Une nouvelle version dans l’affaire Ben Barka
Cinquante et un an après la disparition de Mehdi Ben Barka, les versions sur cette tragédie se succèdent et ne se ressemblent pas.
Alors que sa famille et notamment son fils revendiquent la publication des documents classés « secret défense », la vérité sur cette affaire demeure toujours un mystère.
Cependant, l’historien israélien Ygal Bin-Nun, spécialisé dans les relations israélo-marocaines, a présenté une nouvelle version révélant que le général Oufkir n’avait aucun lien avec l’assassinat de Mehdi Ben Barka.
L’historien ajoute que des discussions avec des ex-agents du Mossad (services secrets israéliens) lui ont fait découvrir une autre vérité. Selon lui, Hassan II n’a jamais voulu assassiner Ben Barka. C’est pourquoi il lui a envoyé son conseiller, Ahmed Reda Guedira, pour le convaincre de revenir au Maroc. Ygal Bin-Nun précise que le responsable de cet assassinat est bel et bien le général Ahmed Dlimi. Ce dernier n’a pas reçu l’aval du roi pour commettre son crime, puisqu’il a outrepassé toutes les prérogatives qui lui étaient dévolues. « C’est en le torturant avec l’aide de Chtouki, en plongeant sa tête dans une baignoire », que cela serait arrivé. Après la mort de Ben Barka, Dlimi, paniqué, aurait contacté le Mossad pour suggérer de faire disparaître le cadavre. C’est ainsi que des agents israéliens à Paris ont réussi à enterrer Ben Barka dans un lieu de la banlieue parisienne, vraisemblablement à Saint Germain, au nord-ouest de la capitale française, précise Yagal Bin-Nun. Une version qui n’engage que son auteur.
Toujours selon l’historien, l’opposant marocain était en contact permanent avec Golda Meier, la première ministre de l’époque, et avec les services du Mossad. Mais lorsque Ben Barka a demandé des armes, les relations avec lui ont été interrompues.
A rappeler que d’autres versions ont été avancées, dont celle de Boukhari qui prétend que le cadavre de Ben Barka a été dissous dans un bac d’acide au PF1, à Dar El Mokri, sur la route de Zaërs. D’autres ont prétendu qu’il a été décapité et que sa tête a été rapatriée au Maroc. Mais tant que la confidentialité de certains documents ne sera pas levée, l’affaire de Ben Barka continuera d’être une énigme.
T. J.