Tourisme: quel avenir pour Marrakech après une année catastrophique ?
Fleuron du tourisme national, Marrakech a vécu une année exceptionnelle et une « crise inédite » en raison de la conjoncture induite par la propagation de la Covid-19, qui a mis à genoux et fait beaucoup de mal à l’ensemble de l’écosystème touristique de la cité ocre.
En effet, depuis que le Maroc a fermé ses frontières, à la mi-mars dernier, la première destination touristique du Royaume semblait avoir l’air d’une « ville sans âme », laissant place à la nostalgie du temps où les habitants et visiteurs peinaient à trouver une place pour parquer près de la vibrante médina et de ses marchés ou encore à proximité de la mythique place de Jemâa El Fna, qui, toujours grouillante, n’a jamais été aussi déserte.
Ainsi, 2020 n’était aucunement une année touristique pour la principale destination nationale. L’enjeu reste donc de taille : donner un nouvel élan à un secteur frappé de plein fouet par cette crise sanitaire mondiale, ce qui, de l’avis des fins connaisseurs, nécessitera du temps.
La ville des Sept Saints était, certes, aux abois pendant plusieurs mois. Toutefois, depuis le déclenchement de cette pandémie, les professionnels du tourisme dans la Cité ocre, en coordination avec les autorités, les élus locaux et la société civile, n’ont pas lésiné sur les moyens pour faire face, avec sérénité, sérieux et un sens élevé de responsabilité, aux répercussions combien néfastes de la Covid-19.
L’optimisme demeurait, manifestement, mesuré quant à la reprise rapide de l’activité touristique. Approchés par la MAP, des professionnels ne cessaient d’afficher leur prise de conscience à l’égard des enjeux majeurs à relever pour un meilleur rebond du principal secteur contributeur à l’économie de la ville. Le bout de tunnel est bien loin après une aussi longue période de vaches-maigres : c’est en somme l’essentiel qui se dégageait de leurs déclarations.
Pour surmonter cette situation inédite, la mobilisation générale et la fédération des énergies des différents acteurs et parties prenantes ont bel et bien pris place pour tenter de sauver la saison touristique 2020 qui restera à jamais dans les annales.
Dans ce sillage, une réunion a été tenue, en septembre dernier, dans la cité ocre, afin d’examiner l’état des lieux du secteur, en présence de la ministre du Tourisme, de l’Artisanat, du Transport aérien et de l’Economie sociale, Nadia Fettah Alaoui, des professionnels et du wali de la région Marrakech-Safi, Karim Kassi Lahlou.
A cette occasion, Mme Fettah Alaoui a reconnu que Marrakech, en tant que destination touristique par excellence aussi bien à l’échelle nationale qu’internationale, a « énormément souffert » des conséquences de cette crise sanitaire.
Les travaux de cette rencontre ont porté sur plusieurs thématiques, dont les plus importantes avaient trait au contrat-programme dont a bénéficié ce secteur depuis août dernier. Il s’agissait surtout d' »expliquer et de réexpliquer » les mesures et d’être à l’écoute des professionnels et de certains secteurs ayant des difficultés à les appliquer ou à en bénéficier ».
Dans la même veine, les acteurs du tourisme, publics et privés, ainsi que les partenaires du Conseil Régional du Tourisme (CRT) ont décidé de « passer à l’offensive » pour sauver la saison d’hiver 2020/2021.
Les professionnels ont fait montre d’une volonté commune d’agir ensemble, en parfaite coordination avec l’ensemble des élus et les autorités locales, notamment la wilaya de la région, pour « une reprise responsable » du secteur, qui s’articule autour des « 3R » : « Redémarrer, Relancer et Réinventer ».
« Il s’agit de redémarrer, rouvrir et se résoudre à vivre avec le virus, qui constitue un impératif pour remettre l’écosystème en marche dans le respect des gestes barrières et des protocoles sanitaires, se reconnecter avec les partenaires internationaux pour reconquérir nos parts de marchés et continuer d’agir ensemble notamment à la levée des restrictions de déplacement et au rétablissement de la confiance parmi les voyageurs », avait expliqué le CRT, soulignant la nécessité de réinventer et de ré-imaginer de nouveaux concepts et programmes et de nouvelles offres plus solidaires, créatives, collaboratives et d’adapter le secteur aux réalités futures.
L’exécution du contrat-programme constitue un grand acquis pour la sauvegarde de l’emploi dans les secteurs d’activités touristiques les plus touchés et la mobilisation se poursuit afin que les autres acteurs de la chaîne de valeurs (restaurants touristiques, artisanat, activités d’animations et événementiel…) soient également couverts, avait noté le CRT.
Dans la foulée, le Conseil a lancé, en partenariat avec l’Office National Marocain du Tourisme (ONMT), une campagne de communication relayée sur les médias, les réseaux sociaux et sur la plateforme « visitmarrakech ».
Conscients de la nécessité de se réinventer, les professionnels de la région ont travaillé des mois durant sur « un plan d’accélération, adapté à la situation, qui va marquer un tournant décisif dans notre approche de concevoir, de produire et de commercialiser des solutions de plus en plus innovantes et stimulantes de la demande », selon la même source.
Dans cet esprit, plusieurs nouveautés ont été conçues et d’autres à venir par thème et par territoire dans le cadre du plan d’accélération 2021-2022, a fait savoir le CRT.
En somme, il s’agit d’un plan global afin d’adapter les différentes destinations de la région, de stimuler les emplois, d’encourager l’innovation et l’investissement, de repenser une industrie du voyage et de l’hospitalité plus performante, plus durable et plus inclusive.
Dans le même sillage, la réaction de l’Association Régionale des Agences de Voyages de Marrakech-Safi n’a pas tardé : elle a procédé à la diffusion sur les réseaux sociaux de capsules-vidéo, qui se veulent une invitation à la redécouverte du charme et de la magie des plages au niveau de la région et ce, sous le signe « Naktachfou Bhourna » (Découvrons nos plages !).
D’autre part, la réouverture de prestigieux établissements hôteliers, ainsi que l’arrivée des premiers touristes étrangers en octobre à l’aéroport international de Marrakech-Menara, ont été perçus comme un signal fort, rassurant et annonciateur d’une relance progressive de l’activité touristique dans la Cité ocre.
Les attentes des professionnels de l’industrie touristique, tout comme les habitants de la ville, qui ne cessent de nourrir l’espoir et l’optimisme pour un demain meilleur, sont certainement nombreuses. Mais les enjeux à relever sont aussi de taille et nécessitent la mutualisation des efforts pour favoriser un rebond sur les bons rails de ce créneau vital de l’économie locale.
Le secteur touristique au niveau de Marrakech a ainsi vécu, en 2020, la plus faible année en termes de performance à cause de la pandémie dont les effets ont plombé l’activité des mois durant.
Toutefois, l’optimisme et la mobilisation sont les maîtres mots qui se dégagent des propos des professionnels et acteurs touristiques locaux, qui disposent de la capacité, de l’expérience et des compétences nécessaires à même de leur permettre de renforcer la résilience de ce secteur, locomotive de l’économie régionale et nationale.
Le bout de tunnel demeure encore invisible avec la persistance de cette situation pandémique dans le Royaume et à l’échelle mondiale. Mais l’espoir reste de mise pour un demain meilleur de l’industrie touristique dans la cité ocre, surtout avec l’entame de la reprise des vols internationaux.
Mohamed KOURSI (MAP)