Ce qu’il faut savoir sur les bovins importés du Brésil au Maroc
Importés du Brésil pour répondre à la forte demande en viande rouge, les bovins de la race Nélore peinent à trouver preneurs chez les consommateurs marocains, habitués à la viande rouge nationale.
Une viande qui passe mal. Depuis l’arrivée des bovins brésiliens sur le marché national, le débat autour de cette viande fait rage au Maroc. Au fur et à mesure que les autorités multiplient les sorties pour tenter de rassurer les consommateurs sur la qualité du produit en question, la suspicion se répand parmi la population. Si, pour l’heure, aucun incident lié à la consommation des bovins d’importation brésilienne n’a été signalé, la méfiance persiste et les réactions sont nombreuses sur les réseaux sociaux.
Pour certains, habitués à consommer une viande 100% made in Morocco, les bovins importés du Brésil seraient bourrés de pesticides. Pour d’autres, ils ne sont ni réglementés ni contrôlés par les services habilités de l’État au niveau des frontières. Les bœufs de la famille Nélore font l’objet d’autres reproches liés à leur race.
Des exonérations pour rien
C’est pourtant une race de boucherie propre à la consommation, mais peu connue au Maroc, rassure Bouazza Kharrati, président de la Fédération marocaine des droits du consommateur. Pour le consumériste et spécialiste de la santé animale, la race Nélore est le fruit d’un croisement réussi entre la vache brahmane (originaire d’Inde) et une race autochtone brésilienne. La race brahmane est elle-même issue de l’ongole, descendante du zébu (bovin à bosse).
«Ce type de bovins diffère beaucoup des races européennes qui sont sensibles à la chaleur et aux insectes. La Nélore, quant à elle, résiste et s’adapte aux conditions climatiques et, par conséquent, aux régimes alimentaires faibles», soutient Bouazza Kherrati.
Pour ce qui est de la qualité de la viande, cette race «donne une viande moins grasse que les races européennes qui sont toujours décimées en Afrique par les maladies parasitaires telles que la piroplasmose et la babésiose, entre autres», ajoute le vétérinaire. Notre interlocuteur note que «la viande bovine reste une viande comme une autre, et le contrôle des services vétérinaires de l’ONSSA en assure la salubrité».
Pour ce qui est du goût, «personnellement, je n’ai ressenti aucune différence, un steak reste un steak et il n’y a que la manière de le cuire qui puisse le différencier. C’est une viande moins grasse et qui ressemble à celle de nos races bovines locales», souligne l’ex-enseignant à l’IAV Hassan II, rappelant que le Maroc importe des bovins européens depuis 1972 et n’a jamais obtenu une race améliorée adaptée à son climat.
Pour Bouazza Kherrati, ex-cadre de l’ONSSA, «cette polémique est créée par les bouchers eux-mêmes qui préfèrent vendre leurs propres produits engraissés». Le consumériste déplore que «les importateurs gardent les animaux importés», ce qui constitue, selon lui, une atteinte à la politique du gouvernement de subvenir aux besoins des consommateurs en protéines d’origine animale.
Dans ce cadre, insiste Kharrati, «notre fédération appelle le gouvernement à faire payer les taxes et impôts exonérés aux récalcitrants à l’abattage des bovins importés dans une période courte déterminée». Rappelons qu’après avoir procédé à la suppression du poids minimum des bovins domestiques importés et destinés à l’abattage (une mesure entrée en vigueur le 30 janvier 2023), l’Exécutif a suspendu la TVA à l’importation des bovins.
Cette disposition, qui a pris effet le 3 février 2023, couvrira la période allant jusqu’au 31 décembre. Le bénéfice de cet avantage est subordonné à la production de la Demande de franchise douanière (DFD) délivrée par le ministère du Commerce dans le cadre du bénéfice de la suspension de la perception du droit d’importation précité. Une mesure qui coûte de l’argent au contribuable alors que les résultats escomptés sont menacés par la non-collaboration de certains professionnels, regrettent les défenseurs des droits des consommateurs.