Feux de forêt au Maroc: les dernières précisions d’un expert
Les incendies de forêt déclarés dans plusieurs forêts de la région du Nord seraient d’origine humaine, mais exacerbés par le changement climatique, a souligné l’expert en environnement, développement durable et changement climatique, Said Chakri.
Dans une interview accordée à la MAP, Chakri a précisé que les causes de ces feux de forêt peuvent être classées en deux catégories: les causes naturelles qui sont en fait rares et représentent moins de 5% des causes des incendies, et celles humaines liées au comportement irresponsable des humains, à l’indifférence ou la méconnaissance des dangers de certaines pratiques (mégots de cigarettes, allumage de feux dans les forêts pour cuisiner des repas, brûlage du couvert forestier pour exploitation agricole).
Concernant la propagation et l’intensité des incendies déclarés dans la région Tanger-Tétouan-Al Hoceima, l’expert a estimé que les pluies tardives qui sont tombées au cours des mois de mars et d’avril ont entraîné la croissance de l’herbe épaisse, tandis que les températures élevées enregistrées durant le mois de juin et le début de juillet ont provoqué le dessèchement des herbes, qui sont devenus très inflammables, et donc toute petite étincelle peut déclencher un grand incendie.
Il a ajouté que les vents forts qui ont soufflé dans la région ont compliqué la tâche des équipes d’intervention, en plus du déclenchement de cinq incendies distincts à des moments quasi simultanés, notant que le changement climatique est devenu une réalité, et les causes du déclenchement des incendies peuvent se poursuivre dans les années à venir, d’où la nécessité d’adopter une stratégie claire avec la mobilisation des moyens nécessaires pour lutter contre les feux de forêt.
Outre la destruction du couvert forestier, Chakri a affirmé que ces incendies portent atteinte à tout l’écosystème forestier, où il existe des communautés biologiquement intégrées d’animaux, de plantes et de micro-organismes formant la biocénose, et qui joue un rôle de premier plan dans la purification de l’air et la lutte contre le réchauffement climatique.
L’expert a, dans ce cadre, noté que la forêt joue également des rôles sociaux et économiques, puisqu’elle constitue une source de subsistance pour les ruraux, en leur offrant des espaces de pâturage pour nourrir le bétail, et de production de miel et de plantes aromatiques et médicinales, ajoutant « en perdant la forêt, on perd aussi cet équilibre environnemental et social.
« La pire conséquence des incendies de forêt est la destruction du couvert forestier qui met des décennies, voire des siècles, à se rétablir complètement », a-t-il fait savoir, relevant que l’écosystème forestier a besoin de plusieurs années pour se constituer, et un incendie peut détruire, en peu de temps, ce qui a été construit pendant des années.
Chakri a mis l’accent sur la responsabilité collective en matière de préservation de cette richesse nationale, notant que tout citoyen est responsable de la préservation de la forêt, que ce soit celui qui habite à côté ou qui est en contact permanent avec la nature, mais également le citoyen chargé d’édicter les lois qui protègent les forêts, le citoyen ingénieur et technicien chargé de sa préservation et sa mise à niveau, et le responsable qui met en place les politiques publiques de la forêt. « Le citoyen, quelle que soit sa position ou sa responsabilité, doit contribuer à la préservation de cette richesse. Nous devons sensibiliser les citoyens à l’importance d’une interaction positive avec les forêts et mettre en avant leurs rôles et services », a-t-il poursuivi, soulignant que le simple citoyen doit informer rapidement les autorités de tout incendie de forêt déclenché ou se porter volontaire pour l’éteindre, et le responsable doit promulguer des législations pour préserver les forêts.
« Nous pouvons éviter la perte de milliers d’hectares par an, grâce à la fédération des efforts de tous », a-t-il insisté, relevant que tous les intervenants doivent prendre en considération les nouvelles orientations dans lesquelles le Maroc s’est engagé, dans le cadre du nouveau modèle de développement et des accords internationaux, assurant que les ressources naturelles constituent la base d’un développement réel et durable, et les forêts sont au cœur du développement durable.
« Les forêts sont un patrimoine naturel et humain commun qu’il importe de préserver » et de transmettre aux générations futures, a-t-il conclu.
S.L. (avec MAP)