement les défis climatiques et alimentaires, l’UE et le Maroc consolident leur statut de partenaires stratégiques et démontrent leur capacité à faire face aux enjeux globaux de manière coordonnée. Néanmoins, la pérennité de ce partenariat dépendra de la capacité à concrétiser les engagements par des actions tangibles et à assurer un suivi rigoureux des progrès réalisés.

Plusieurs programmes ambitieux
Ainsi, le Partenariat Vert se concrétise au Maroc par la mise en œuvre de plusieurs programmes ambitieux. Le programme «Al Ard Al Khadraa – Terre Verte», doté de 1,26 milliard de dirhams (115 millions d’euros), soutient les stratégies nationales «Génération Verte» et «Forêts du Maroc». Il appuie la transition écologique en développant des filières de valorisation agricole durable, tout en favorisant l’entrepreneuriat vert et l’inclusion socio-économique des populations rurales. La Banque européenne d’investissement (BEI) contribue également à la gestion inclusive et durable des forêts marocaines avec un prêt de 1,08 milliard de dirhams (100 millions d’euros), bénéficiant d’une garantie de l’UE de 153 millions de dirhams (14 millions d’euros).

Par ailleurs, le programme d’appui au développement territorial (PADT), doté de 540 millions de dirhams (50 millions d’euros), vise à améliorer durablement les conditions de vie et à réduire les disparités territoriales et sociales en zones rurales et de montagne.

Cette approche intégrée est essentielle pour assurer une véritable inclusion des populations vulnérables et promouvoir un développement équitable. Enfin, le programme de revitalisation des territoires ruraux marocains par l’emploi et l’entrepreneuriat dans le secteur agricole (IHYAE), d’un montant de 1,8 milliard de dirhams (170,6 millions d’euros), se concentre sur le renforcement de la formation professionnelle agricole, de l’entrepreneuriat rural «vert» et de la conversion vers des filières écologiques et résilientes.

Ce projet, cofinancé par l’Agence française de développement (AFD) et l’UE, vise à développer une agriculture familiale résiliente face aux changements climatiques. Cette coopération ambitieuse entre le Maroc et l’UE témoigne d’une prise de conscience de l’urgence d’agir pour préserver les ressources naturelles et assurer la sécurité alimentaire à long terme. Cependant, plusieurs défis restent à relever pour garantir la réussite de ces programmes.

Bilal Cherraji / Les Inspirations ÉCO


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