Covid-19: le Maroc n’est pas à l’abri d’une rechute, selon un expert
L’assouplissement progressif des mesures préventives anti-Covid-19 et l’ouverture conditionnée des frontières ne signifient pas que le virus a disparu, a mis en garde Tayeb Hamdi, médecin et chercheur en politiques et systèmes de santé.
Dans une analyse de la situation épidémiologique dans le Royaume, Dr. Hamdi a ajouté que ces mesures ne signifient pas non plus que les variants, découverts au Maroc, ont disparu, que le succès de la campagne nationale de vaccination a atteint tous ses objectifs et que le Royaume est à l’abri d’une rechute épidémiologique.
Il a également mis l’accent sur la nécessité de respecter les mesures préventives pour briser les chaînes de propagation du virus et de vacciner les groupes ciblés pour réduire les cas graves et les décès en dépit de la hausse légère mais contrôlée des infections parmi les autres groupes.
Après avoir rappelé l’ouverture des frontières pour les Marocains du monde et les touristes selon des conditions particulières, le chercheur a relevé que l’assouplissement des mesures restrictives approuvées par les autorités compétentes il y a plusieurs mois est devenu une réalité que les Marocains vivent aujourd’hui avec aisance, notant que ce processus n’est pas une « voie à sens unique » mais plutôt une étape qui pourrait faire l’objet d’une révision et d’une régression vers la rigueur si la situation épidémiologique évolue dans le mauvais sens.
Il ne s’agit pas non plus d’un processus accumulatif réussi en procédant à l’allégement des mesures préventives de manière progressive et en toute sécurité, a-t-il encore mis en garde.
Le virus se propage toujours au Maroc, a-t-il ajouté; soulignant la nécessité de son endiguement à travers les comportements individuels et collectifs alors même que les nouvelles souches et versions mutées constituent toujours une source de grande inquiétude et de danger.
La campagne de vaccination n’a pas encore permis d’atteindre l’immunité de masse, en dépit du succès du Royaume au niveau mondial en matière d’organisation d’une campagne de vaccination précoce, rapide, bien organisée et fluide, a fait observer M. Hamdi, estimant que la réalisation de l’immunité collective aux niveaux national et mondial et la fin de la pandémie nécessiteront encore plusieurs mois.
Cela est dû au ralentissement de la vaccination au niveau mondial, à l’augmentation de la pression sur les vaccins de la part des pays riches qui, en plus de leur acquisition de vaccins, ont commencé à vacciner les enfants, a-t-il précisé, notant que ces derniers procéderont par la suite à l’administration d’une troisième dose et de doses de rappel pour maintenir l’immunité des personnes vaccinées et la renforcer chez les groupes vulnérables face aux nouvelles souches.
Grâce à la campagne de vaccination, a ajouté Dr. Hamdi, le Royaume a pu immuniser et protéger les groupes les plus vulnérables contre le coronavirus, à savoir les personnes âgées et les personnes atteintes de maladies chroniques, affirmant toutefois que cette catégorie n’a pas été totalement vaccinée, soit par négligence, soit par tergiversation, ou en raison d’une fausse croyance selon laquelle elle ne peut pas contracter la maladie, ce qui la rend, en cas d’une rechute épidémique, plus vulnérable à l’infection et nécessite son admission en réanimation.
Et le chercheur de mettre l’accent sur l’importance de vacciner les citoyens âgés de trente à cinquante ans, notant que cette tranche d’âge, bien que moins vulnérable aux cas dangereux et aux décès, a un taux de mortalité inférieur à un décès pour mille infections.
En citant les conclusions d’une récente étude scientifique concernant le Covid-9, le chercheur a précisé que des études récentes ont démontré que le variant indien est devenu plus répandu que le mutant britannique lui-même de plus de 60%, ce qui représente une source de préoccupation pour le monde entier, sachant que le mutant britannique est plus répandu que la souche originale.
Et de relever qu’une étude récente menée par une équipe de l’Université d’Oxford avec une modélisation mathématique, sur les deux régions les plus performantes en matière de vaccination dans le monde, et publiée fin mai dernier, a montré que la levée des restrictions de voyage et l’entrée de nouveaux cas importés dans une région donnée pourraient relancer de nouveau l’épidémie même si le taux de vaccination de la population dépasse 60%.
L’étude a attribué cela à trois raisons principales, à savoir la possibilité de transmettre le virus même après la vaccination, la présence d’une population non vaccinée et l’émergence de souches plus aptes à se propager, sachant que le vaccin ne protège pas à 100 % de l’infection par le virus ou de la possibilité de sa transmission, malgré l’efficacité des vaccins dans la prévention des maladies et la prévention complète des cas dangereux et la réduction du risque d’infection, a expliqué Dr. Hamdi. Après avoir indiqué que l’épidémie peut se propager à nouveau avec l’entrée de nouveaux cas dans un premier temps et l’existence d’un environnement propice à la propagation du fait de l’absence de mesures barrières, l’étude a souligné que l’objectif ne consiste pas à interdire l’allégement des restrictions de voyage, mais plutôt à faire preuve de prudence chaque fois qu’elles sont assouplies afin de prévenir l’afflux de nouvelles infections et leur propagation, par des mesures visant à réduire la possibilité d’infiltration d’infections et de mutants et de leur propagation en respectant les mesures de précaution, en poursuivant les examens, l’isolement et le suivi sérieux des contacts abstraction faite des progrès de la vaccination à des taux très élevés.
Et le médecin et chercheur en politiques et systèmes de santé de souligner l’importance pour les citoyens de se faire vacciner, insistant sur la nécessité de vacciner le reste des professionnels (commerce, tourisme, transports…) qui sont en contact intense avec les citoyens, quel que soit leur âge, en attendant que toutes les personnes ciblées soient vaccinées pour assurer une immunité collective protectrice pour l’individu et la communauté.
Afin que le Maroc et les Marocains profitent d’un été en toute sécurité, il est de la responsabilité de chacun de respecter des mesures simples, gratuites et efficaces pour prévenir le coronavirus, a conclu Dr. Hamdi.
S.L. (avec MAP)