Maroc

Majida Maârouf : “Les trois régions du Sud comptent 113 projets aquacoles déjà installés”

Faisant partie de l’une des activités les plus prometteuses au niveau des provinces du Sud, l’aquaculture offre un potentiel économique de développement grâce aux plans d’aménagement aquacole régionaux déjà réalisés. Majida Maârouf, directrice générale de l’ANDA, revient sur le poids de ce secteur dans ces localités, et fait le point sur l’avancement de la stratégie aquacole dans la région.

L’aquaculture est au centre de la politique de développement du secteur halieutique au Maroc y compris dans les provinces du Sud. En chiffres, quel poids représentent les trois régions de Guelmim-Oued Noun, Lâayoune-Sakia El Hamra et Dakhla-Oued Eddahab en matière d’offre aquacole nationale ?
En effet, depuis le lancement de la stratégie «Halieutis» en 2009, le développement du secteur de l’aquaculture a été placé parmi ses projets phares, comme un levier de développement durable et un moteur de croissance de l’économie bleue à l’échelle nationale. Le programme de planification lancé par l’ANDA sur 70% du littoral a révélé toutes les potentialités des côtes nationales pour le développement de projets durables dans les trois filières du secteur aquacole (pisciculture, conchyliculture et algoculture). Il y a lieu de souligner que la durabilité des projets aquacoles est intimement liée aux conditions du milieu marin, à la disponibilité de l’infrastructure pour l’exploitation des fermes aquacoles et également pour la maîtrise des flux de produits (intrants et produits aquacoles) en plus de la présence à proximité des fermes des activités connexes à l’aquaculture.

Ces principaux leviers d’intégration de l’aquaculture dans les différentes régions du Royaume ont dicté la localisation des fermes par les plans aquacoles. Concernant les provinces du sud du Royaume, trois plans d’aménagement aquacole régionaux ont été réalisés au niveau des régions de Guelmim-Oued Noun, Laâyoune-Sakia El Hamra et Dakhla-Oued Eddahab. Ces plans d’aménagement ont fait ressortir un potentiel aquacole dépassant les 8.800 hectares pour une production cible de 100.000 tonnes. Aujourd’hui, les trois régions comptent 113 projets aquacoles installés, dont 112 localisés dans la région de Dakhla-Oued Eddahab avec la création de de 2.600 emplois directs. À ces projets s’ajouteront 53 autres qui sont en cours d’installation.

Après la mise en place des plans d’aménagement aquacole des provinces du Sud et l’ouverture des espaces aquacoles aux investisseurs, quel regard portez-vous sur l’engouement des investisseurs pour cette niche et le potentiel économique qu’offre ce secteur aux trois régions ?
La mise en œuvre des plans aquacoles des régions des provinces du sud a fait l’objet de 6 Appels à Manifestation d’Intérêt (AMI) qui ont été lancés par l’ANDA pour le développement de projets aquacoles dans ces trois régions. Le nombre total de soumissionnaires enregistrés dans les trois régions s’élève à 1.477 ce qui dénote de tout l’intérêt des investisseurs pour cette activité. À l’issue d’un processus de sélection des dossiers, 292 projets dédiés aux trois filières aquacoles (pisciculture, conchyliculture et algoculture), ont été retenus pour marquer le coup d’envoi du développement de cette activité dans ces régions.

Qu’en est-il de l’aquaculture solidaire, notamment le bilan des projets aquacoles à caractère sociale, portés par les groupements de jeunes entrepreneurs et les coopératives de femmes et marins pêcheurs ?
Le nombre de projets aquacoles à caractère social, portés par des groupements de jeunes entrepreneurs et de coopératives dans les trois régions est de 103 projets qui s’étalent sur une superficie de 245 ha pour un investissement de 117 MDH. Ces projets tablent sur une production de près de 10.000 tonnes de coquillages et d’algues. Il est bien de préciser qu’un programme structurant visant l’appui financier de ces projets aquacoles à caractère social a été mis en œuvre par le département de la Pêche maritime. Ainsi, l’aquaculture dans ces régions contribuera à l’intégration locale de 550 jeunes entrepreneurs ainsi qu’au développement social desdites régions avec des prévisions dépassant les 2.500 emplois. Tous ces indicateurs confirment l’attrait que connaissent les régions du sud auprès des investisseurs intéressés par cette activité ainsi que l’intérêt des populations locales souhaitant intégrer la filière aquacole.

En vue d’accompagner les investisseurs pour la réalisation de projets d’aquaculture marine dans les provinces du Sud, l’ANDA accompagne la mise en place des installations d’appui terrestres en faveur des fermes aquacoles dans les trois régions précitées. Où en est ce volet au niveau des provinces du Sud ?
Dans une initiative visant à soutenir le développement des fermes aquacoles dans les régions du sud, l’ANDA a mis en place une représentation à Dakhla. Cette mesure a pour objectif de rapprocher davantage l’ANDA des porteurs de projets locaux et de répondre à leurs besoins en temps réel, renforçant ainsi son engagement envers le secteur de l’aquaculture.

En outre, afin de faciliter l’accès des jeunes entrepreneurs aux connaissances pratiques et efficaces relatives aux techniques d’élevage, l’ANDA a mis en place un programme de formation à la fois théorique et pratique, spécifiquement dédié au métier de l’aquaculture. Ce programme vise à doter les porteurs de projets d’outils essentiels pour réussir dans le domaine de l’élevage aquacole. En parallèle, un programme d’assistance technique a été déployé pour fournir un soutien continu aux entrepreneurs aquacoles. Ces initiatives combinées témoignent de l’engagement de l’ANDA à favoriser la croissance et la durabilité de l’industrie aquacole dans les régions du sud, en offrant un appui essentiel aux acteurs du secteur, tout en contribuant à une exploitation plus efficace des ressources aquacoles de la région. Et pour répondre aux besoins des activités annexes aux fermes aquacoles, plusieurs démarches de concertation ont été engagées par l’ANDA avec les acteurs locaux afin d’arrêter la cartographie des espaces terrestres dédiés à la mise en place des installations à terre.

L’ANDA a initié des projets d’aménagement et de viabilisation du foncier au niveau des zones à fort potentiel aquacole et abritant un nombre important de projets, à savoir les zones de Boutalha et de Cintra Nord, situées dans la région de Dakhla-Oued Eddahab. Parmi ces projets en cours d’installation, nous citons le projet d’aménagement de la falaise de Boutalha, l’élaboration du plan d’aménagement au niveau de la zone de Boutalha et le projet de viabilisation de la zone de Cintra Nord. Il consiste à aménager le lotissement à terre dédié à l’aquaculture dans la zone nord de Cintra, en vue d’obtenir des lots de terrains viabilisés, permettant l’installation des bases à terre abritant les activités annexes aux fermes aquacoles et le projet de mise en place des infrastructures d’accostage des fermes aquacoles au niveau de la baie de Dakhla. Celui-ci est destiné au chargement et au déchargement des navires, dans le cadre des différentes opérations d’installation, d’entretien des structures d’élevage ou de culture et de récolte des produits.

Yassine Saber / Les Inspirations ÉCO


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