Juifs marocains : quel rôle dans l’enrichissement de la mémoire collective nationale ? (VIDEO)
La ville de Tétouan a abrité, mercredi, le 1er forum national sur « Le rôle des juifs marocains dans l’enrichissement de la mémoire collective nationale ».
Ce Forum, qui s’est tenu en présence notamment du Conseiller du Roi et Président fondateur de l’Association Essaouira-Mogador, André Azoulay, du gouverneur de la province de Tétouan, Younes Tazi, d’élus et d’académiciens, a abordé les contributions des Juifs du Maroc en général, et de Tétouan en particulier, à l’enrichissement de la mémoire collective nationale et à la construction de l’identité marocaine.
Cette rencontre a été marquée par le lancement du Centre d’études et de recherches sur l’histoire des Juifs de Tétouan, la signature d’une convention de partenariat pour la conservation des documents des juifs de Tétouan et l’inauguration de la galerie de la mémoire documentaire à l’ancien siège de la commune de Tétouan, qui présente des documents rares sur l’histoire des Juifs de la ville.
S’exprimant à cette occasion, M. Azoulay a mis l’accent sur la symbolique de la tenue de cette rencontre à Tétouan, à l’occasion de la commémoration de la présentation du Manifeste de l’Indépendance, notant que les Tétouanais ont joué un rôle central et déterminant dans la lutte pour l’indépendance et la souveraineté nationale et parachever l’intégrité territoriale du Royaume.
« Tétouan, qui m’a apporté et continue à m’apporter beaucoup de joie et de plaisir, a été aussi un espace qui a su faire converger l’essentiel de ses traditions », a-t-il ajouté, mettant en avant la place importante qu’a occupée la communauté marocaine de confession juive dans la ville.
Le Conseiller du roi Mohammed VI a mis l’accent sur cette réalité marocaine qui est celle de se référer à la légitimité, la profondeur et la richesse de ce qu’a été dans notre pays pendant des siècles la relation entre l’islam et le judaïsme, notant que le Maroc incarne une force et une capacité de vivre ensemble.
Par ailleurs, Azoulay a souligné que le Centre de recherches et d’études sur l’histoire des juifs du Nord du Maroc, et notamment de la ville de Tétouan, qui vient d’être lancé, est le fruit d’un partenariat entre le Conseil municipal, l’Association Essaouira-Mogador et Bayt Dakira à Essaouira, relevant que cette initiative est la première du genre au niveau national.
Dans une déclaration à M24, la chaine d’information en continu de la MAP, le Conseiller de Sa Majesté le Roi s’est dit heureux d’amorcer ce partenariat à Tétouan, qui vient consacrer la coopération inter-régionale dans ce domaine, saluant l’engagement et la mobilisation de la société civile, de l’Université Abdelmalek Essaâdi (UAE) et du Conseil municipal pour mettre en marche cette volonté de réappropriation et de sauvegarde de l’histoire du judaïsme à Tétouan.
M. Azoulay a fait savoir qu’environ 1.200 pièces d’archives, qui ont été trouvées par le Conseil municipal et qui témoignent de ce qu’a été la vie du judaïsme marocain à Tétouan depuis le début du siècle (20è siècle) jusqu’aux années 50, seront étudiées, notant qu’il s’agit d’une recherche scientifique sur les archives, dont les résultats seront intégrés dans les programmes d’enseignement au niveau de toutes les régions.
Pour sa part, le président fondateur du Centre d’études et de recherches sur le droit hébraïque, Abdellah Ouzitane, a indiqué que l’organisation de ce forum vise à institutionnaliser la dynamique de préservation du patrimoine juif à Tétouan, une ville ouverte au monde, appelant à poursuivre cette dynamique à l’avenir, notamment après le lancement du Centre d’études sur les Juifs de Tétouan, et à créer des centres similaires dans les autres villes du Royaume.
Il a, à cet égard, évoqué les contributions du Centre d’études et de recherches sur le droit hébraïque dans les projets de mise en œuvre d’initiatives et de projets qui incarnent le vivre-ensemble et l’acceptation de la différence, des valeurs prônées par le Maroc, sous la conduite éclairée du roi Mohammed VI.
De son côté, le président de la commune de Tétouan, Mustapha El Bakkouri, a noté que ce forum constitue l’occasion de mettre en lumière les contributions des Juifs dans l’histoire de la ville de Tétouan, qui a été reconstruite par les musulmans et les juifs expulsés d’Andalousie, soulignant que les Juifs constituaient autrefois environ un tiers de la population de la ville et contribuaient à gérer ses affaires locales, dans un environnement empreint de coexistence et d’harmonie avec les musulmans, et à forger l’identité de la ville dans différents domaines.
Il a assuré que la ville de Tétouan œuvre, à travers ce forum et d’autres initiatives, à contribuer à promouvoir la consécration de l’affluent hébraïque comme une partie intégrante de l’identité nationale, notant que Tétouan a toujours été, et est toujours, un lieu de rencontres, d’échanges et de métissage des cultures.
Quant au président exécutif du centre d’études et de recherches sur le droit hébraïque au Maroc et directeur de la Chaire droit hébraïque de l’université Mohammed V à Rabat, Farid El Bacha, il a relevé que « la création du Centre d’études et de recherches sur le droit hébraïque à Essaouira en 2018 nous a permis de dire au monde, qu’au Maroc il y a des juges hébreux qui appliquent la loi hébraïque aux juifs marocains, et rendent des jugements au nom de SM le Roi aux côtés des juges musulmans », soulignant qu’ »il s’agit d’un cas singulier, qui reflète l’identité plurielle du Maroc, et il est de notre responsabilité de le faire connaître ».
Il s’est également arrêté sur le rôle de la société civile et de l’université dans la défense et la sensibilisation à l’importance des valeurs universelles et de coexistence, et leur contribution à la promotion de la dynamique régionale que connaît le Maroc.
De son côté, le président de la Fédération séfarade du Canada et vice-président de la fédération séfarade mondiale, Avraham El Arar, a salué les efforts déployés par le Maroc en général, et la ville de Tétouan en particulier, pour mettre en lumière l’histoire des juifs marocains, à travers des « initiatives sincères et tangibles », s’arrêtant sur un certain nombre de livres qui traitent de l’histoire des Juifs au Maroc et de l’attention particulière qui leur a été accordée par les rois et les sultans du Maroc.
Ce forum, organisé par la commune de Tétouan et l’Université Abdelmalek Essaâdi (UAE), avec le soutien de la préfecture de Tétouan, a été marqué également par la signature d’une convention de partenariat entre l’UAE, l’Association Essaouira-Mogador, le Centre d’études et de recherches sur le droit hébraïque, et le représentant de la communauté juive de Tétouan, visant à encourager la recherche sur l’histoire des Juifs de la région du Nord.