Maroc

Driss Boutti : “Notre première priorité est la connectivité de la région”

 

Driss Boutti, président de l’antenne régionale de la Confédération Générale des Entreprises du Maroc dans le Souss-Massa, revient sur la vision du patronat pour la région et les enjeux à venir pour relever le défi de l’industrialisation conformément à la vocation centrale, africaine et atlantique du territoire d’Agadir.

Le secteur secondaire représente à peine 16,6% du PIB régional. Comment le patronat entend-il accompagner l’effort d’industrialisation de la région ?
Comme vous le savez, la région Souss-Massa se positionne sur plusieurs secteurs d’activité en même temps, notamment l’agriculture, la pêche, le tourisme et les services, en plus actuellement de l’industrie. Ce secteur phare de l’activité secondaire commence à se développer. Il s’inscrit dans la nouvelle vision qui a été lancée par le Roi Mohammed VI, depuis la signature de la déclinaison régionale du Plan d’accélération industrielle (PAI) à Agadir. Aujourd’hui, plusieurs zones industrielles ont vu le jour.

D’autres qui existent, mais qui ne marchaient pas, telles qu’Oulad Teima et Tiznit, ont commencé leur processus de valorisation à travers l’installation et la réalisation de plusieurs projets. À cela s’ajoute l’aménagement de la zone d’accélération industrielle (anciennement appelée zone franche) en plus du Parc Haliopolis, l’Agropole Souss-Massa et le Parc industriel intégré d’Agadir (PII2). Ces derniers temps, l’offre en termes de foncier industriel a été bien développée et aujourd’hui on voit beaucoup de projets tels que Leoni, MedTech Gloves et bien d’autres qui tirent la région vers cette industrialisation. Tout cela présage un avenir prometteur pour notre territoire.

Aussi, il faut savoir que notre région s’est positionnée sur l’industrialisation classique orientée essentiellement vers l’agroalimentaire qui offre une valeur ajoutée limitée sur quelques produits tels que l’industrie des conserves et des produits similaires. Notre vision s’oriente actuellement vers plus d’industrialisation avec plus de valorisation et plus de valeur ajoutée. Ce positionnement est une nouvelle vocation. Dans les cinq années à venir, nous pensons que notre région aura vraiment son mot à dire en termes d’industrie. L’ambition aussi est de développer des produits à vocation d’export pour le marché africain.

La CGEM Souss-Massa a placé sa rentrée économique sous le thème de la vocation centrale, africaine et atlantique du territoire Souss-Massa. Quels sont les facteurs qui expliquent cette triple vocation ?  
Cette triple vocation a été établie conformément aux orientations du Roi Mohammed VI. Dans son discours du 44e anniversaire de la Marche verte, le Souverain a replacé Agadir et sa région dans le cadre d’une nouvelle centralité. Puis, il a parlé de l’africanité de notre région et son atlanticité dans son dernier discours.

De ce fait, bien que nous disposions de cette vocation, dans la pratique, nous ne l’avons pas vraiment exploitée, d’où les discours fondateurs de Sa Majesté qui ont procuré une vraie vocation à notre région et un chemin à suivre. Maintenant, c’est à nous d’accomplir le travail en fonction de cette triple vocation, compte tenu aussi des relations historiques qu’entretient notre région avec le reste des pays africains, notamment la Mauritanie, le Sénégal et la Côte d’Ivoire. C’est pour cela que la CGEM a mis cette question au cœur de nos priorités. Il s’agit essentiellement d’ancrer cette région dans sa centralité géographique, africaine et atlantique pour tirer profit de ce positionnement.

La connectivité (maritime, ferroviaire et aérienne) est l’un des enjeux pour le développement économique de la région à vocation exportatrice. Quel regard portez-vous sur cette question compte tenu des récents obstacles terrestres à l’export ?  
Le développement d’une région se base sur la connectivité et l’attractivité du territoire. Aujourd’hui, nous disposons plus ou moins de cette attractivité, puisque nous sommes la première région exportatrice. De surcroît, nous avons beaucoup d’atouts et un potentiel énorme à mettre en valeur, mais, également, des points à améliorer dans quelques secteurs. La deuxième des choses, c’est quand vous avez abordé les récents obstacles terrestres, tarifaires et non tarifaires à l’export.

Malheureusement, on les a rencontrés avec nos propres voisins au nord et au sud. Face à ce blocage récurrent, il n’y a pas que la voie terrestre, d’où le développement de liaisons maritimes et aériennes afin de mieux exporter et éviter cette dépendance. Dès maintenant, il faut s’atteler à cette question et relever le défi de la connectivité durant la prochaine décennie. C’est pour cela qu’au sein de la CGEM, notre première priorité est la connectivité de la région en relation avec l’export avec le reste du monde pour tirer bénéfice de ce volet.

La captation de la valeur ajoutée dans la région reste une question primordiale en vue de renforcer sa vocation à l’export. Pourquoi la région demeure-t-elle forte en matière de production, mais faible en termes de valorisation et de transformation ?  
Pour la question de la captation de la valeur ajoutée au sein de notre région, il est essentiel de remonter le temps en rappelant que les colons sont les premiers à avoir investi historiquement dans cette transformation minime des produits.

De ce fait, nous avons hérité de cette «industrie» qui ne capte pas assez de valeur ajoutée et qui ne nous fait vendre que la matière première. Comment faire pour sortir de cette situation ? Il faut changer de paradigme à travers l’appui de l’État qui doit aider les industriels à s’orienter vers plus d’innovation et de création de valeur ajoutée. Et ce, en installant sur place plus de procédés industriels tout en donnant des primes et des subventions pour appuyer les entreprises les plus innovantes et celles qui font un maximum de transformations pour capter un maximum de valeur ajoutée.

Yassine Saber / Les Inspirations ÉCO


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