Marrakech: Le Roi s’adresse aux chefs d’Etats africains (VIDÉO)
«Je vous propose de dessiner une Afrique résiliente aux changements climatiques, une Afrique qui s’engage résolument sur la voie du développement durable ;
C’est une Afrique, qui utilisera ses ressources, de manière optimale, en respectant les équilibres environnementaux et sociaux ;
C’est une Afrique qui agira en vue d’un développement inclusif, en accord avec ce qui fait son identité : la culture de partage, d’équité et de solidarité.
Avant d’aller plus loin dans Mon propos, Je souhaiterais soulever un point essentiel.
Certes, le discours que suscite, à juste titre, le devenir de notre Planète, et l’intérêt que lui porte en particulier une société civile agissante, sont bien réels.
Mais, existe-t-il pour autant des objectifs communs dans l’action ? Je voudrais examiner, à ce propos, deux éléments fondamentaux :
D’abord, il y a, entre le Nord et le Sud, une disparité de cultures en matière d’environnement ; elle a trait aux priorités et aux moyens.
C’est dans ce but qu’il conviendra d’harmoniser, voire d’unifier l’éducation à l’environnement ; la Présidence marocaine s’y emploiera durant son mandat »
« L’Afrique paie un lourd tribut dans l’équation «climat» et représente, sans aucun doute, le Continent le plus pénalisé.
En effet, la hausse des températures, le dérèglement des saisons, les sécheresses à répétition appauvrissent la biodiversité de notre Continent, détruisent ses écosystèmes et hypothèquent son progrès, sa sécurité, sa stabilité.
Pourtant, notre Continent n’émet que 4% des gaz à effet de serre.
Or, les bouleversements climatiques à l’échelle mondiale entravent fortement, le développement de l’Afrique, et menacent gravement les droits élémentaires, de plusieurs dizaines de millions d’Africains.
Notre Continent constitue donc un concentré de toutes les vulnérabilités.
L’Afrique compte déjà 10 millions de réfugiés climatiques. A l’horizon 2020, près de 60 millions de personnes seront déplacées du fait de la rareté de l’eau, si rien n’est entrepris dans ce domaine.
L’immense réserve d’eau douce, que constituait jadis le Lac Tchad, a déjà perdu 94 % de sa superficie, et est menacée d’asséchement définitif !
4 millions d’hectares de forêts, soit deux fois plus que la moyenne mondiale, disparaissent chaque année.
Alors que l’Agriculture, majoritairement de subsistance, emploie 60% de la main d’œuvre africaine, nos récoltes sont fortement perturbées, et notre sécurité alimentaire hautement menacée.
Les rendements agricoles de notre Continent pourraient donc baisser de 20% à l’horizon 2050, au moment même où notre population aura doublé.
Des pans entiers du littoral, près du tiers des infrastructures côtières, seraient submergés.
Les épidémies d’origine hydrique, qui causent annuellement de milliers de décès, seront éradiquées, à la seule condition que soient créées des infrastructures de traitement des eaux usées.
Enfin, la dégradation des terres et des ressources naturelles pourrait continuer à représenter la cause principale, de la majorité des conflits transnationaux en Afrique »
« L’Accord de Paris sur le climat, adopté à la satisfaction de tous, consacre le principe de responsabilité commune et différenciée.
Il importe que notre Continent s’exprime d’une seule voix, qu’il exige justice climatique et mobilisation des moyens nécessaires, qu’il émette des propositions concertées, en matière de lutte contre les changements climatiques.
Nous sommes donc face à quatre impératifs :
– Déterminer les mesures d’accès aux financements nécessaires, afin d’organiser les efforts d’adaptation du Continent.
– Identifier les mécanismes à mettre en place visant à soutenir la mise en œuvre de programmes phares.
– Renforcer les capacités institutionnelles de notre Continent.
– Enfin, saisir les opportunités et étudier les implications qu’offre un développement sobre en carbone, dans les domaines de l’énergie, de l’innovation technologique, ou encore, des métiers « verts ».
Excellences, Mesdames et Messieurs,
Les acteurs africains ont fait preuve d’un remarquable dynamisme, durant les journées thématiques de la COP 22.
En plus d’être porteurs d’Initiatives, ils ont rejoint nombre de Coalitions, d’Alliances et de Réseaux de « l’Agenda Global de l’Action Climatique ».
Je Me réjouis de ces actions continentales et régionales. Elles favorisent la résilience de notre Continent, face aux menaces du dérèglement climatique, et elles permettent une co-émergence durable de notre Continent.
Mes frères Chefs d’Etat auront l’occasion, aujourd’hui, de nous entretenir des projets qu’ils portent et animent.
Il nous appartient d’apporter un appui politique à ces initiatives, de mobiliser les moyens et compétences nécessaires à leur mise en œuvre, de les mettre en perspective et en cohérence »
« Le Royaume du Maroc est un acteur engagé, dans la consolidation de la sécurité et de la stabilité régionales.
A ce titre, il est déterminé à renforcer sa contribution, à la défense des intérêts vitaux du Continent, aux côtés de ses pays frères et, bientôt, au sein de l’Union Africaine.
Fort du déploiement en cours, de son ambitieux programme, dans le domaine des énergies renouvelables, le Maroc met son savoir-faire à la disposition de ses partenaires.
S’impliquant activement dans les projets dédiés à l’Afrique, le Royaume contribue, aujourd’hui, à y inclure de nouveaux partenaires, publics et privés, et à structurer les mécanismes de gouvernance.
En outre, il animera un réseau africain d’expertise climatique, à partir du « Centre de Compétences en Changements Climatiques » installé au Maroc.
Sensible à la vulnérabilité du secteur agricole, et conscient de son importance vitale, le Maroc se mobilise pour la réalisation de l’initiative « Adaptation de l’Agriculture Africaine » ou « Triple A ».
Ce dispositif innovant favorise l’adoption et le financement de solutions, destinées à la productivité et à la sécurité alimentaire.
Enfin, interpellé par la quote-part attribuée à l’Afrique, en termes de ressources consacrées à la lutte contre les changements climatiques, le Maroc a inscrit le financement comme priorité de la COP22.
Au-delà de l’enveloppe prévue à partir de 2020, par l’Accord de Paris, la Présidence marocaine s’intéresse à la mobilisation des financements publics, à la diversification des montages financiers, et à la facilitation de l’accès aux fonds consacrés au climat.
Par ailleurs, le Maroc encourage l’implication des Fonds Souverains, afin de développer les infrastructures vertes en Afrique »
« Nos partenaires du Sud et du Nord, ainsi que les Institutions internationales et régionales, dédiées au financement du développement, ont un rôle crucial à jouer dans l’effort collectif africain.
Agir par nous-mêmes et pour nous-mêmes est un impératif. Associer nos partenaires stratégiques est désormais une nécessité.
Je suis persuadé, que la mutualisation de nos efforts, et le renforcement de la coopération avec nos partenaires stratégiques, contribueront à mettre fin à l’injustice climatique, qui affecte notre Continent.
Cette double action favorisera la réalisation des Objectifs de Développement Durable : 12 parmi les 17 sont liés, directement ou indirectement, aux changements climatiques.
En conclusion, Je voudrais vous assurer que Mon pays entreprendra toutes les actions nécessaires, et ne ménagera aucun effort, afin de faire entendre la voix de l’Afrique, dans les négociations formelles, ainsi que dans la mise en œuvre de « l’Agenda Global pour l’Action Climatique » »