A cause des menaces, il n’y aura plus de bénévoles belges au Maroc
De jeunes ressortissantes belges se sont rendues au Maroc pour aménager une route et désenclaver un village à Taroudant.
Âgées entre 15 et 20 ans, ces jeunes, qui se sont portées volontaires pour aider cette région, ont été bien accueillies par les habitants. Ces derniers n’ont pas manqué de les remercier pour cette initiative. Les jeunes Belges ont loué l’hospitalité des Marocains et exprimé leur fierté après avoir réussi à désenclaver ce village.
Cette action a également ému la Toile et les internautes qui ont encensé les jeunes volontaires, tirant à boulets rouges sur les responsables, indifférents selon eux aux maux des habitants de la région. Mais les choses ont ensuite pris une autre tournure…
« L’ASBL flamande Bouworde a finalement décidé de ne plus envoyer, cet été, de nouvelles équipes de bénévoles au Maroc », affirme la presse belge. L’association Bouworde avait envoyé ces jeunes filles dans le village d’Adar. L’ambassade a assuré que « le groupe n’est pas en danger ». « Nous avons en revanche reçu le conseil de ne plus envoyer de nouveaux groupes au Maroc. Nous allons suivre cet avis », indique Karen Heylighen, porte-parole de l’association.
Rappelons que le député PJDiste Ali El Asri a violemment critiqué les touristes belges qui se sont rendus à Taroudant à cause de leurs tenues vestimentaires. Les bénévoles, qui se sont occupées du réaménagement d’une route pour désenclaver un village étaient vêtues de shorts et de tee-shirts, ce qui a déplu au politicien.
«Depuis quand les Européens travaillent-ils en tenues de plage sur les chantiers ? Tout le monde sait qu’ils sont exigeants en matière de sécurité. Personne ne peut accéder à un chantier de construction sans se couvrir et mettre un casque et des gants», s’est insurgé Ali El Asri.
Plus grave encore, la Brigade nationale de la police judiciaire, en étroite coordination avec les services de la Direction générale de la surveillance du territoire, a arrêté lundi soir un enseignant d’école primaire.
Selon un communiqué de la Direction générale de la sûreté nationale (DGSN), le mis en cause (26 ans) a été interpellé dans la ville de Ksar El Kébir après avoir publié un post sur Facebook dans lequel il faisait l’apologie du terrorisme et incitait à des actes criminels dangereux à l’encontre des touristes belges faisant du bénévolat.
Les fouilles effectuées dans le cadre de cette affaire ont permis la saisie d’un ordinateur portable et d’un téléphone mobile que le suspect aurait utilisés pour publier le post relatif au terrorisme et à l’extrémisme, a précisé la même source. Le suspect a été placé en garde à vue à la disposition de l’enquête menée sous la supervision du parquet spécialisé dans les affaires de terrorisme, en vue de déterminer les tenants et aboutissants de cette affaire et l’ensemble de ses mobiles et circonstances, conclut le communiqué.
Plusieurs acteurs marocains ont ensuite lancé un appel: « S(h)ortons-les ces propagateurs de haine, ne leur donnons plus d’audience, montrons-leur que le Maroc, c’est nous et que nous sommes la solution ! », lit-on dans cet appel signé jusqu’à présent par une cinquantaine de personnalités et d’acteurs marocains de tous bords (journalistes, universitaires, acteurs associatifs, écrivains, artistes, cinéastes …). De jeunes filles belges -dans le cadre d’une mission humanitaire- viennent construire une route pour désenclaver une ville près de Taroudant, elles sont vêtues de shorts, de T-Shirts, de débardeurs…Quoi de plus normal, banal, habituel, rappellent les signataires, soulignant qu’un enseignant appelle à les décapiter, alors qu’un député PJD s’insurge au prétexte qu’elles viendraient « importer la débauche européenne »…
« Marchons-nous sur la tête, allons-nous nous laisser tirer vers le fond ! ». « Ils ne sont pas LE Maroc ! », notent-ils.
« Nous Marocain(e)s, Marocains du monde, Marocain(e)s de cœur, Non-Marocains vivant au Maroc, Touristes, Hommes et Femmes ami(e)s du Maroc…leur dénions le droit de parler en notre nom ! », soulignent les signataires de l’appel qui, par cette initiative, tiennent à assurer les jeunes filles belges du soutien des Marocains, de leur amitié et de leurs remerciements fraternels.
Ils demandent par la même que l’enseignant soit poursuivi pour apologie du terrorisme et que le député remette sa démission, estimant qu ’ »il n’est pas acceptable que de tels individus prennent ainsi en otage toute une population ».
Soufiane Laraki