Des mesures d’urgence ont été entreprises pour faire face à la pénurie de l’eau tant en milieu urbain qu’en milieu rural, et ce pour assurer l’approvisionnement de la population et pour irriguer les terres selon un programme arrêté avec le ministère de l’Agriculture, a indiqué le ministre de l’Équipement et de l’eau, Nizar Baraka.
Dans un entretien accordé au quotidien « le Matin » dans sa livraison de ce jeudi, Baraka relève que les projets de mobilisations des ressources en eau conventionnelles et non conventionnelles se réalisent avec une cadence accélérée, suite aux orientations du roi Mohammed VI.
Il fait savoir, dans ce sens, que des solutions basées notamment sur la diversification des ressources en eau conventionnelles et non conventionnelles ont été adoptées pour faire face à la situation hydrique alarmante que connaît le Maroc au début de l’année hydrologique 2023-2024, « marquée par un sévère impact des changements climatiques sur la disponibilité des ressources en eau et son impact sur le niveau de stockage des barrages ».
Il s’agit du recours de plus en plus au dessalement de l’eau de mer pour l’approvisionnement en eau des villes côtières, permettant ainsi d’affecter plus les eaux des barrages aux zones intérieures et de montagne pour subvenir à leurs besoins en eau potable et pour l’irrigation des périmètres aménagés, ainsi qu’à la réutilisation des eaux usées épurées pour l’arrosage des espaces verts et des golfs, explique le ministre.
Les transferts de l’eau interbassins constituent également des solutions pour assurer l’approvisionnement en eau potable de la population et pour l’irrigation, poursuit Baraka, ajoutant qu’il est prévu la mise en place de conduites d’interconnexion de systèmes hydrauliques, la réalisation et l’équipement de forages d’eau, l’acquisition et l’installation de stations monoblocs et l’acquisition de camions citernes.
Abordant le Programme national pour l’approvisionnement en eau potable et d’irrigation 2020-2027 (PNAEPI 20-27), Baraka indique qu’il a été préparé, suite aux hautes instructions royales, à accélérer les investissements dans le secteur de l’eau à travers la réalisation de projets structurants, notamment par la mobilisation des ressources en eau conventionnelles et non conventionnelles afin de garantir le développement du secteur de l’eau et l’approvisionnement en eau du pays de manière durable.
Le coût global du programme, qui était initialement de 115,4 milliards de dirhams, a été revu à la hausse pour atteindre le montant de 143 milliards de dirhams, dit-il.
En ce qui concerne l’interconnexion entre les bassins hydrauliques, le ministre précise que cette démarche s’inscrit dans le cadre de la solidarité régionale et concerne le transfert des eaux inexploitées des régions excédentaires vers les régions connaissant une pénurie de ressources hydriques pour divers usages, tels que l’eau potable, l’industrie et l’irrigation.
Actuellement, le Maroc dispose de 16 infrastructures de transfert d’eau couvrant diverses régions du pays, souligne-t-il, révélant qu’il est envisageable d’entreprendre ces projets à l’avenir pour répondre aux besoins des régions confrontées à des déficits en ressources hydriques.
Interrogé sur l’irrigation des terres agricoles, Baraka note que dans le cadre de l’approche de planification et de gestion des ressources en eau, la priorité est donnée à la satisfaction des besoins en eau potable, aux besoins en eau d’irrigation qui sont satisfaits par rapport à des niveaux de garantie coordonnés avec le département de l’Agriculture, selon l’hydraulicité de l’année et la disponibilité des ressources et à l’hydroélectricité.
Dans ce sens, il fait savoir que les allocations destinées à l’irrigation ont été réduites, en concertation avec le département de l’Agriculture, en vue d’assurer un approvisionnement en eau potable adéquat pour les villes et les centres urbains, notant que depuis septembre 2021, 3,5 milliards de mètres cubes ont été alloués à l’irrigation à partir des barrages, alors que le total des apports pour la même période n’a pas dépassé 6,5 milliards de mètres cubes, soit plus de 54% des apports allouées à l’irrigation.
S.L.