Sahara: « le Maroc n’a jamais menacé de recourir à la force » (Omar Hilale)
Etes-vous satisfaits des consultations tenues cet par le Conseil de Sécurité sur la question du Sahara Marocain ?
Oui, nous sommes satisfaits du déroulement de cette réunion et ce pour plusieurs raisons :
La réunion ne s’est soldée par aucun outcome malgré l’insistance des quelques alliés traditionnels de nos adversaires au sein du Conseil ;
Le Conseil a balayé d’une seule main, la requête du « polisario », relayée par ses appuis, de demander l’arrêt de la construction de la route d’El Guergarate.
L’échec du « polisario » et ses alliés au conseil vient quinze jours après leurs revers lors des consultations du 28 août dernier et 48 heures après le rejet des Membres du Mouvement des Non Alignés de la tentative de son invitation au Sommet du Mouvement qui se tiendra la Semaine prochaine au Venezuela.
Un grand nombre des membres du Conseil a condamné les violations de l’Accord Militaire N.1 par le « polisario », ainsi que ses menaces de reprendre les hostilités en raison de la construction de la route.
Le Conseil s’est départi des tentatives de certaines parties de créer l’amalgame entre le processus politique et la crise d’El Guergerate.
La position du Maroc a-t-elle été bien comprise par les membres du Conseil ?
Bien évidemment. Tant cette Mission Permanente que le Ministère des Affaires Etrangères et de la Coopération ont mené, avant cette réunion, des démarches expresses et intensives, pour expliquer le bienfondé de la décision du Maroc d’assainir la zone d’El Guergerate et de goudronner la route reliant les provinces du Sud à la Mauritanie pour assurer la fluidité de la mobilité des personnes et des biens.
Il convient de souligner que le Maroc maintient un contact permanent et régulier avec les membres du Conseil de Sécurité aussi bien au niveau de New York, que de Rabat et de leurs capitales respectives.
Comme lors des consultations du 26 août dernier sur la Question Nationale, les membres du Conseil ont été attentifs à notre argumentaire, qu’ils ont repris lors de la réunion, au grand dam des adversaires de notre intégrité territoriale.
Quelle a été la réaction des membres du Conseil aux menaces de guerre proférées par le mouvement séparatiste ?
Je précise tout d’abord que le Secrétariat a reconnu que le « polisario » a violé de manière flagrante l’Accord Militaire de cessez le feu en envoyant dans la zone d’El guergarate des véhicules chargés d’armes massives de guerre et lui a instamment demander de retirer ses forces.
Pour leur part, les membres du Conseil ont été unanimes à appeler au respect de l’Accord Militaire N° 1, à la désescalade et à la retenue. Ce message s’adresse exclusivement au « polisario » qui a menacé de mener des actions militaires pour arrêter la construction de la route.
Pour sa part, le Maroc n’a à aucun moment menacé de recourir à la force, alors qu’il en dispose amplement. Nos vaillantes Forces Armées Royales sont prêtes à faire face à toute agression. Parallèlement à cette détermination, le Maroc a réaffirmé aux responsables onusiens qu’il fera preuve de retenue et qu’il reste attaché au respect du cessez-le-feu et de l’Accord Militaire N.1. Le Maroc a expliqué au Secrétariat de l’ONU et aux Membres du Conseil que les travaux qu’il mène à El Guergarate sont éminemment civils et limités dans le temps, et ce jusqu’à la finalisation de la construction de la route. Cet objectif est stratégiquement sécuritaire et le Maroc est résolument déterminé à le réaliser.
Pourquoi le Maroc insiste-t-il pour terminer cette route ?
Tout d’abord, c’est un petit tronçon de trois kilomètres et demi qui était un espace de non droit et où s’activaient tous les trafiquants de petites armes, d’êtres humains, de drogues et de voitures. D’où les sens de son appellation de « Kandahar ». Son nettoyage était devenu impératif pour des raisons éminemment sécuritaires.
La seconde phase de cette opération, consistant en le nivelage et l’asphaltage de cette route est terminée aux deux tiers. Cette opération d’assainissement et de construction a été menée en consultations avec les autorités mauritaniennes et en interaction avec la MINURSO. Bien plus, c’est une opération qui n’est interdite par aucune disposition de l’Accord Militaire N.1. Elle nécessite une simple notification. Ce que le Maroc a fait 24 heures après son lancement. Le Maroc maintiendra sa coopération fructueuse et confiante avec la MINURSO pour transcender cette crise.
Il convient de relever que le démantèlement jeudi dernier, d’un réseau international de trafic de drogue, composé de 4 éléments du « polisario », conforte les raisons ayant présidé à l’opération de nettoyage et de construction de la route. Les investigations menées par la Brigade Nationale de la Police Judiciaire ont confirmé preuves et aveux des prévenus à l’appui, les liens directs et avérés entre d’une part, ce réseau de trafic des drogues, et ceux opérant dans la région, et d’autre part, les groupes terroristes opérant au nord du Mali. Elles ont, en outre, confirmé l’implication des hauts responsables du « polisario » dans ce trafic de drogues.
J’ai personnellement saisi le Secrétaire Général de l’ONU au sujet de ces graves éléments d’investigation, qui confortent les alertes du Maroc depuis plusieurs années.
Pourquoi l’Envoyé Personnel Christopher Ross est-il intervenu durant ce briefing, alors que le Conseil s’est penché sur la question d’El Guergarate ?
Comme vous, plusieurs membres du Conseil se sont posés la même question. D’où le peu d’intérêt accordé par les membres du Conseil au processus politique durant les consultations d’aujourd’hui. A cet égard, le Maroc a exprimé aux membres du Conseil ses craintes pour la confusion entre le processus politique, que le Maroc a initié en présentant l’Initiative d’Autonomie, et la violation du cessez-le-feu par le « polisario » et ses menaces contre la paix et la sécurité régionales.
Le cessez-le-feu, qui est la success story de la MINURSO depuis un quart de siècle, ne doit pas être instrumentalisé, ni devenir victime des aléas du processus politique.
L’Envoyé Personnel a-t-il réellement demandé d’effectuer une tournée dans la région ?
Effectivement, il en avait saisi le Maroc. Notre réponse a été claire à M. Ross. Le contexte actuel n’est pas idoine pour une pareille visite. Le Maroc est en pleine campagne électorale pour les élections législatives et il y’aura, juste après, un nouveau gouvernement. Son prédécesseur M. Peter Van Walsum s’était abstenu, de son plein gré, de se rendre dans la région durant les élections législatives de 2007. Ces raisons légitimes ont été bien comprises par les membres du Conseil de Sécurité.
MAP