Un think tank américain analyse l’exploit des Lions de l’Atlas
Le parcours des Lions de l’Atlas lors de la Coupe du monde de football au Qatar « est plus qu’un simple exploit sportif », souligne le think tank américain Atlantic Council, notant qu’il s’agit « d’un bouleversement dans la culture du football ».
L’exploit de la sélection nationale marocaine, qui a atteint les demi-finales du tournoi, est « un bouleversement dans la culture du football, » particulièrement pour les Africains, les Arabes et les musulmans du monde entier et « une revanche historique pour les rêveurs de tous les pays du sud », affirme le think tank dans une analyse publiée sur son site internet.
Le Mondial au Qatar « a reconfiguré les rites de l’événement et dicté de nouvelles normes en phase avec ses valeurs arabes et islamiques », souligne l’article, relevant que le Maroc, « avait également quelques leçons à transmettre ».
« Les images de joueurs se prosternant pour prier après chaque match, la célébration de la solidarité familiale avec des joueurs embrassant leurs parents et l’agitation du drapeau palestinien à chaque photo commémorative sont autant d’actes de défi à une culture du football essentiellement centrée sur l’Occident et attestent d’une plus grande diversité et d’un ensemble inclusif de symboles qui sont épistémologiquement différents de l’univers glamour habituel de la Coupe du monde, » affirme le groupe de réflexion américain.
« De même, les fans de l’équipe ont adopté une nouvelle devise inspirée de l’enseignement religieux avec l’expression arabe « faire confiance à Dieu » (Dirou niya), qui a été largement utilisée sur les réseaux sociaux, même par le nouvel ambassadeur des États-Unis au Maroc, Puneet Talwar », ajoute la même source.
Les victoires des Lions de l’Atlas « ont été largement saluées par d’autres pays du Sud, notamment ceux qui voient la résilience et la combativité de l’équipe marocaine comme le reflet de leur propre combat, » affirme le think tank américain.
« Les supporters à travers le continent africain et les mondes arabe et musulman se sont spontanément alliés derrière les Lions de l’Atlas au mépris de leurs anciens colonisateurs espagnols, portugais, belges, français et britanniques », ajoute la même source.
« Métaphoriquement, chaque victoire a brisé les vieux complexes impérialistes selon lesquels les entraîneurs et les équipes européennes sont intrinsèquement supérieurs », poursuit l’institut américain.
« Pour les pays arabes en particulier, un nouveau sentiment panarabe est né et a effacé des décennies de mentalité défaitiste », relève l’Atlantic Council.
« Pour le pays hôte, les victoires du Maroc sont, par extension, la continuation et la canalisation des rêves qataris dans la compétition et un appel à tous les Arabes de continuer à rêver », souligne la même source, qui rappelle que l’émir du Qatar a fortement encouragé le Maroc en agitant le drapeau du Royaume lors de son match contre le Portugal.
À la suite de la qualification des Lions de l’Atlas pour les demi-finales, « des millions de jeunes et d’enfants arabes ont redéfini leurs idoles du football après la vue surréaliste du Portugais Cristiano Ronaldo quittant le terrain en pleurant et se sont trouvés de nouveaux héros », note le think tank américain, ajoutant que ces jeunes « se sont plus identifiés à des joueurs comme Hakim Ziyech, Achraf Hakimi et Yassine Bounou ».
« L’histoire des joueurs marocains est aussi celle des émigrés de la première et de la deuxième génération qui ont vécu des expériences mitigées d’intégration en Europe, où beaucoup sont nés et ont grandi », relève la même source.
« Cela pointe vers une histoire plus large de la façon dont l’Europe a peut-être fourni l’investissement que ces athlètes n’ont pas trouvé ‘chez eux’, mais n’a finalement pas réussi à établir un véritable lien avec leur pays de naissance qui a souvent été la source de discrimination et de mauvais traitements pour leurs communautés d’émigrés nord-africains », note le think tank américain.
« Au final, quatorze joueurs sur vingt-six ont choisi de représenter les couleurs rouge et verte de leurs parents lors de la Coupe du monde, » explique la même source.
« Alors que l’ordre mondial commence à basculer vers la multipolarité, la Coupe du monde du Qatar et les triomphes symboliques consécutifs de l’équipe marocaine peuvent être considérés comme une illustration du changement des pouvoirs », estime la même source.
Au final, « l’hymne officiel de la Coupe du monde de la Fifa au Qatar «Dreamers», composé par le producteur maroco-suédois multi-primé aux Grammy Awards RedOne, incarne l’esprit avec lequel l’équipe marocaine – contre toute attente – a continué à battre les plus grands favoris comme le Portugal, l’Espagne et la Belgique et à progresser dans la compétition », relève le think tank américain.