Cannabis approuvé au Maroc, et maintenant on fait quoi ?
Le projet de loi autorisant les usages licites du cannabis au Maroc a été approuvé, le 11 mars dernier, par le gouvernement.
Une filière agricole et industrielle à part entière est, ainsi, dans le pipe afin d’exploiter la culture du cannabis à des fins médicales et thérapeutiques. Dans la région du Nord, où le sol répond aux particularités de ce rythme de plantations, les responsables locaux se préparent déjà en réfléchissant aux moyens à mettre en place afin d’accompagner la mise en oeuvre de ce projet. L’idée est de faire bénéficier cette région des potentialités qu’offre une telle activité. C’est, donc, dans ce sens qu’un programme de développement a été pensé par l’Agence pour la promotion et le développement du Nord (APDN).
Une portée transversale
Il s’agit d’une feuille de route ciblant 98 communes rurales relevant des provinces concernées par la culture du cannabis et dont la population atteint un million d’habitants. Ce programme intégré repose sur trois piliers : social, économique et environnemental. Dans le premier volet, l’Agence esquisse actuellement un ensemble de projets pour accompagner les habitants des zones concernées, notamment les jeunes, afin de créer des activités et services sociaux au profit de la population. Pour le pilier économique, des programmes d’appui aux projets générateurs de revenus seront mis en place, outre l’aménagement de certaines zones d’activités économiques dans les communes concernées.
Au niveau environnemental, il s’agira de mettre en place des projets écologiques pour préserver l’environnement afin d’améliorer l’espace territorial. En somme, la feuille de route imaginée par l’APDN calque ses orientations sur les objectifs tracés par le projet de loi relatif aux usages licites du cannabis.
Dans ce sillage, Mounir El Bouyoussfi, directeur général de l’APDN, estime que «le projet ambitieux de légalisation de la culture du cannabis et ses usages licites, ainsi que le programme de développement que les pouvoirs publics mettront en œuvre dans la région, visent en priorité la réduction des disparités sociales et l’amélioration des indicateurs économique et sociaux des communes afin de créer un équilibre territorial». Il fait également savoir que la régulation de la culture du cannabis permettra aux agriculteurs de s’adonner à d’autres activités génératrices de revenus telles que le tourisme, les produits du terroir et l’artisanat. Le responsable relève aussi que le marché international des produits médicaux du cannabis enregistre une croissance annuelle estimée à 30%. «Cela offre l’opportunité pour le Maroc d’accéder au marché international et de faire en sorte d’assurer un positionnement stratégique au sein de ce marché», poursuit-il. « Si le projet de loi stipule que chaque agriculteur ne peut cultiver que le tiers de ses terres à des fins légales, les revenus attendus, selon les études dont nous disposons, seront doublés en comparaison avec les cultures illicites. Ajoutons à cela que les agriculteurs pourront exploiter les deux tiers restants de leurs terres pour d’autres activités de production », détaille le DG de l’APDN.
Par ailleurs, Mounir El Bouyoussfi affirme que ce projet de loi est une alternative raisonnable, vu la situation actuelle de cette région. Il explique en effet que ce projet «nous place face à deux choix exclusifs : saisir cette opportunité et avancer dans le processus de légalisation ou maintenir le statu quo, ce qui signifie laisser les agriculteurs exposés aux risques de poursuites judiciaires, d’emprisonnement, de problèmes sociaux, de violence, de peur, d’absence de stabilité et de sécurité familiale et de pauvreté». Et d’ajouter : «Nous perdons chaque année environ 1.000 hectares de forêts depuis 1975. La réglementation de la culture du cannabis contribuera sans nul doute à atténuer ces dysfonctionnements». Enfin, El Bouyoussfi souligne que les efforts consentis par l’État ont permis, durant les années passées, de réduire la superficie cultivée en cannabis, passant de 134.000 hectares en 2003 à environ 55.000 hectares en 2016 grâce aux programmes de développement réalisés pour le lancement de cultures et activités alternatives.
Mariama Ndoye / avec Les Inspirations Éco