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Le discours historique du Roi pour la Cop22 (vidéo)
Le Roi Mohammed VI, a prononcé mardi un Discours devant la séance solennelle de Haut Niveau de la 22ème session de la Conférence des Parties à la Convention Cadre des Nations Unies sur le Changement Climatique (COP 22) qui se tient actuellement à Marrakech. En voici les grandes lignes.
« Le fait que Marrakech accueille aujourd’hui cette conférence est une preuve de tout l’intérêt que nous attachons aux questions de l’environnement et du climat parmi les priorités du Royaume.
En effet, notre pays compte parmi les premiers Etats à avoir contribué à l’émergence d’une prise de conscience mondiale quant au changement climatique, et ce, depuis ma participation, en 1992, au Sommet de la terre de Rio, où, en ma qualité de Prince héritier à l’époque, j’ai conduit la délégation du Maroc.
Aujourd’hui, la Conférence de Marrakech constitue un tournant décisif dans le processus de mise en œuvre de l’Accord historique de Paris.
En effet, l’humanité entière place de grands espoirs sur les décisions qui seront prises au cours de cette conférence. De fait, elle attend plus que la simple annonce d’engagements et de principes pour enrayer le réchauffement climatique et en atténuer les effets.
Elle aspire plutôt à des décisions aidant à sauver l’avenir de la vie sur terre et à la prise d’initiatives concrètes et de mesures pratiques à même de préserver les droits des générations à venir.
Par ailleurs, la tenue de cette conférence en Afrique nous incite à donner la priorité à la nécessité de remédier aux impacts négatifs des changements climatiques, qui ne cessent d’empirer dans les pays du sud et les pays insulaires menacés dans leur existence même ».
« Les quinze dernières années ont vu se répandre un discours centré sur les questions de l’environnement et croître le nombre des associations engagées dans sa défense. Plus important encore, elles ont été marquées par une prise de conscience accrue quant à la nécessité de protéger l’environnement.
Malgré l’émergence de cette prise de conscience positive, sommes-nous sur la bonne voie ? Ce processus commun bénéficie-t-il d’une coordination et d’une collaboration entre tous ?
La différence est grande entre les pays et les régions concernant la culture liée à l’environnement. De plus, les priorités chez les pays industrialisés dits avancés, ne sont pas les mêmes que pour les pays en développement. Tout aussi important est l’écart qui les sépare en termes de moyens.
S’il est normal que chaque partie défende ses intérêts, les décisions prises et imposées ne sont pas, en revanche, toujours à la portée de tous les pays.
Aussi, il devient nécessaire d’unifier l’éducation aux questions de l’environnement et de sensibiliser à son rôle décisif dans la préservation de l’avenir de l’humanité.
Ici, je réaffirme que le Maroc consacrera ses efforts, pendant son mandat, et les ressources financières disponibles durant cette courte période, pour remplir cette mission difficile et noble ».
« L’engagement fait de prendre à bras le corps la problématique des changements climatiques à travers l’application de l’Accord de Paris, traduit notre volonté commune de renforcer la solidarité intergénérationnelle.
Cette implication, une nécessité morale et un devoir humain, doit s’adosser à la foi dans l’inéluctabilité du destin commun et la solidarité sincère entre le Nord et le Sud pour préserver la dignité humaine.
De nombreuses promesses ont été faites dans de multiples conférences antérieures. Mais notre conférence aujourd’hui est celle de la vérité et de la clarté; une conférence pour prendre nos responsabilités devant Dieu et l’Histoire, et devant nos peuples.
Nos conférences et nos accords auront-ils un sens si nous laissons les catégories les plus vulnérables, là-bas dans les îles menacées de disparition et dans les champs confrontés au risque de la désertification en Afrique, en Asie et en Amérique latine, face à leur destin lourd de périls?
La problématique de l’environnement est une affaire délicate qui doit être abordée avec tout le sérieux et toute la responsabilité nécessaires.
L’ère coloniale est révolue, tout comme la logique qui consiste à imposer les décisions. En fait, l’enjeu, c’est l’existence de l’Homme, qui exige de nous d’œuvrer ensemble main dans la main pour la protéger.
Aussi, il ne faut pas forcer les pays, d’emblée, à accepter des décisions auxquelles ils ne pourront pas se conformer. Pour autant, cela ne signifie pas qu’ils les rejettent, mais plutôt qu’ils ne disposent pas des moyens nécessaires pour les appliquer ».
« Le coût de l’attentisme et le manquement à l’impératif d’affronter le changement climatique et ses effets, auront des conséquences graves, mettant en péril la sécurité et la stabilité et induisant l’extension des foyers de tension et des crises à travers le monde.
Au nom du destin commun, et au nom de notre responsabilité historique, j’engage toutes les parties à œuvrer pour donner corps à notre attachement aux valeurs de justice et de solidarité à travers :
Premièrement : la possibilité offerte aux pays du sud, et plus particulièrement aux pays les moins avancés et aux Etats insulaires, de bénéficier d’un soutien financier et technique urgent leur permettant de renforcer leurs capacités et de s’adapter aux changements climatiques;
Deuxièmement : le respect par les pays avancés de leurs engagements et la mobilisation, à l’horizon 2020, des cent milliards de dollars, au moins, qui ont été la clé de voûte de l’Accord de Paris;
Troisièmement : l’implication de tous les acteurs dans la facilitation du transfert de technologie et la nécessité d’œuvrer au développement de la recherche et de l’innovation dans le domaine du climat; et
Quatrièmement : la contribution des acteurs non gouvernementaux, entreprises, collectivités territoriales et associations de la société civile, à une forte dynamisation des initiatives : « Action globale pour le climat » »
« Le Royaume du Maroc n’a épargné aucun effort pour relever ses contributions, dans le cadre de la dynamique mondiale visant à réduire le réchauffement climatique et à en atténuer les effets.
De fait, le Maroc, qui a été parmi les premiers pays à avoir annoncé leur contribution prévue déterminée au niveau national, s’est engagé récemment à baisser le taux des émissions.
De même, il a pris des initiatives concrètes pour assurer, à l’horizon 2030, 52% de sa capacité électrique nationale à partir de sources d’énergie propre.
Dans le même ordre d’idées, nous avons proposé une série d’initiatives dans le cadre de la mise en œuvre de l’Accord de Paris, notamment en ce qui concerne l’adaptation et le financement, dont l’initiative d’adaptation de l’agriculture en Afrique »
« Le bilan de cette conférence sera décisif pour le devenir de la nouvelle génération des conférences des parties, qui devront se focaliser sur l’initiative et l’action.
En effet, l’Accord de Paris n’est pas une fin en soi. Les résultats de la Conférence de Marrakech sont, plutôt, un test réel pour mesurer la fiabilité des engagements que nous avons souscrits et la crédibilité des parties qui les ont annoncés.
L’heure est venue pour redresser la situation actuelle. Nous n’avons d’autre choix que d’œuvrer à rattraper le temps perdu par une mobilisation continue et globale et une cohésion constructive, pour assurer aux générations successives une vie commune digne et durable ».