Gestion des chiens errants: la société civile livre ses recommandations
Occupant une place intermédiaire entre l’état sauvage et l’état domestique, le chien errant est un fardeau pour la ville moderne, qui aspire à être une cité propre, organisée et fondée sur l’idéal hygiéniste.
Ces animaux semi-sauvages, laissés-pour-compte, peuvent annihiler la paisibilité d’un quartier, créant une nuisance sonore par leur aboiement, défèquent dans la rue et peuvent manifester une agressivité envers l’homme.
Dans ce sens, l’action des autorités locales à travers le Royaume, s’inscrit dans un constant effort pour protéger la santé et la sécurité des citoyens, notamment à travers le lancement de campagnes pour capturer les chiens errants et les vacciner contre la rage.
S’agissant à juste titre de la rage, l’Organisation mondiale de la santé (OMS), fait savoir que cette maladie tue encore une personne toutes les 9 minutes, à travers le monde, et près de la moitié des décès concernent des enfants.
Le président de la société protectrice des animaux du Maroc et coordinateur du Collectif des associations de protection animale, Ali Izddine relève qu’à ce jour, aucune étude scientifique n’a été menée au Maroc sur la population canine en état de divagation, précisant que la lutte contre la prolifération des chiens errants ne peut en aucun cas être menée par la pratique de l’abattage, mettant à mal à la fois le bien-être animal et les écosystèmes.
“Les pays ayant adopté une approche consistant à abattre l’animal, ont essuyé un échec dans la gestion de la population canine en liberté, alors que ceux qui ont mis en œuvre des programmes comme le TNVR (NDLR: acronyme de Trap, Neuter, Vaccinate, Return -capturer, stériliser, vacciner, relâcher-) ont pu réussir”, a-t-il expliqué.
Faisant face à cette réalité, poursuit-il, les acteurs associatifs œuvrant dans la protection animalière, exhortent à adopter des mesures se basant sur la méthode TNVR, mettant en avant l’importance de sensibiliser les citoyens sur les programmes déployés par les autorités pour renforcer la gestion de la population canine, ainsi que sur la nécessité d’adopter un comportement adéquat devant un chien errant pour éviter toute attaque.
Le coordinateur du Collectif des associations de protection animale du Maroc, a en outre appelé à construire plus de refuges pour accueillir un plus grand nombre de chiens errants, mobiliser les vétérinaires et permettre aux associations de protection des animaux de jouer un rôle prépondérant à cet effet.
Les Bureaux municipaux d’hygiène (BMH) sont au cœur de cette bataille, en mettant à disposition un personnel qualifié ainsi que des véhicules dédiés au ramassage de la population canine.
“Le BMH attrape les chiens errants, qui rôdent près des zones habitées. Une opération qui s’avère être un véritable défi”, a déclaré à la MAP, le docteur Saïd Britel, médecin au BMH de Kénitra et coordonnateur de la commission provinciale des veilles sanitaires.
“Ces chiens sont confiés soit à des associations œuvrant dans la protection animalière ou déposés dans une fourrière communale chargée de les soigner, de les nourrir et de les héberger”, a-t-il ajouté.
S’agissant de la question de l’abattage des chiens errants qui ne cesse de secouer l’opinion publique, M. Britel a assuré qu’au Maroc, la pratique de l’abattage n’est plus de mise, sauf dans les cas de chiens enragés, par l’entremise de l’euthanasie avec des méthodes sanitaires limitant sa souffrance et son stress.
En effet, les Centres pour le contrôle et la prévention des maladies américains (Centers for Disease Control and Prevention, CDC) recommandent d’euthanasier l’animal qui développe des signes évocateurs de rage, par un professionnel de la santé animale.
Au sujet du contrôle des populations des chiens errants, le médecin au BMH révèle que près de 23.000 chiens rôdent dans les rues de Kénitra, alors que quotidiennement entre 10 à 11 sont capturés.
Dans ce cadre, poursuit-il, un programme déterminant les zones d’interventions pour renforcer la gestion des chiens errants est mis en place par le directeur du BMH et est rigoureusement suivi.
Selon ce professionnel de la santé animale, la question des chiens errants est une problématique complexe qui nécessite une action intersectorielle.
“Une campagne nationale doit être menée à cet égard en impliquant les associations, les vétérinaires, les citoyens et les autorités locales, qui chacun de son côté peut contribuer à résoudre cette problématique et limiter significativement l’abandon des chiens dans les rues”, a-t-il affirmé.
S.L.