Succès de la série « Dar nsa » : trois questions à l’artiste Nora Skalli
La série ramadanesque « Dar nsa » a pu subjuguer l’attention des téléspectateurs par son scénario rocambolesque et son esthétique empreinte du riche patrimoine marocain, tout en mettant en lumière le talent de ses acteurs.
Dans une interview accordée à la MAP, la comédienne et professeure d’art Nora Skalli aborde les choix esthétiques de cette œuvre visuelle et s’attarde sur la notion de « Tamaghrabit » dans l’art ainsi que sur la subtilité du jeu des acteurs de la série.
« Dar Nsa » se démarque par une identité visuelle clairement inspirée du patrimoine artisanal marocain. Comment les créateurs de la série ont-ils élaboré ce choix esthétique?
– Sous la direction artistique de Samia Akariou, l’équipe de la série a consciemment choisi de donner une place prépondérante à l’artisanat local de la région du nord du Maroc, que ce soit à travers les costumes traditionnels ou les décors inspirés du riche patrimoine marocain.
Cette volonté est ancrée dans la démarche artistique de l’équipe, depuis ses débuts au sein de la troupe théâtrale jusqu’à ses productions antérieures telles que la série culte « Bnat lalla manana », qui avait mis en avant la culture “chamali”, y compris son accent distinct, de manière emblématique.
Par ailleurs, ce même accent « chamali » qui singularise la région est un élément central qui a été adopté, à divers degrés, par les acteurs, même ceux n’étant pas originaires du nord du Maroc.
Cette adaptation témoigne d’une volonté artistique de préserver et de célébrer la diversité linguistique du Maroc à travers le médium télévisuel.
Elle confère à l’accent “chamali” une musicalité linguistique qui trouve toujours un accueil chaleureux lorsqu’il est repris à l’écran.
2. Peut-on considérer que la série est une expression artistique du “Tamaghrabit”?
Je considère que le “Tamaghrabit” est un garde-fou contre l’uniformisation culturelle mondiale, qui revendique haut et fort l’authenticité marocaine. C’est un concept qui préserve cette authenticité face à une mondialisation effrénée.
« Dar Nsa » revendique cette notion en mettant en avant une esthétique vestimentaire traditionnelle et élégante, s’éloignant des tendances vestimentaires contemporaines plus décontractées, afin de refléter au mieux l’identité culturelle marocaine au quotidien.
Cette revendication esthétique a été portée par Samia Akariou, qui a tenu à créer un décor inspiré du savoir ancestral marocain.
3. Qu’est-ce qui se cache derrière le soupçon de légèreté ayant caractérisé le jeu des acteurs dans cette série?
Cette légèreté est une subtilité apportée à la narration de cette fiction dans le but d’alléger l’aspect dramatique du scénario, ainsi que la densité psychologique des personnages. Des clins d’œil théâtraux ont été apportés, tels que la scène où Amina (alias Nora Skalli) demande à sa mère, lalla Fatoum (alias Fatima Naji), de simuler une douleur, ajoutant ainsi une dimension théâtrale au récit, qui contribue à enrichir l’expérience visuelle des spectateurs.