Maroc: le doute enfin levé sur l’éventualité d’une année blanche
Le ministère de l’Éducation nationale, de la formation professionnelle, de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique a levé le doute sur le spectre d’une année blanche en annonçant mardi que les élèves ne retourneront en classe dans les établissements d’enseignement qu’au mois de septembre prochain et que l’éventualité d’une année blanche scolaire au Maroc est exclue.
L’annonce a été faite par le ministre de l’Éducation nationale, de la Formation professionnelle, de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, porte-parole du gouvernement, Saaid Amzazi dans sa réponse à une question centrale sur « le bilan de l’enseignement à distance et les perspectives de parachèvement de d’année scolaire » à la Chambre des conseillers.
Le département de tutelle a donc décidé que les élèves ne retourneront en classe dans les établissements d’enseignement qu’en mois de septembre prochain, tandis que les épreuves du baccalauréat seront maintenues à savoir l’examen national de la deuxième année du baccalauréat qui sera organisé en juillet et l’examen régional de la première année du baccalauréat, qui aura lieu en septembre, a expliqué Amzazi.
Il a également relevé que 70% à 75% des programmes d’études et de formations ont été accomplis avant la suspension des études le 16 mars, ce qui exclut totalement l’éventualité d’une année blanche, notant que l’enseignement à distance « ne peut en aucun cas remplacer l’enseignement en présentiel », mais que celui-ci a constitué la seule et meilleure solution durant les circonstances sanitaires actuelles pour assurer la continuité pédagogique.
Le ministère avait annoncé la suspension des cours dans toutes les classes du Royaume à partir du lundi 16 mars jusqu’à nouvel ordre, une décision qui s’inscrit dans le cadre des mesures préventives visant à prévenir la propagation du coronavirus (Covid-19), affirmant qu’il ne signifie aucunement l’instauration de vacances scolaires exceptionnelles mais juste l’arrêt des cours présentiels et leur remplacement par des cours à distance afin de permettre aux élèves et aux étudiants de rester chez eux et de poursuivre leurs études.
Il a été aussi décidé que tous les établissements d’enseignement et les établissements de formation des cadres relevant du département de l’éducation nationale resteront ouverts à tous les cadres administratifs et éducatifs, afin de garantir la continuité pédagogique à travers l’enseignement à distance.
Depuis l’annonce de la décision de fermeture des établissements d’enseignement, le ministère n’a cessé d’affirmer sa détermination de poursuivre l’année scolaire dans les meilleurs conditions possibles dans le cadre de l’état d’urgence sanitaire.
A ce sujet, Amzazi avait souligné le 15 mars dernier que toutes les mesures ont été prises en vue de garantir la continuité pédagogique et la réussite de l’enseignement à distance, d’autant plus que ce mécanisme est basé sur l’utilisation de la plateforme « TelmidTICE » qui se veut une interface entre les établissements d’enseignement, les enseignants et les apprenants, et les sites électroniques des institutions sur lesquels les enseignants déposeront un parterre de contenus numériques.
La continuité pédagogique, a-t-il poursuivi, devra, également, être assurée pour les familles ne disposant pas d’ordinateurs et n’ayant pas accès à internet, à travers la chaîne TV Arrâbia, notant que le ministère travaille avec la Société nationale de radiodiffusion et de télévision (SNRT) pour la diffusion de ces cours et que la priorité a été donnée aux élèves des niveaux de première et de deuxième année baccalauréat, de troisième année collège et de sixième année primaire.
Le département avait lancé, le 16 mars, l’opération de l’enseignement à distance via le portail électronique « TelmidTice » et sur la chaîne TV « Athaqafia » (culturelle). L’accès au portail est disponible via le lien « http://telmidTICE.men.gov.ma », sans mot de passe, et fournit des leçons regroupées selon la matière, le niveau et la branche d’étude.
Ainsi, près de 600.000 élèves accèdent quotidiennement à la plateforme « TelmidTice », selon un bilan général du processus d’enseignement à distance effectué depuis le lancement de cette opération le 16 mars jusqu’au 1er avril, tandis que le nombre des ressources numérisées produites a atteint 3.000.
S’agissant de la formation des enseignants cadres d’Académies régionales d’éducation et de formation, et des cadres de l’administration de l’éducation à distance qui se fait via le portail « e-Takwine », le nombre de bénéficiaires a totalisé 23.000 jusqu’au 1er avril.
Pour ce qui est de l’enseignement supérieur, les universités sont dotées de plateformes électroniques qui permettent aux professeurs de mettre à la disposition des étudiants les cours et les leçons avec un taux de couverture situé entre 80 et 100%, alors que les cours magistraux dédiés à la licence fondamentale sont été diffusées depuis le 25 mars sur la chaîne télévisée « Arriyadia ».
En matière de formation professionnelle, un portail électronique d’étude à distance a été lancé le 19 mars à l’initiative conjointe du ministère et de l’Office de formation professionnelle et de promotion de l’emploi (OFPPT), de même que de classes virtuelles « Teams » ont pu voir le jour ouvrant la voie à la communication directe entre formateurs et apprenants.
Selon un bilan d’étape établi par le ministère, le nombre de cours dispensés via les chaînes TV nationales durant deux semaines (16 mars-1er avril) a atteint 56 leçons par jour, soit un total de 730 leçons, alors que le nombre de cours filmés élaborés durant cette période a totalisé environ 2.600 aux niveaux central, régional et provincial.
Il a en outre soutenu la mise en place de l’enseignement à distance en lançant le 23 mars un outil participatif, intégré au système Massar, qui permet aux professeurs de communiquer directement avec leurs étudiants et d’organiser des sessions d’enseignement à distance à travers des cours virtuels.
Baptisée « Teams », cette plateforme permet également aux élèves de s’impliquer dans le processus d’apprentissage pédagogique, grâce à l’utilisation de présentations, de textes numériques ou de technologies audio ou vidéo.
Le nombre de classes virtuelles créées sur cette plateforme a atteint les 400.000, jusqu’au 1er avril, pour les établissements publics, avec un taux de couverture de 52% du total des classes. Du côté des écoles privées, le nombre de cours virtuels a atteint les 30.000, avec un taux de couverture de 15%.
Quant au nombre de bénéficiaires de ce service, il a atteint au 1er avril les 100.000 utilisateurs, ajoute le ministère, qui fait observer que ces chiffres augmentent de jour en jour.
Dans le cadre de la promotion de ce processus, le département a annoncé le 29 mars la poursuite de l’enseignement à distance et le report des vacances de printemps dans le but de permettre aux élèves et aux étudiants de continuer la formation à distance et poursuivre les cours programmés, relevant que des cours de soutien scolaire seront également intégrés, progressivement, lors des prochaines semaines.
Afin d’assurer le bon déroulement de la mise en oeuvre de l’enseignement à distance et en application des mesures sanitaires imposées, le ministère avait souligné le 18 mars que les cours de soutien en présentiel dispensés au sein d’établissements privés, de centres de soutien pédagogique, toutes catégories confondues, ou dans tous autres locaux ou à domicile étaient strictement interdits, conformément aux directives des autorités compétentes visant à endiguer la propagation du coronavirus (Covid-19).
En vue d’alléger la pression sur les élèves et les enseignants, le département de tutelle avait programmé des vacances scolaires du 27 avril au 3 mai 2020, à la lumière du prolongement de la période de confinement au Maroc jusqu’au 20 mai et afin de leur permettre de se reposer et de renouveler leur activité mentale et physique après des efforts considérables déployés par tous les cadres pédagogiques, universitaires, administratifs pour assurer la continuité des cours depuis le 16 mars 2020, l’assiduité démontrée par les élèves, étudiants et stagiaires, ainsi que l’implication des familles dans l’encadrement et le suivi de leurs enfants.
D’autre part, il avait annoncé le lancement d’un sondage d’opinion dédié aux élèves, aux parents et aux enseignants dans le but d’évaluer l’opération de l’enseignement à distance, expliquant que les résultats de ce sondage devraient déterminer la manière avec laquelle les apprenants, leurs parents et leurs enseignants doivent gérer ce nouveau dispositif qui remplace provisoirement l’enseignement présentiel.
Il s’agit aussi de s’attarder sur les points forts et les points faibles de cette opération et ce, afin d’examiner les acquis réalisés à travers l’offre pédagogique dispensée et l’améliorer davantage pendant la période restante ainsi que de renforcer les différents mécanismes de l’enseignement à distance à l’avenir, ajoute-t-on.
Parallèlement à ces mesures officielles visant à assurer le bon déroulement de l’année scolaire en dépit des difficultés de la période actuelle, le ministère a dû réagir aux rumeurs en particulier celles liées à « l’année blanche », en publiant des mise au point qui réfutent les allégations à ce sujet et éclairent l’opinion publique.
Il avait démenti, le 26 mars, les rumeurs qui circulent sur la publication d’un communiqué annonçant une année blanche, appelant la population à ne pas accorder de crédit à ces informations erronées et à vérifier toute information se rapportant au secteur de l’éducation, de la formation et de la recherche scientifique auprès des services compétents.
Le ministère avait encore une fois démenti, le 5 mai, avoir annoncé « une année blanche pour l’ensemble des niveaux scolaires à l’exception de certains d’entre eux », qualifiant de « Fake News » les informations contenues dans un communiqué circulant sur les réseaux sociaux, assurant que toutes les nouveautés concernant les examens ou les différentes opérations relatives à la clôture de l’actuelle année scolaire seront annoncées en temps opportun sur les canaux officiels du communication du ministère.
Grâce à l’enseignement à distance, le ministère a donc pu mener l’année scolaire et universitaire actuelle à bon port, une mesure qui met en avant les efforts déployés par le Royaume en vue d’endiguer la propagation du coronavirus (Covid-19).
S.L. (avec MAP)