Après leur rencontre avec le ministre de tutelle, jugée non concluante, les centrales syndicales des pharmaciens décident de maintenir la grève du 13 avril. Le «manque d’implication» du département de la Santé accentue l’ire des professionnels au point qu’un nouveau programme d’actions est déjà dans le pipe.
Les pharmaciens disent niet à l’annulation de la grève du 13 avril ! Après concertation avec les différents représentants des centrales syndicales, ces dernières ont décidé donc de la maintenir. À l’issue de la rencontre qui s’est tenue la veille avec Khalid Ait Taleb, ministre de la Santé, les centrales syndicales se sont concertées, vendredi dernier, afin de discuter des prochaines étapes à entamer dans leur combat pour restructurer la profession qui serait régie par des lois devenues caduques. D’où le projet de loi relatif à l’Ordre national des pharmaciens, lequel a été élaboré et adopté par le Conseil du gouvernement, mais peine à être introduit dans le circuit législatif depuis plus d’un an.
D’ailleurs, ce volet est fortement décrié par les pharmaciens et figure dans une liste de revendications au demeurant assez longue. Ledit projet de loi est censé tracer le cadre d’une organisation structurelle des différents conseils. Rappelons que les élections du Conseil national de l’Ordre des pharmaciens n’ont pas eu lieu depuis 2017.
Statu quo
Toutefois, à en croire les professionnels, la rencontre tant attendue avec le ministre de la Santé et les représentants des centrales syndicales n’a pas eu l’effet escompté. «Certes, nous avons longuement discuté avec le ministre qui nous a écouté, mais au final, il n’y a rien de concret dans les échanges que nous avons eus», s’indigne Mohamed Lahbabi, président de la Confédération nationale des syndicats des pharmaciens du Maroc. En effet, les professionnels du secteur affirment ne pas avoir senti l’implication du département de tutelle dans les réclamations formulées au ministre, surtout que le dialogue avec les pharmaciens a été interrompu depuis plusieurs années. Les discussions entre syndicats ont également abouti à la décision de revoir l’agenda de grève dans le cas où la tutelle interagirait dans les prochains jours.
En effet, il est prévu que les pharmaciens entament une autre grève de deux jours consécutifs. À ce sujet, il a été convenu que le Conseil national des pharmaciens se réunisse derechef avec les centrales syndicales, après la grève du 13 avril, afin de définir un programme d’interventions et les nouvelles actions à entreprendre pour porter leurs voix. D’ailleurs, les pharmaciens, qui ne comptent pas plier l’échine, se disent prêts à mener toutes les tentatives. «Nous sommes prêts à revoir la liste revendicative des pharmaciens à condition que la tutelle fasse montre de bonne foi. À ce moment-là, on peut se mettre d’accord. Or, pour l’heure, il n’y a aucun signe positif vu que le projet de loi a été retiré avant même de poursuivre son chemin législatif, sous prétexte qu’il s’agit d’une décision gouvernementale. Cela nécessite une volonté politique pour y parvenir», précise-t-on auprès des centrales syndicales.
Pour les pharmaciens, il est prioritaire de définir leurs nouvelles missions, à l’instar d’autres pays, ou encore d’interdire la vente de médicaments ambulatoires. Quant à la marge des pharmaciens, principal objet de polémique, en dehors de la réforme du secteur, ces derniers protestent contre les prérequis et indiquent que la marge actuelle de 8% ne leur permet pas de couvrir les charges d’exploitation, à telle enseigne que ce sont près de 3.000 officines qui sont menacées de mettre la clé sous le paillasson.
Certaines d’entre elles ont même tenté de diversifier leurs produits ou encore de se constituer en coopératives. La tenue des élections du Conseil de l‘Ordre des pharmaciens est une autre paire de manches. Pour les pharmaciens, il s’agit d’un problème organisationnel, et bon nombre de professionnels étaient dans l’attente de l’approbation du projet de loi en cours avant d’actionner les élections. Il faut noter que ce volet a été également évoqué lors de la réunion avec le ministre.