Maroc

Mbarka Bouaida: “Les Provinces du sud s’affirment comme un pôle de développement dynamique”

Dans cet entretien, Mbarka Bouaida a mis l’accent sur la dynamique enclenchée par le Nouveau modèle de développement des Provinces du sud, porteuse de croissance économique, ainsi que sur les rôles que peuvent jouer les Conseils régionaux pour mieux consolider cette dynamique.

Depuis le 6 novembre 2015, les Provinces du sud se sont dotées d’un Nouveau modèle de développement. Plus de huit ans après la mise en œuvre de ce programme, quel regard portez-vous sur cette feuille de route royale ?
Sous le leadership royal, les Provinces du sud ont connu une transformation majeure, s’affirmant non seulement comme une part intégrante de la marocanité reconnue à l’échelle mondiale, mais aussi comme un exemple de développement humain, culturel, et économique pour l’Afrique tout entière. Cette vision a pris une nouvelle ampleur avec le lancement, le 6 novembre 2015, du Nouveau modèle de développement des Provinces du sud (NMDPS). Allant bien au-delà de simples projets d’infrastructure, cette initiative a façonné le visage même de ces provinces, les propulsant en tant que moteurs de développement à différentes échelles, qu’elles soient locale, régionale ou continentale.

Au cœur de ce modèle, plusieurs piliers se démarquent. Il se concentre sur la mise en place d’une dynamique durable, axée sur la croissance et la création d’emplois, et met l’accent sur la participation active des citoyens. La vision du NMDPS repose également sur un équilibre entre croissance économique, aménagement durable, protection environnementale et valorisation culturelle, garantissant que les richesses générées dans la région bénéficient véritablement à ses habitants. L’une des transformations majeures introduites par le NMDPS est le passage d’une gouvernance centralisée, à une gouvernance de proximité. Cette nouvelle approche valorise davantage les principes du droit, la participation citoyenne, et une vision de développement durable et inclusif.

De plus, elle promeut la transition vers une économie transparente et compétitive, où l’initiative privée est encouragée. Sur le plan social, l’assistanat a été progressivement remplacé par une politique de filets sociaux plus ciblée, tout en mettant un accent particulier sur la préservation et la mise en valeur du patrimoine culturel Hassani. Aujourd’hui, on peut dire que grâce à la vision stratégique de Sa Majesté le Roi, ces provinces s’affirment comme un pôle de développement dynamique, durable et inclusif, reflétant les aspirations et les espoirs de leurs habitants.

Aujourd’hui, bien que les Provinces du sud soient considérées comme des régions à faibles contributions, elles affichent les trajectoires les plus dynamiques avec des taux de croissance plus élevés que la moyenne nationale (+2,8%). Quels sont les facteurs qui contribuent à cette dynamique ?
La dynamique économique croissante de ces provinces est le fruit d’une vision souveraine bien conçue et de plusieurs décennies d’investissements ciblés. Bien que traditionnellement considérées comme des régions à contributions marginales, ces provinces ont démontré une résilience et une capacité à croître au-delà des attentes, avec des taux de croissance surpassant la moyenne nationale. Tout d’abord, la mise en place et l’amélioration continue des infrastructures ont joué un rôle prépondérant. La voie express Tiznit-Dakhla et la construction d’un nouveau port atlantique dans la même ville, en sont de parfaits exemples.

Ensuite, la vision stratégique du pays s’est traduite par la création de pôles de compétitivité. Que ce soit le pôle halieutique de Dakhla, qui a vu une contribution massive à la production nationale, ou le pôle industriel de Boucrâa, axé sur l’exploitation des phosphates, ces initiatives ont dynamisé l’économie locale. Sans oublier les pôles agricole et touristique qui, respectivement, exploitent le potentiel agronomique de la région et capitalisent sur ses richesses naturelles pour attirer les visiteurs. La valorisation des ressources naturelles a également joué un rôle essentiel. La région, riche en ressources halieutiques et en phosphates, a vu une exploitation et une valorisation accrues, conduisant à une croissance économique significative. Malgré leur faible densité, les provinces du Sud ont su maximiser leur contribution au PIB national.

La contribution impressionnante de la région GON en est un témoignage éloquent avec une contribution de 1,5% au PIB national pour 1,2% de la population. Les énergies renouvelables, incarnées par des projets comme le parc d’Akhfennir, ont apporté une nouvelle dimension à la croissance de la région. L’introduction d’unités de dessalement d’eau, dont certaines fonctionnent grâce aux énergies renouvelables, montre l’engagement du Maroc des régions envers un développement durable. L’aspect humain n’est pas en reste. L’engagement et la participation actifs des résidents locaux ont été le pilier du changement. Ils ont été les protagonistes de cette métamorphose, adoptant et portant à bout de bras les initiatives de développement. En somme, la transformation économique de ces provinces est un témoignage du potentiel inhérent à la région, exploité avec vision et détermination. C’est un exemple lumineux de progrès, illustrant ce qui est possible lorsque vision, planification et engagement s’allient harmonieusement.

Les potentialités que recèlent les Provinces du sud, y compris la région de Guelmim-Oued Noun, offrent plusieurs gisements de croissance. Quel rôle pour les régions afin de mettre en avant ces potentialités dans le cadre des PDR ?
Les Provinces du sud, notamment la région de Guelmim-Oued Noun, se caractérisent par une richesse en potentialités diversifiées qui se présentent comme autant de leviers de croissance. La valorisation de ces potentialités est essentielle pour assurer un développement socio-économique durable de ces territoires. Dans ce contexte, les Programmes de développement régional (PDR) offrent un cadre stratégique pour piloter cette dynamique. Le rôle des régions est central.

En tant que garantes de la mise en œuvre des PDR, elles possèdent une connaissance fine des ressources, besoins et aspirations de leurs territoires. Ainsi, elles sont mieux placées pour identifier et valoriser les potentialités existantes, qu’elles soient naturelles, culturelles ou économiques. Cette valorisation passe notamment par l’élaboration de stratégies adaptées à chaque contexte régional. Plutôt que d’adopter une approche uniforme, il est indispensable d’opter pour des solutions taillées sur mesure pour répondre aux spécificités de chaque région. La collaboration entre le secteur public et le secteur privé est également un élément clé pour le succès de cette dynamique. L’investissement privé, encouragé par des mécanismes d’incitation innovants, peut jouer un rôle moteur dans le développement de projets structurants.

De plus, la formation, adaptée aux besoins des industries et secteurs locaux, est un pilier essentiel pour assurer un développement harmonieux. Elle permet d’aligner les compétences disponibles avec les besoins réels des entreprises et des secteurs d’activité en croissance. L’administration régionale a également un rôle crucial à jouer. Une administration efficace, réactive et moderne est le gage d’une mise en œuvre réussie des projets, et donc d’une valorisation optimale des potentialités régionales. Enfin, un suivi rigoureux des initiatives entreprises et une évaluation périodique de leurs impacts sont essentiels pour assurer l’efficacité et la pertinence des actions menées dans le cadre des PDR. En conclusion, les Conseils régionaux, grâce à leur proximité avec le terrain et leur connaissance fine des enjeux locaux, sont les acteurs clés pour valoriser les potentialités de leurs territoires, en collaboration étroite avec l’ensemble des partenaires concernés.

Actuellement, la région GON contribue à hauteur de 1,5% au PIB national pour 1,2% de la population. Quelles sont les perspectives qu’offre l’achèvement de la voie express Tiznit-Dakhla à la région de GON en particulier, en tant que porte du Sahara, ainsi qu’aux autres provinces du Sud ?
L’inauguration de la voie express Tiznit-Dakhla n’est pas qu’une simple réalisation infrastructurelle, c’est une transformation profonde qui propulse la région de Guelmim-Oued Noun à un carrefour stratégique. En renforçant son rôle de passerelle entre le nord et le sud du Royaume, et au-delà, vers l’Afrique, elle redéfinit son potentiel en matière de commerce, de tourisme et d’échanges culturels.

En alignant cette infrastructure sur notre vision stratégique pour 2035, nous ne nous limitons pas à une croissance économique. Nous envisageons un développement holistique, intégrant infrastructure, éducation, santé, et mettant un accent particulier sur la transition énergétique. Notre aspiration à tripler le PIB régional est couplée à l’ambition de faire de Guelmim-Oued Noun un acteur prépondérant dans les énergies renouvelables avec une neutralité carbone. Avec un investissement de 11,9 milliards de dirhams pour le PDR, dont une contribution régionale de 4 milliards, nous sommes en marche pour réaliser 28 projets et 50 programmes diversifiés. De l’économie bleue à l’éducation, en passant par l’agriculture durable et l’écotourisme, notre vision englobe un spectre large d’initiatives. Notre initiative interne, la «GON H2 Valley», incarne notre dévouement envers une régionalisation progressive et coopérative, adaptant la région aux souhaits et exigences de ses acteurs locaux.

Yassine Saber / Les Inspirations ÉCO


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