Séisme d’Al-Haouz : La réponse marocaine aux divagations maladives
Par Samir Chaouki
En ces temps de deuil, les Marocains ont encore une fois fait preuve de solidarité indéfectible, répondant ainsi aux hallucinations outre-Méditerranée de la plus belle manière.
Le Royaume du Maroc, endeuillé depuis trois jours, essaye de surmonter l’effet de surprise et le coup de massue subi de plein fouet. Les opérations de sauvetage s’améliorent, les aides s’organisent et la solidarité populaire bat son plein. Il y a bien sûr quelques couacs et certainement du retard. Le pays n’étant pas habitué, ni préparé, à de telles catastrophes naturelles. Mais la solidarité populaire se conjugue de façon extraordinaire avec l’action des pouvoirs publics.
Le sommet et la base dans la même tranchée
Feu Hassan II l’avait dit un jour : «Grâce à la solidarité de la population, des millions de Marocains, notamment les plus âgés, vivent dans la dignité». Et à chaque occasion, force est de constater que la générosité des Marocains est sans faille. On l’avait testée lors de la covid-19 et on l’observe dès le lendemain du séisme d’Al-Haouz. Des associations, des individus à titre personnel et des familles se sont mobilisés n’attendant ni directives ni recommandations.
L’instinct de solidarité étant inné chez le Marocain, on avait ainsi constaté une ruée vers les grandes surfaces dès samedi matin, et des caravanes de fortune sont parties vers les zones sinistrées apporter les besoins de première nécessité, notamment en produits alimentaires. Nous avons aussi constaté, sur les réseaux sociaux, des demandes insistantes pour ouvrir un compte de solidarité nationale. Demande à laquelle ont répondu les pouvoirs publics dès la fin de la réunion d’urgence présidée par le Roi ce samedi même.
L’engouement a été, et est toujours, sans précédent et tout le monde y a contribué, y compris des enfants de bas âge que nous avons vu remplir les cadis des grandes surfaces et les livrer dans les camions de certaines associations garés dans les parkings et prêts à prendre la route vers les zones sinistrées. Au même moment, les autorités locales et centrales, tous corps confondus, se déploient à plein régime afin de sauver des vies et éviter que le bilan s’alourdisse de façon catastrophique.
Dans ce contexte, il ne faut pas oublier la puissance de ce séisme jamais arrivé au Maroc. Le fait que des régions qui se situent à plus de 400 kilomètres de l’épicentre aient été touchées montre à quel point le coup était fatal. Il est donc normal que l’impact soit des plus durs et dévastateurs, et que seul cet énorme élan de solidarité en soit la consolation.
Denrées alimentaires, don de sang, cotisation au fonds de solidarité…, toutes ces opérations affichent un engouement exceptionnel. Une marque purement marocaine, où le peuple et le Roi sont sur la même ligne de front.
Aide internationale, l’efficacité d’abord
Sur le plan international, beaucoup de compassion et de propositions d’aide et de soutien, d’ailleurs officiellement louées par le Palais. Toutefois, c’est au niveau d’un seul pays que d’aucuns essayent de cultiver un certain amalgame, la France. Mais là il faudrait préciser qu’il s’agit de certains médias malintentionnés qui n’ont pas encore saisi le cours des événements en Afrique, et surtout n’ont pas encore réalisé que l’ère coloniale est définitivement révolue, et ce depuis plus de soixante ans.
Ainsi, quelques heures après le séisme, des chaînes télé enchaînaient des plateaux avec des dizaines «d’experts» et «consultants» avec un seul « mot d’ordre » : pourquoi le Maroc refuse l’aide française? Le Maroc est-il capable de répondre seul aux besoins post-catastrophe? Et de rapporter des déclarations de sinistrés, interprétés comme un ras-le-bol ou une déficience de la part des autorités publiques! Or, on était à moins de 24 heures du séisme et les secours commençaient à s’organiser au fur et à mesure.
Plusieurs pays avaient proposé leur aide logistique, et le Maroc a retenu les offres de l’Espagne, du Qatar, des Émirats et de la Grande Bretagne. C’est son choix, certainement dicté par des critères qui lui sont propres. Point barre. Le Royaume a confirmé qu’il fera appel à l’aide d’autres pays selon l’évolution de la situation sur le terrain.
C’est une question de souveraineté en de telles circonstances. Enfin, si les temps sont durs et la mobilisation est à son comble, le Maroc saura retenir des leçons de ses insuffisances et fera en sorte de les corriger. Le Maroc retiendra aussi les voix étrangères qui ont fait preuve de solidarité effective comme celles qui ont consolé le Royaume ne serait-ce que par le verbe, conjuguant affection et respect.
À cet égard, Jean-Luc Mélenchon a rappelé à l’ordre le système Macron sur un tweet clair, net et précis : «Les Marocains sont capables de faire face. Il faut se mettre à la disposition des autorités marocaines. Ni leçons, ni reproches. Solidarité sans condition. Respect et fraternité».