Ramadan au Maroc: de nouvelles mesures restrictives ou un statu quo ?
Reconfinera, reconfinera pas? Le chef du gouvernement laisse planer le doute à quelques jours du mois de ramadan et au moment où une troisième vague qui déferle sur l’Europe conduit certains pays à durcir leurs restrictions.
La probabilité que les Marocains puissent passer un ramadan normal s’amenuise de plus en plus. Et pour cause, à deux semaines du mois sacré, la menace d’une troisième vague de contamination à la Covid-19 se profile à l’horizon. C’est du moins ce que laisse entendre le chef du gouvernement qui, en fin de semaine dernière, a alerté dans un tweet publié sur son compte personnel que «ces derniers jours ont vu une augmentation du nombre d’infections et du nombre de cas graves nécessitant une réanimation». Si l’on en croit Saad Dine El Otmani, «tout le monde doit faire attention pour ne pas assister à une troisième vague». Et, les chiffres du ministère de la Santé ne le contredisent pas. En effet, le Maroc a enregistré 579 nouvelles contaminations, portant le bilan à 496.676 cas confirmés, d’après les données arrêtées au jeudi 1er avril.
Le stock de vaccins s’amenuise
Si aucun nouveau décès n’a été enregistré dimanche, le cumul des personnes décédées de la Covid-19 s’est stabilisé à 8.825 cas et le taux de létalité à 1,8%. En revanche, 348 nouvelles guérisons ont été annoncées, soit un total de 483.711 guérisons et un taux de rémission de 97,4%. Dans la même foulée, le nombre de cas actifs est remonté à 4.140 cas, et celui des cas sévères ou critiques à 439. S’agissant du taux d’occupation des lits de réanimation, il est de 13,5%. Quant à la campagne de vaccination, lancée le 28 janvier dernier, elle subit pour l’instant des retards de livraison des doses alors que le stock de vaccins se réduit. À ce jour, seules 4.329.244 personnes ont reçu la première dose du vaccin contre la Covid-19, alors que 3.767.210 personnes se sont vu administrer les deux doses. Faut-il le rappeler, le pays s’est fixé pour objectif d’immuniser 80% de la population.
Des mesures restrictives préconisées
Alors, se dirige-t-on vers un reconfinement, ou du moins un renforcement des mesures de sécurité sanitaire pendant le mois sacré ? Pour le Dr Tayeb Hamdi, médecin chercheur en politiques et systèmes de santé, il faut considérer la menace qui pèse sur le Maroc à sa juste valeur. «Si le Maroc est classé parmi les 10 pays les plus avancés au monde dans la vaccination contre la Covid-19, la population n’est pas encore immunisée contre le nouveau coronavirus par la vaccination», alerte celui qui est également vice-président de la Fédération nationale de la santé. Dans ces conditions, plaide-t-il, un durcissement des restrictions est recommandé, de même que l’adoption, sur la base de données épidémiologiques, d’autres mesures, afin de protéger le Maroc contre une éventuelle troisième vague qui serait très meurtrière.
Reconfinement en Europe
En Europe, la menace d’une nouvelle vague se précise. C’est le cas, de la France qui se trouve dans une situation épidémique «critique» selon les informations remontant du terrain hospitalier, indiquent les médias locaux. Face à cette donne, le président Emmanuel Macron a annoncé, mercredi soir, l’extension à tout le territoire métropolitain, à partir de samedi soir et pour quatre semaines, des mesures de “freinage renforcé”, déjà en vigueur dans 19 départements pour lutter contre le Covid-19.
En Angleterre, c’est en revanche un «Happy Monday» pour la deuxième phase d’allègement des contraintes sanitaires, quand l’Europe assure voir «la lumière au bout du tunnel» grâce à l’accélération de la livraisons des vaccins, temporise Le Figaro. Néanmoins, le journal rappelle qu’en Allemagne, la chancelière Angela Merkel a sévèrement rappelé à l’ordre les États-régions, les pressant d’appliquer les restrictions alors que plusieurs Länder ont annoncé des assouplissements. C’est dire que le monde entier est encore très loin de sortir du creux de la vague Covid-19.
Khadim Mbaye / Les Inspirations Éco