Maroc

Chômage : au Maroc, 70 mesures en cours de déploiement

Si la reprise économique est une réalité au Maroc après trois ans de crise, les pertes d’emplois occasionnées par le Covid-19 restent encore une plaie ouverte, rapportent Les inspirations ECO. Face à la hausse du chômage et des inégalités, la formation, l’entrepreneuriat et l’insertion sociale et financière sont des leviers essentiels à une croissance durable. 

Parmi les 5,9 millions de jeunes âgés de 15 à 24 ans que compte le Maroc, 16,3% exercent un emploi (962.000), 7,6% sont à la recherche d’un emploi (448.000) alors que 76,1% sont en dehors du marché du travail (4.478.000). En parallèle, plus de 4 jeunes actifs occupés sur 10 exercent un emploi non rémunéré, les ruraux avec 58,8%, plus que les citadins (16,9%), les femmes (49,9%) et les hommes (39,7%).

En outre, 14% des jeunes actifs occupés exercent un emploi de type occasionnel ou saisonnier 16,7% parmi les hommes et 5% pour les femmes. Des chiffres qui renseignent sur la souffrance d’une partie de la population, et notamment les jeunes. Dès lors, et c’est peu de dire, il devient essentiel d’installer des leviers pour créer une croissance durable afin de mettre une partie des Marocains à l’abri du besoin dans ce contexte de manque d’opportunités et de méfiance post-Covid-19. A sa décharge, le gouvernement n’est pas resté les bras croisés. Près de trois ans après le début de la pandémie, plusieurs initiatives ont vu le jour pour faire face à la hausse du chômage et des inégalités. De plus en plus au Maroc, on parle de formation, d’entrepreneuriat et d’insertion sociale et financière.

250.000 emplois d’ici 2 ans
Depuis son lancement, le programme Awrach a créé 60.000 emplois, a rappelé Younès Sekkouri, ministre de l’Inclusion économique, de la petite entreprise, de l’emploi et des compétences, lors d’une intervention dans un webinaire organisé par la Chambre de commerce et d’industrie britannique sur «L’inclusion économique et financière : Entre disparité et leviers de croissance». Créé il y a 8 mois, le programme Awrach, destiné aux personnes ayant perdu leurs emplois durant la pandémie, est en bon chemin. Il vise la création de 250.000 emplois d’ici 2 ans. Mais l’inclusion économique est un sujet «complexe» qui touche «à la formation, à l’entrepreneuriat et au social», a rappelé Younes Sekkouri.

Au total, 70 mesures sont en cours de déploiement ou d’études. Parmi elles : un «Small Business For Jobs» destiné aux TPME, une révision du statut d’auto-entrepreneur ou encore une refonte de l’apprentissage. «Nous voulons créer une véritable école de la deuxième chance», a déclaré le ministre de tutelle. A cela s’ajoute un plan intégré mis en œuvre dans le cadre de l’accompagnement de la charte de l’investissement, et dont une partie est dédiée aux PME, notant que le dispositif sera complété par un cadre particulier lié aux transactions d’accès aux commandes publiques.

De son côté, Noureddine Benkalil, secrétaire général du ministère de l’Inclusion économique, a rappelé l’objectif du Nouveau modèle de développement : doubler le PIB par habitant d’ici 2035. «Cela se fera par plus d’insertion et donc davantage d’inclusion économique et financière». Parmi les outils en cours de déploiement : un système de gouvernance régionale et locale de l’inclusion économique ou encore la charte de l’investissement. Cette dernière va notamment jouer un rôle essentiel dans la réduction des disparités territoriales. «Des primes à l’investissement seront accordées à ceux qui investissent dans certains types de territoires», a affirmé Noureddine Benkhalil.

De son côté Asmae Hajjami, directeur général de Société Générale Maroc, a rappelé le rôle fondateur de la Stratégie nationale d’inclusion financière. Lancée en 2016, elle vise la réduction des disparités en termes d’accès et utilisation des services financiers. Parmi les leviers d’action : le digital. «La banque de demain sera résolument tournée vers le mobile pour devenir une banque data driver», a-t-elle déclaré. Enfin, Youssef Guerraoui Filali, président du Centre marocain de la gouvernance et du management, a appelé à revoir le statut des TPE et à faciliter davantage l’obtention de crédits pour des porteurs de projets.

Khadim Mbaye


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