Lekjaa explique les raisons de la hausse des prix au Maroc
La hausse des prix à la consommation dans le monde et au Maroc est due à la conjoncture internationale actuelle, a affirmé, ce jeudi à Rabat, le ministre délégué chargé du budget, Fouzi Lekjaa.
S’exprimant lors d’un point de presse à l’issue du Conseil du gouvernement, Lekjaa a précisé que la hausse des prix de certains biens de consommation s’explique, principalement, par la reprise économique inattendue dans le monde et à l’augmentation continue des prix des céréales et des produits pétroliers sur le marché international.
Pour les céréales, a-t-il détaillé, les prix à l’international sont passés à 315 dollar/tonne, contre 290 dollars/tonne en 2021, soit une progression de 34% par rapport à une année normale. Et d’ajouter qu’en raison des conditions géopolitiques et de l’augmentation des prix de fret et du transport international, le prix d’un quintal de céréales sur le marché international s’est élevé à 340 dirhams en 2022, après 260 dirhams une année auparavant.
Au vu de ces circonstances, l’État a adopté une série de mesures, dont la première portant sur la suspension des droits de douane sur les importations de blé en deux périodes, de février au 15 mai 2021 et de novembre 2021 à avril prochain, a rappelé le ministre.
Sur une année normale, ces droits de douanes s’élèvent à 550 millions de dirhams (MDH), ce qui signifie que leur suspension entraîne des pertes du même montant, a relevé Lekjaa, ajoutant que cette mesure à elle seule est désormais « insuffisante ».
Le ministre a, en outre, souligné que sans l’intervention de l’Etat en matière de subvention des céréales importés, le prix d’un quintal aurait atteint les 340 dirhams, ce qui porterait à 350 dirhams le prix d’un quintal de la farine pour impacter à la hausse les prix de l’ensemble des produits à base de cette denrée.
L’Etat consacre, au titre d’une année normale, 1,3 milliard de dirhams (MMDH) pour la subvention de la farine qui se vend sur le marché à 200 dirhams le quintal, a-t-il fait savoir. En 2021, l’Etat a alloué 3,28 MMDH, ce qui correspond à une perte de 2 MMDH supplémentaires.
En 2022, et dans les conditions actuelles, sans évoquer les prochains développements, en particulier la crise russo-ukrainienne, Lekjaa a noté que la préservation des équilibres coûtera à l’Etat plus de 1,91 MMDH, en plus de 1,3 MMDH de la subvention de la farine.
L’Etat devrait ainsi allouer des crédits de 3,844 MMDH jusqu’à fin 2022. En ce qui concerne les produits pétroliers, le ministre a souligné que le prix du gaz butane est fixé sur le marché local à 3,33 dirhams le kilogramme (kg), notant que ce prix « n’a pas changé depuis 1990 », ce qui fait qu’une bouteille de gaz de 12 Kg se vend à 40 dirhams et celle de 3 kg à 10 dirhams.
Au niveau international, le prix du gaz butane est actuellement (de janvier à 14 février courant) de 854 dollars la tonne, alors qu’il était de 530 dollars la tonne en 2020 et de 509 dollars la tonne en 2021, soit une hausse de 60% par rapport à 2020 et 2021, en raison des tensions géopolitiques et des contraintes liées à la pandémie, a-t-il précisé.
Au Maroc, le prix réel d’une bouteille de gaz de 12 kg est de 130 dirhams, ce qui signifie que l’État subventionne chaque bouteille avec 90 dirhams, a expliqué le ministre, ajoutant que la charge globale de cette subvention est passé de 9 MMDH en 2020 à près de 14 MMDH en 2021, soit une augmentation de 60%.
S’agissant des produits pétroliers liquides, comme l’essence par exemple, son prix était d’environ 70 dollars en 2020, avant de grimper à 88 dollars en 2021 et 97 dollars en 2022, soit le prix le plus élevé depuis 2014, ce qui explique la hausse du carburant sur le marché national qui a franchi la barrière des 10 dirhams en novembre 2021 et 10,9 dirhams en février 2022.
Et de soutenir que la taxe sur les produits pétroliers au Maroc s’élève à 10%, contrairement aux pays voisins, où elle est de 20%, relevant que le poids des taxes dans la composition du prix de vente final est de 37% pour le gasoil et 47% du côté de l’essence, contre respectivement 53% et 62% dans plusieurs pays.