Violence numérique: une convention signée à Rabat
Une convention de partenariat visant, essentiellement, à lutter contre la violence numérique, a été signée, lundi à Rabat, entre la Commission nationale de contrôle de la protection des données à caractère personnel (CNDP) et l’Association Tahadi pour l’égalité et la citoyenneté (ATEC).
Signée par le président de la CNDP, Omar Seghrouchni et la membre de la Commission, Souâd El Kohen, d’un côté, et la directrice d’ATEC, Bouchra Abdou, de l’autre, cette convention porte notamment sur l’adhésion d’ATEC au programme « Data Tika » de la CNDP, destiné à protéger le citoyen au sein de l’écosystème numérique et au renforcement des capacités de l’association en matière de lutte contre les violences numériques, notamment à l’égard des femmes.
Dans une déclaration à M24, la chaîne d’information de la MAP, M. Seghrouchni a souligné qu’à l’occasion de la Journée internationale des femmes (8 mars), « nous avons signé le premier programme Data-Tika avec une association de la société civile », émettant le souhait de travailler de façon soutenue pour lutter contre les violences faites aux femmes au sein de l’écosystème numérique.
La CNDP travaille sur les problématiques liées à la protection des données à caractère personnel et à la protection du citoyen dans l’écosystème numérique, a rappelé M. Seghrouchni, faisant remarquer que cet écosystème est en constante évolution et peut apporter des usages nouveaux et parfois inattendus. « Certains de ces usages peuvent être incompatibles avec les valeurs que notre société souhaite mettre en avant ».
De ce fait, signer un programme Data-Tika est un acte important car, en plus des institutions et entreprises publiques et privées, ce programme est destiné aux acteurs de la société civile, a noté le responsable, soulignant que les associations de la société civile sont des acteurs importants qui travaillent sur le terrain et qui sont confrontées aux problématiques quotidiennes des citoyens.
Si la signature en elle-même est un acte important, le plus important reste le plan de travail opérationnel et concret qui sera entamé et déployé, a-t-il insisté, expliquant que ce genre de problématiques doit être traité sur le terrain.
Dans une déclaration similaire, Mme El Kohen a relevé que cette convention est destinée à assister les associations et à les former de manière à ce qu’elles puissent promouvoir la protection des données personnelles dans tout l’écosystème marocain, soulignant que les données personnelles circulent partout, essentiellement dans la société civile.
« Ainsi, pour protéger les citoyens, il est important de s’associer à des actions militantes comme celle d’ATEC, qui permet de lutter contre un phénomène très important pour nous tous, à savoir la sécurité des femmes à travers la sécurisation des réseaux sociaux », a-t-elle soutenu.
De son côté, Mme Abdou a mis en avant l’intérêt de cette convention, expliquant que l’association est active dans le domaine de la violence numérique et reçoit quotidiennement des femmes victimes de ce fléau, mais aussi des jeunes et des mineurs.
« La convention aura un apport qualitatif car elle prévoit l’organisation de séminaires de formation pour renforcer les compétences de l’association dans ce sens », a-t-elle dit, ajoutant qu’elle consiste également à l’échange d’expériences et d’expertises entre l’ATEC et la CNDP, l’organisation de rencontres scientifiques autour de ce sujet, outre des actions de sensibilisation à l’échelle nationale.
Le respect des données à caractère personnel s’impose plus que jamais, vu l’explosion de pratiques malsaines comme le partage de fausses informations, de photos et de vidéos intimes dans le but de nuire aux victimes, a poursuivi Mme Abdou, insistant sur l’impératif de lutter contre cette nouvelle forme de violence, qui ne cible pas uniquement les femmes.
« Dans ce sens, cette convention donnera à l’ATEC un instrument et une force juridique pour stopper la propagation de la violence numérique », s’est-elle félicitée.
Parmi les objectifs de la convention, figure la mise en place d’un circuit de signalement des cas de violences numériques sur les réseaux sociaux, à travers la création d’une cellule dédiée au sein de la CNDP pour recueillir les demandes communiquées par l’association ATEC et faciliter leur traitement par les plateformes concernées.
Elle porte, également, sur l’organisation de séminaires de formation et de réunions de travail avec divers ministères concernés, afin de lancer plusieurs campagnes de sensibilisation sur le sujet des violences numériques et leurs impacts.
Sont, également, prévus des sessions de formations par les équipes CNDP, au profit des équipes ATEC, sur le traitement des signalements sur les réseaux sociaux, le lancement d’une campagne médiatique commune afin de sensibiliser le grand public sur le fléau des violences numériques et la mise en relation par la CNDP de l’association ATEC avec les opérateurs téléphoniques.
IK