Agriculture : le Maroc au cœur de l’agenda africain
Durant les deux prochaines années, le Maroc sera au cœur du déploiement de l’agenda africain dans le secteur de l’agriculture. En plus de son rôle précurseur dans l’initiative «Triple A», le Royaume va assurer un rôle de premier plan dans la coordination des politiques avec la FAO.
L’agriculture replace le Maroc au cœur des grands enjeux africains. Deux grands événements d’envergure viennent de se tenir tour à tour dans le Royaume, à savoir la 33e Conférence régionale pour l’Afrique de la FAO, à Rabat, suivie de la 16e édition du Salon international de l’agriculture au Maroc (SIAM), à Meknès. La grand-messe de l’agriculture marocaine, qui constitue l’un des plus grands salons agricoles du continent, est l’occasion de faire le point sur l’évolution de l’initiative lancée par le Maroc en 2016, à savoir le «Triple A».
Cette initiative sur l’Adaptation de l’agriculture africaine (AAA), a ainsi réuni, lors du SIAM, la quatrième réunion ministérielle. Une rencontre importante, marquée par la déclaration des responsables africains en charge de l’agriculture pour continuer dans la démarche de concrétiser le «Triple A».
Résilience
Cette Déclaration ministérielle intervient dans un contexte très opportun, à l’heure où le stress hydrique sévit dans une bonne partie des pays du continent, à commencer par le Maroc, qui vit sa sixième année de sécheresse successive. C’est donc tout naturellement que la réunion ministérielle a affirmé l’«ambition commune et [la] vision partagée pour l’avenir de l’agriculture africaine face au défi climatique».
L’objectif est de favoriser «une agriculture moderne, durable et performante, qui nourrit les populations, crée des emplois, préserve les ressources naturelles et contribue à la prospérité du continent». Mais cela exige bien évidemment d’accorder les ressources nécessaires à la résilience et au développement de cette agriculture. Voilà bientôt une décennie que l’on parle, mais le constat est que dans de nombreux pays africains, les stratégies de développement agricole peinent à atteindre leurs objectifs. Et cela en raison d’une mauvaise déclinaison des politiques, ou encore des imprévus causés par le changement climatique, sans parler du manque de financement.
Sous-financement
D’ailleurs, en parlant de ce financement, le ministre de l’Agriculture, Mohammed Sadiki, a rappelé, lors de la réunion ministérielle à Meknès, que «le besoin pressant de stratégies d’adaptation robustes n’a jamais été aussi criant, au moment où le financement pour soutenir ces efforts reste insuffisant».
Selon le ministre, l’Afrique a besoin d’environ 580 milliards de dollars pour des mesures d’adaptation entre 2020 et 2030, avec un accent particulier sur l’agriculture. Il faudra juste noter que le financement réel de l’adaptation reçu par le continent n’était que de 11,4 milliards de dollars par an en 2019 et 2020, bien en deçà des 52,7 milliards de dollars annuels projetés nécessaires pour 2030. Autant dire qu’il reste du chemin à parcourir, à moins que les pays africains ne cherchent d’autres moyens d’autonomie financière.
Point de vue de la FAO
Cette question de financement ne manque pas de se poser durant les deux prochaines années. Une période au cours de laquelle le Maroc sera au cœur des actions de la FAO sur le continent. C’est l’une des conclusions à retenir de la 33e Conférence régionale pour l’Afrique de la FAO, qui s’est tenue à Rabat du 18 au 20 avril courant. Lors de cet événement, la FAO a une nouvelle fois estimé que le Maroc était un exemple à suivre dans le développement du secteur agricole en Afrique.
Qu Dongyu
DG de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO)
«Les stratégies adoptées par le Maroc au cours des vingt dernières années peuvent constituer un exemple à suivre pour les différents pays africains. La FAO entend développer son partenariat avec le Royaume de manière profitable aux autres pays africains».
Mohammed Sadiki
Ministre de l’Agriculture
«Le besoin pressant de stratégies d’adaptation robustes n’a jamais été aussi criant, au moment où le financement pour soutenir ces efforts reste insuffisant. L’Afrique a besoin d’environ 580 milliards de dollars pour des mesures d’adaptation entre 2020 et 2030, avec un accent particulier sur l’agriculture».
Josefa Sacko
Commissaire de l’UA en charge de l’Agriculture, du développement rural, de l’économie bleue et de l’environnement durable
«Il est essentiel de mettre en place des solutions innovantes, telles que l’initiative AAA, pour renforcer l’action climatique en Afrique, identifier les défis spécifiques et favoriser un développement durable».
Abdellah Benahmed / Les Inspirations ÉCO