Le nouvel an amazigh célébré au Maroc et ailleurs
Une cérémonie grandiose a été organisée, dimanche à Rabat, par le ministère de la Jeunesse, de la culture et de la communication, à l’occasion de la célébration du Nouvel an amazigh 2974, en présence du Chef du gouvernement, Aziz Akhannouch.
Cette cérémonie, qui a eu lieu au Théâtre Mohammed V, a été rehaussée par la présence des membres du gouvernement, des personnalités du monde de la politique, des droits de l’homme, et des médias, des représentants de missions diplomatiques, et d’un public nombreux venu célébrer une tradition millénaire, profondément enracinée dans le patrimoine culturel national.
A cette occasion, l’assistance a suivi un film retraçant les étapes phares ayant jalonné le processus de promotion de l’Amazighe en tant que composante essentielle et partie intégrante de l’identité nationale.
Cette cérémonie a été ponctuée de prestations artistiques et musicales, interprétées avec brio par des figures de la musique amazighe, classique et moderne, à l’instar de Raissa Fatima Tihihit, Kawtar Barani, Mimoune Rifi, Ahmed Soltane, Houssa 46 et Aicha Maya, en plus de chants, danses et mélodies authentiques puisés dans le folklore populaire amazigh.
Outre la présentation de produits d’artisanat reflétant la richesse et la diversité du patrimoine amazigh marocain, cette cérémonie a été marquée par un hommage posthume rendu au mythe de la chanson amazighe, Mohamed Rouicha.
Le ministre de la Jeunesse, de la culture et de la communication, Mohamed Mahdi Bensaid, a indiqué, à cette occasion, que le ministère n’a ménagé aucun effort pour assurer une célébration à la hauteur de cet événement, relevant que cette manifestation est une reconnaissance du rôle culturel de l’art amazigh dans ses différentes dimensions au niveau des différentes régions du Royaume.
Dans une déclaration à la presse, M. Bensaid a relevé que les festivités marquant la célébration du nouvel an amazigh illustre une nouvelle fois l’engagement du gouvernement, conformément aux Hautes instructions de SM le Roi Mohammed VI, à donner une forte impulsion aux secteurs artistique et culturel.
Il a, par la même occasion, réitéré la détermination du ministère de la Jeunesse, de la culture et de la communication, à continuer à oeuvrer pour la consécration de la présence de la culture amazighe et la préservation de l’héritage culturel amazigh.
La célébration du nouvel an amazigh, qui intervient suite à la décision de Sa Majesté le Roi Mohammed VI d’instaurer ce jour férié national officiel payé, a donné lieu à diverses activités, organisées dans plusieurs provinces du Royaume, une occasion de revisiter et célébrer les us et coutumes liés à un segment important du patrimoine culturel national.
France :
L’École marocaine de Colombes, en région parisienne, a célébré le Nouvel an amazigh « Yennayer 2974 », samedi, dans une ambiance chaleureuse et conviviale.
Initiée par le Consulat du Maroc à Colombes, en collaboration avec l’Association des Parents d’élèves de l’École marocaine de Colombes, cette célébration a constitué un moment opportun de mettre en avant la culture et les traditions amazighes, et a offert aux élèves de l’École et leur parents, une expérience culturelle amazighe immersive, dans un esprit de fierté d’appartenir à une nation chargée d’histoire et de civilisation millénaires.
Dans un mot de bienvenue, la Consule générale du Maroc à Colombes, Hiba Iraki Housseyni, a mis en exergue la portée culturelle de cette célébration exceptionnelle du Nouvel an amazigh.
Dans ce sens, la diplomate a salué hautement la décision de Sa Majesté le Roi Mohammed VI d’instaurer le 14 janvier jour national officiel férié, à l’instar du premier Moharram de l’année de l’Hégire et du Jour de l’an du calendrier grégorien.
De son côté, le Maire de la ville de Colombes, Patrick Chaimovitch, a exprimé son admiration pour la diversité et la richesse de la culture marocaine, mettant en avant l’intérêt de sensibiliser la ville à cet héritage culturel exceptionnel.
Il a également insisté sur l’engagement continu de la ville envers la communauté marocaine, soulignant l’importance de cette dernière à Colombes.
Pour sa part, le président de l’Association des Parents d’élèves de l’École marocaine de Colombes, Lahcen Boubakri a indiqué que l’établissement commémore, à travers cet évènement, l’identité et la culture amazighes, considérées comme une richesse nationale et un patrimoine commun partagé par tous les Marocains.
M. Bouberki s’est également félicité de l’implication remarquable tant des élèves que des enseignants pour faire réussir cet événement, ajoutant que ce moment festif marquera certainement leurs esprits.
Cette manifestation, qui a été également marquée par la présence d’élus locaux ainsi que de représentants du tissu associatif marocain à Colombes, a inclu un riche programme d’animation comportant des spectacles de chant et de théâtre mettant en avant la culture amazighe, ainsi que des ateliers (coloriage, calligraphie, puzzle..) et des travaux manuels.
Les traditions vestimentaires ont été aussi à l’honneur lors de cette manifestation qui a permis à l’assistance de s’imprégner de la culture amazighe dans ses différentes facettes et manifestations. Elle leur a également permis de profiter d’un moment de partage des saveurs culinaires typiquement amazighes.
Belgique :
Les avancées réalisées par le Maroc en matière de préservation et de promotion de la culture et de la langue amazighes ont été mis en avant, dimanche à Bruxelles, à l’occasion de la célébration du Nouvel An Amazigh comme jour férié national.
Lors d’une rencontre organisée par l’ambassade du Maroc auprès du Royaume de Belgique et du Grand-Duché de Luxembourg, Driss Khrouz, professeur à l’Université Mohammed V à Rabat, et Meftaha Ameur, directrice de recherche à l’Institut Royal de la Culture Amazighe (IRCAM), ont passé en revue les acquis en termes de renforcement et de promotion de la composante amazighe de la culture marocaine et l’état des lieux de l’officialisation de la langue amazighe.
Les intervenants ont souligné la forte symbolique de l’instauration d’ »Yd’Ennayer » comme fête nationale, ce qui constitue une reconnaissance de la place essentielle de la culture amazighe en tant que composante de l’identité nationale, relevant que la célébration de ce Nouvel an offre l’opportunité de faire le point sur le chemin parcouru sur la voie de la mise en oeuvre du caractère officiel de la langue amazighe.
Dans une allocution à cette occasion, l’ambassadeur du Maroc auprès du Royaume de Belgique et du Grand-Duché de Luxembourg, Mohamed Ameur, a souligné que la célébration cette année du Nouvel an amazigh est marquée par la décision de SM le Roi Mohammed VI d’instaurer le 14 janvier comme jour férié payé et comme jour de fête nationale pour tous les Marocains, là où ils se trouvent.
Cette décision historique démontre, encore une fois, l’attention bienveillante que le Souverain ne cesse de porter à la langue et à la culture amazighes depuis Son accession au trône de ses glorieux ancêtres, a-t-il indiqué, mettant l’accent sur le discours fondateur prononcé par SM le Roi à Ajdir en 2001, qui a consacré la place de la langue amazighe comme composante fondamentale de l’identité culturelle plurielle du Maroc.
« Aujourd’hui nous célébrons l’apport considérable de l’amazighité dans le façonnement et la consolidation de l’unité nationale, ainsi que le caractère pluriel de l’identité nationale marocaine », a dit M. Ameur.
De son côté, M. Khrouz, ancien directeur de la Bibliothèque nationale du Royaume du Maroc, a passé en revue les faits historiques sur la présence de la langue amazighe au Maroc depuis plus de 30 siècles et les mécanismes sociétaux et culturels qui lui ont permis de perdurer jusqu’à nos jours, notant que la célébration du 14 janvier est l’aboutissement d’un long processus de sauvegarde, de renforcement et de promotion de la langue et de la culture amazighes.
La langue amazighe est un patrimoine commun et une composante essentielle de l’identité culturelle de tous les Marocains, quelle que soit leur langue d’expression, a-t-il fait remarquer, notant qu’il appartient à tous de s’approprier cette langue, de l’apprendre, de la travailler et de la faire vivre.
M. Khrouz a également mis en avant l’étape cruciale de l’officialisation de la langue amazighe dans la Constitution de 2011, qui a ouvert la voie à la promotion de cette langue notamment dans l’administration, l’enseignement et les médias, stimulant par la même occasion les travaux de recherche, de renforcement et de modernisation de cette langue initiés notamment depuis la création de l’IRCAM en 2001.
Pour sa part, Mme Meftaha Ameur a estimé que la célébration du Nouvel an amazigh est une célébration d’un Maroc pluriel, riche de ses différents affluents tout en étant uni autour de ses fondamentaux, ajoutant que la reconnaissance de la diversité linguistique et culturelle constitue l’un des chantiers principaux du Maroc moderne et démocratique, aux côtés d’autres chantiers comme la réforme du Code de la famille ou la consolidation de l’Etat social.
Elle a ensuite abordé l’état des lieux notamment des recherches scientifiques sur la langue amazighe, de la codification et de la généralisation de l’utilisation du tifinagh, de l’introduction progressive de cette langue dans l’éducation nationale et l’enseignement supérieur, soulignant que des progrès considérables ont été réalisés dans ce domaine.
Mme Meftaha Ameur a en outre souligné l’importance d’œuvrer pour l’intellectualisation de la langue et de la culture amazighes afin de les faire sortir du seul cadre patrimonial ou folklorique, ce qui nécessite, selon elle, l’adhésion de l’ensemble des Marocains autour d’une composante essentielle de leur identité.