Maroc

Marché Boursier: comment booster l’investissement privé ? Les experts répondent (VIDEO)

La Bourse de Casablanca séduit de moins en moins les investisseurs privés. Entre insuffisance de papier frais, manque d’incitations fiscales… les particuliers se font rares. Dans le cadre de la table ronde organisée par le groupe Horizon Press sous le thème : «Marché Boursier : Comment booster l’investissement privé» , Tarik Senhaji, DG de la Bourse de Casablanca, Naceur Benjelloun Touimi, DG de BMCI Bourse, Hatim Ben Ahmed, président de l’AMIC, et fondateur de Méditerannea Capital et Zakaria Jirari, DG de Dislog en charge du Pôle finance, donnent des pistes pour expliquer ce désamour.

Le nombre d’investisseurs particuliers oscille à peine entre 3.000 et 5.000 personnes. Ce qui reste faible ! Un point de vue que ne partage pas le patron de la société gestionnaire de la Bourse.

«L’investissement privé est très présent à la Bourse. Il représentent quand même 10% de notre marché», rappelle-t-il. Se basant sur la théorie financière, Senhaji soutient que pour une allocation optimale d’une épargne supposée être du long terme, une partie devrait aller en Bourse.

Il convient, tout à fait, qu’investir en bourse est plus risqué que l’investissement dans un dépôt à terme mais, assure que les retours sont toujours beaucoup plus intéressants à terme. Et de conseiller : «lorsque vous avez de l’épargne, vous devriez réfléchir à placer une partie en bourse». Ceci dit, en dépit du fait qu’ils soient peu nombreux, la masse de particuliers de la place de Casablanca, hormis les petits porteurs, à la particularité plus au moins aisée car «issue de la banque privée avec ticket moyen d’investissement important». La raison est simple : «lorsqu’une personne est chez la banque privée, elle a l’accompagnement nécessaire : un chargé de compte qui peut lui fournir les bonnes informations. C’est pour cette raison qu’il faut agir sur l’éducation financière des investisseurs», esquisse Senhaji, un début de réponse pour booster l’investissement privé.

L’autre particularité des investisseurs privés du marché boursier est l’expertise précise. «Lorsqu’il y a une bonne opportunité, nous les voyons venir !», insiste le DG de la Bourse. Il en veut pour preuve les deux dernières IPO en date, celles de TGCC et d’Akdital qui ont mobilisé, respectivement, 12.000 et 8.000 investisseurs privés.

Le DG de BMCI Bourse abonde dans le même sens rappelant «qu’entre les années 2004 à 2009, ce même marché pouvait attirer 100.000 à 150.000 souscripteurs par IPO dont le rythme était relativement élevé (ndlr : environ dix par an, pendant cette période)». Les personnes physiques représentaient alors entre 40 et 45% avec un volume trois fois plus élevé qu’à l’heure actuelle.

«Ce qui veut dire qu’elles intervenaient dix fois plus par rapport à aujourd’hui», déplore Benjelloun Touimi.

Ceci étant, les particuliers sont, pour le moins que l’on puisse dire, friands de bonnes affaires à la recherche d’actifs intéressants qui vont leur permettre de fructifier leur investissement. Il s’avère que la Bourse en manque cruellement.

«Aujourd’hui, la Bourse de Casablanca n’a pas suffisamment de papier pour servir les investisseurs institutionnels et les investisseurs étrangers, ainsi que les petits porteurs», reconnait Senhaji.

Il est donc impératif de multiplier les efforts pour apporter du papier frais sur le marché. Le volume de souscripteurs se métamorphose avec le rythme des IPO.

«On passe de 500 à 10.000 lorsqu’on a des IPO. Ces dix dernières années, l’impact est immédiat», observe Benjelloun Touimi.

Pour lui, «si l’on revient au rythme d’il y à 10 ans, avec des montants plus élevés pour les introductions, on ouvrirait une part plus importante aux personnes physiques, ce qui réduirait la part des investisseurs institutionnels». L’augmentation du scope des sociétés cotées en Bourse n’est pas l’unique levier pour attirer les investisseurs privés, le volet incitatif est aussi important.

Le DG de BMCI Bourse regrette que le Plan épargne actions n’est pas eu l’effet escompté, de mobiliser l’épargne via la Bourse. Il s’agissait à travers ce produit d’exonérer de l’imposition de la plus-value, au bout de cinq ans de détention avec un plafond maximum allant jusqu’à 2 MDH. Pour lui, «il faut être un peu plus ambitieux comme pour le modèle de l’assurance vie». L’encouragement de l’entreprenariat salarial est une autre piste, selon l’expert.


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