Don du sang: Casablanca manque de réserves
La région de Casablanca-Settat, qui compte plusieurs établissements hospitaliers, nécessite des centaines de poches de sang, au quotidien, afin de pouvoir répondre aux besoins d’une demande de plus en plus croissante de cette matière vitale.
Casablanca-Settat reste la plus grande région du Royaume, aussi bien par le nombre d’habitants que par son activité économique, alors que le nombre d’établissements sanitaires, toutes catégories confondues, ne cesse de croître (cliniques, CHU, Centres de dialyse, Centres oncologiques, Hôpitaux…).
Si chaque établissement ne demandait qu’un seul produit sanguin labile (PSL) par jour, le besoin serait de 600 donneurs par jour, alors que le chiffre moyen de donneurs dépasse rarement les 250 par jour entre donneurs volontaires et de compensation, comme l’explique Dr Hind Zejli, chef de service de promotion et coordination au Centre régional de transfusion sanguine (CRTS) de Casablanca.
Cette donne impacte directement le CRTS et impose une importante cadence, puisque le nombre d’établissements de santé dépasse largement les 600 dans toute la région, a-t-elle ajouté dans un entretien à la MAP.
Le besoin en PSL (Culots globulaires, plasma et plaquettes) impose un nombre de donneurs important chaque jour, et le chiffre se situe à un minimum de 400 donneurs quotidiennement pour arriver à satisfaire relativement les demandes en la matière, a fait savoir Zejli.
En revanche, les stocks de sang à Casablanca ne sont pas toujours stables, en raison de la rareté des donneurs, suite notamment à la pandémie du nouveau coronavirus (Covid-19) qui a imposé des restrictions de déplacements des citoyens de peur de contracter le virus.
En effet, la pandémie, qui n’arrangeait en rien la situation, a influencé négativement les collectes de sang, a-t-elle déploré, notant toutefois que grâce à un remarquable travail de la cellule de crise au sein du CRTS avec diverses associations et un bon nombre de ses partenaires, la crise a pu être endiguée, même si les malades Covid en réanimation qui s’ajoutent aux patients « usuels » de la transfusion sanguine font endurer la pénurie.
Autre point important, relève-t-elle, les périodes des fêtes, surtout religieuses et les grandes vacances, sont de réels points noirs pour notre centre, puisque l’afflux des donneurs se réduit fortement, alors que les demandes restent stables, voire enregistrent une légère hausse.
Sur le « stock » au CRTS de Casablanca, dit-elle, il est très difficile à obtenir et surtout à garder, vu les innombrables demandes journalières qui affluent de tous les établissements de santé de la région. La durée moyenne dépasse rarement 36 heures, vu l’activité accrue des cliniques.
A titre indicatif, pour être dans la zone verte, il faut, selon la responsable, 1200 poches pendant 3 jours, « autant dire que c’est utopique à Casablanca, quand 100 poches constituent le stock de sécurité mensuel dans quelques villes du Royaume ».
Et de souligner que la pénurie est devenue le maître-mot à Casablanca, en raison du nombre croissant de cliniques, des établissements de santé existants, du personnel en faction vieillissant et des fonctionnaires retraités non remplacés.
Les conditions de travail sont donc rendues très difficiles pour les personnels, vu les familles qu’envoient les cliniques pour récupérer les PSL au lieu des coursiers attitrés (fait rendu illégal par la circulaire de novembre 2020 du ministère) qui enveniment souvent la situation, déplore Zejli, indiquant qu’une certaine résistance des jeunes marocains au don de sang et un problème d’éducation et de culture de don de sang impactent directement et sévèrement la transfusion sanguine dans cette région du Royaume.
Concernant les bienfaits du don de sang, ils sont innombrables, selon Zejli, mais les exemples les plus saillants consistent en l’amélioration de plusieurs paramètres biologiques dans le corps, à savoir la ferritinémie, les toxines chassées, le boost de la moelle osseuse pour fabriquer de nouvelles cellules sanguines, mais aussi d’autres cellules, « ce qui engendre un renouveau cellulaire global et une régénérescence assurée ».
« Cette déplétion sanguine contrôlée minimise les risques de cancers et des maladies cardiaques en améliorant le confort de manière générale entre un meilleur sommeil, une action anti-âge sur la peau et un renouveau articulaire », a-t-elle fait savoir.
Le don de sang est une opération où tout le monde est gagnant, d’abord pour le donneur en ce qui concerne sa santé et un sentiment de bien-être inéluctable, et ensuite pour le malade qui voit se renforcer ses chances de guérison et une éventuelle seconde chance de vie, a insisté la responsable.
Par ailleurs, le donneur bénéficie d’une petite consultation et surtout d’analyses importantes: hépatite B, hépatite C, sida, syphilis, et groupage sanguin, à titre gracieux, et si jamais le donneur est positif, il est adressé au CHU, assure la responsable. Sur un autre registre, Zejli n’a pas manqué d’appeler à la multiplication de campagnes de sensibilisation des enfants et des jeunes au don de sang, lequel ne peut aucunement être fabriqué, puisque seul l’être humain est capable de le procurer.
Il serait judicieux, selon elle, d’introduire des leçons de transfusion sanguine dans les manuels scolaires et d’organiser des visites guidées dans les écoles pour toucher les enfants d’aujourd’hui qui seront les donneurs de demain et à encourager davantage de gens à donner leur sang et à sauver des vies de personnes qui en dépendent, soit parce qu’elles souffrent de maladies chroniques, ou se retrouvent dans des situations d’urgence.
S.L. (avec MAP)