Un ancien pilote de chasse des FRA raconte son calvaire à Tindouf
Durant plus de 25 ans d’emprisonnement dans les geôles de la honte du polisario, Ali Najab, ancien pilote de chasse des Forces royales air (FRA), capturé en 1978, a pu constater de visu que ses tortionnaires séparatistes recevaient de toute évidence leurs ordres des responsables algériens, ce qui dénote la mainmise sans ambages d’Alger sur les marionnettes polisariennes.
Dès sa capture le 10 septembre 1978, après que son Mirage F5 ait été touché par un missile sol-air, Najab fut ramené dans le bureau de Mohammed Abdelaziz. Mais celui-ci n’avait pas fini de poser deux questions « que trois officiers algériens sont rentrés dare-dare » pour prendre les choses en main et ordonner son transfert à Tindouf, se rappelle cet ancien capitaine dans un entretien à la MAP dans le cadre du concept « Face à la MAP ».
Depuis 1976, les Algériens emmenaient des prisonniers marocains au nord de l’Algérie, dans les centres de Blida, Chlef, Boufarik et autres, raconte celui qui vient de publier son ouvrage « 25 ans dans les geôles de Tindouf », dans lequel il reprend en détail son calvaire et celui d’autres aux mains des bourreaux séparatistes. « Quand de nouveaux prisonniers arrivaient à Rabouni, les Algériens arrivaient immédiatement pour les interrogatoires. Les Algériens quand ils débarquaient à Tindouf, c’était pour donner des ordres, point barre. Cela est clair et net », tranche Najab. Pour étayer cette triste vérité qui en dit long sur l’assujettissement du polisario face à l’Algérie, le capitaine se rappelle que, lors d’un meeting des responsables algériens auquel ont été emmenés les officiers marocains prisonniers, un lieutenant de l’armée algérienne a apostrophé le soi-disant premier ministre de la «rasd» de l’époque, Mohamed Lamine Ahmed, et l’a sommé de fermer une fenêtre que le vent avait ouverte.
« On se rend vite compte à quel point leur influence était considérable ! », assure-t-il. Interrogé sur la réaction des tortionnaires aux défections répétées de leurs responsables vers le Maroc, dans le cadre de l’appel de feu Hassan II « la Patrie est clémente et miséricordieuse », l’ex-pilote de chasse souligne que les polisariens s’imposaient un « mutisme complet ». L’effet de ses évasions sur les séparatistes n’avait d’égal que leur stupéfaction de voir le nombre et la qualité des dirigeants du monde qui ont pris part aux obsèques de feu Hassan II. « Ils ne s’attendaient pas à ce que feu Hassan II ait une popularité aussi grande. C’était une douche froide pour le polisario », se souvient-il. Revenant sur son ouvrage, Najab a souligné la nécessité de l’écriture en tant que devoir envers la Patrie et les générations futures, appelant les autres prisonniers de guerre marocains à s’y mettre également. Pour lui, « chaque prisonnier est un livre », en assurant que ces écrits vont servir aussi bien pour l’armée que pour l’histoire du Maroc. « Dix-huit ans de guerre pénible, très dure pour laquelle beaucoup de Marocains se sont sacrifiés, doit être connue dans l’histoire du Maroc».
Et c’est là aussi le message de Najab aux jeunes marocains qu’il exhorte à s’ouvrir sur l’Histoire de leur pays. « Laissez tomber un peu le Barça et le Real pour plongez dans l’Histoire de votre pays », leur conseille ce vétéran qui souligne l’impérieuse nécessité de se défaire du nihilisme et de voir la partie pleine du vase pour « s’employer à remplir la deuxième moitié ». À ses anciens geôliers qui rejoint le Maroc, leur mère-patrie, Ali Najab assure qu’il leur pardonne tout. « Si l’intérêt suprême du Maroc le dicte, je pardonne », dit-il sans ambiguïté. Najab insiste aussi sur un « devoir de reconnaissance » envers les martyrs qui ont donné leur vie pour la récupération du Sahara. Pour ce qui est des hommes tombés de l’autre côté, Najab est catégorique : « ce sont tous des martyrs d’une erreur historique ».
En conclusion, l’ex-prisonnier de guerre concède que l’emprisonnement n’était pas que souffrances. « Mon emprisonnement m’a donné deux choses: la satisfaction que le Maroc ait récupéré son Sahara, et la fierté d’avoir servi mon pays ».
S.L. (avec MAP)