Tests PCR : peut-on se faire rembourser et à quelle condition ?
Le sujet promet d’être source de tensions entre assurés et assureurs en ces temps de pandémie. Cela concerne le test de dépistage de la Covid-19, qui ne semble pas avoir été intégré dans les systèmes de remboursement des organismes de santé et d’assurances. Pour l’heure, seule la Caisse nationale des organismes de prévoyance sociale (CNOPS) a décidé de prendre en charge les frais des prestations médicales de ses assurés, liées à la pandémie de Covid-19.
Au début, la Caisse était réticente à ce remboursement, mais un changement de cap a été opéré au terme de consultations avec le ministre de l’Économie et des finances, en collaboration avec l’Autorité de contrôle des assurances et de la prévoyance sociale (ACAPS). Ce remboursement englobera les tests et la prise en charge dans une structure médicale privée. Quid alors des autres opérateurs ? Auprès d’un assureur de la place, l’on nous explique que la prise en charge d’une quelconque maladie doit se faire au moment de sa survenance. «Cela devrait également s’appliquer à la Covid-19», nous explique-t-on. Et d’ajouter que «les opérations préventives n’entrent pas dans ce cadre-là».
Selon notre source, seules les personnes ayant effectué un dépistage suite à une consultation médicale peuvent être remboursées. Même son de cloche d’un autre expert du secteur des assurances : «Les remboursements des frais médicaux doivent se faire uniquement sur la base d’une prescription médicale.» Selon les explications de cet expert, la réticence du secteur s’explique par une crainte quant à des débordements liés aux dépistages intempestifs et injustifiés.
«La crainte d’attraper la Covid-19 exacerbe la sensation de l’avoir contracté. Ce soupçon de maladie peut pousser l’éventuel malade à multiplier les tests pour se rassurer», argumente un psychologue.
Pour l’heure, ce sont pratiquement 140.000 tests PCR qui sont réalisés chaque semaine. Un nombre qui croît avec la montée continue de la courbe nationale des contaminations, grevant ainsi les finances de l’État. Le gouvernement avait, en effet, annoncé la prise en charge de l’ensemble du protocole adressé aux personnes atteintes de la Covid-19, du test de dépistage à leur admission à l’hôpital. Si l’État n’avait aucun souci à supporter cette charge, l’accélération des contaminations ces derniers mois a changé la donne. À court de ressources pour continuer à prendre en charge tous les malades de la Covid-19, l’État a dû revoir son dispositif. Les patients atteints du nouveau coronavirus mais asymptomatiques sont désormais appelés à se soigner en s’isolant chez eux.
Par ailleurs, les tests PCR ont été généralisés à tous les laboratoires privés du pays. Le patient doit ainsi débourser près de 700 DH en fonction du laboratoire (680 DH étant le tarif de référence et 800 DH le plafond fixé par les autorités). Une démarche pour démocratiser le dépistage, mais le prix reste le plus grand frein. C’est pourquoi, la mise en place d’une couverture médicale dédiée est très attendue.
Plusieurs avis collectés par Les Inspirations ÉCO s’accordent à dire que le prix élevé de ce test tend à dissuader de nombreux Marocains de procéder au dépistage, ce qui plombe la célérité dans la détection des cas. D’aucuns estiment même que le ministère de la Santé devrait subventionner ce test pour le rendre accessible à tous. Il faut dire que la question du prix ne concerne pas seulement les citoyens «lambda», mais également les entreprises qui ont été sollicitées pour intégrer la campagne de dépistage massif. Si certaines grandes entreprises ont pu répondre à l’appel en annonçant qu’elles pourraient même prendre en charge les tests effectués sur leurs collaborateurs, la majorité d’entre elles ne seraient pas en mesure de supporter les frais de pareille opération. Certaines sociétés ont même voulu faire supporter une partie de ces frais à leurs assureurs, mais se sont heurtées au niet de leurs partenaires. Des discussions ont, d’ailleurs, été entamées dans ce sens entre la Confédération générale des entreprises du Maroc (CGEM) et les autorités de tutelle pour trouver un terrain d’entente. L’ACAPS, sollicitée pour donner son avis sur la problématique d’un point de vue réglementaire, n’avait pas répondu à nos sollicitations à l’heure où nous mettions sous presse.
Aida Lo / Les Inspirations Éco