Maroc

Journée nationale contre le cancer: Cinq questions à Fadwa Qachach

Par LeSiteinfo avec MAP

Par Hajar EL FAKER

Rabat, 22/11/2020 (MAP) – A l’occasion de la Journée nationale de lutte contre le cancer, célébrée le 22 novembre de chaque année, la MAP a approché la spécialiste en oncologie et radiothérapie, Dr Fadwa Qachach, pour mettre en avant les avancées réalisées par le Royaume en termes d’accès aux traitements et de structures d’accueil et de soins, ainsi que les enjeux du dépistage précoce, outre l’impact de la Covid-19 sur les patients cancéreux.

1. Quelles sont les différentes réalisations effectuées en termes d’accès aux traitements du cancer et de structures d’accueil et de soins ?

En 2010, le Maroc a mis en place le premier Plan national de prévention et de contrôle du cancer (PNPCC), conformément aux préconisations mondiales. Ce plan avait établi de nouvelles approches de prévention, de dépistage, de traitement et d’accompagnement social (création de maisons de vie, renforcement des soins palliatifs…) et a permis de grandes avancées en matière de prise en charge et de prévention du cancer.

En tant que cancérologues, nous étions témoins de retombées très positives de cette stratégie sur le domaine de l’oncologie et sur la prise en charge des patients cancéreux au Maroc.

Par ailleurs, un nouveau plan 2020-2029 vient de paraître qui préconise de consolider et de pérenniser les acquis du premier plan 2010-2019, de corriger les insuffisances identifiées, particulièrement celles relatives à la gouvernance du plan et à la qualité des soins, et de proposer des actions et mesures innovantes dans tous les domaines.

2. Quelles sont les avancées que le Maroc a connues en matière de traitement ?

L’oncologie au Maroc a connu d’énormes progrès ces dernières années, notamment avec la création de nouveaux services d’oncologie dans plusieurs villes du Royaume, améliorant ainsi l’accès au traitement pour les patients.

On note également une meilleure disponibilité de nouvelles thérapeutiques anticancéreuses comme les thérapies ciblées, l’immunothérapie et des techniques innovantes en radiothérapie telles que la radiothérapie avec modulation d’intensité et la radiothérapie stéréotaxique qui est une technique de haute précision.

3. Peut-on affirmer que le diagnostic précoce est la clé dans le traitement de tous types de cancer ?

Tout à fait. Le diagnostic précoce augmente significativement les chances de guérison et de survie du cancer. De surcroît, certains types de cancers sont accessibles à des tests simples permettant de détecter, dans une population à priori en bonne santé, les sujets qui ont un cancer mais ne présentant aucun symptôme. C’est le cas, en particulier, des cancers du sein, de la prostate et du col de l’utérus.

Un cancer diagnostiqué tardivement peut malheureusement engendrer l’impossibilité de proposer un traitement et condamner beaucoup de patients à souffrir et à mourir prématurément.

4. L’état émotionnel d’une personne a-t-il vraiment une influence dans son combat contre le cancer ?

Notre santé émotionnelle impacte souvent notre état de santé physique. Le stress, la dépression et toute émotion négative affaiblit notre système immunitaire et peut même créer un déséquilibre hormonal. Ceci peut accroitre le risque de développement des cancers et diminuer leurs taux de guérison.

Le stress peut également mener le patient à adopter des habitudes toxiques tels que la suralimentation, le tabagisme et l’alcoolisme qui sont autant de mauvaises habitudes de vie qui réduisent l’efficacité des traitements anticancéreux.

5. Quels impacts de la Covid-19 sur les patients cancéreux? Quels conseils leur donner ?

Cette pandémie a malheureusement affecté le diagnostic et la prise en charge de ces patients. Nous avons remarqué une recrudescence des cas diagnostiqués tardivement après confinement. L’arrêt des campagnes de dépistage en cette période a également eu beaucoup d’impact.

Les patients cancéreux en cours de traitement présentent souvent une baisse des défenses immunitaires, ce qui pourrait les rendre plus vulnérables face à la maladie.

Toutefois, un patient atteint de cancer n’est pas plus à risque d’infection spécifique du Covid-19 : le risque accru s’applique à toutes les maladies infectieuses.

Une étude menée par l’Institut Curie sur 200 patients pris en charge pour des cancers et atteints de la coronavirus a trouvé que « la Covid-19 n’est pas plus fréquente chez les patients atteints de cancer que dans la population générale. De plus, l’infection au SARS-CoV-2 n’est pas un facteur d’aggravation et ne provoque pas de surmortalité chez ces patients ».

Je recommande, par ailleurs, aux patients de laver fréquemment leurs mains, de porter leurs masques, de nettoyer les surfaces avec des désinfectants et de respecter les règles de distanciation sociale ainsi que d’éviter tout contact étroit avec les personnes souffrant d’infections respiratoires aigües. Les vaccins (comme la vaccination anti-grippale) sont également fortement recommandées.

HF


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