Rentrée scolaire: Garde des enfants, le grand calvaire des parents
A chaque reprise du travail, trouver un espace adéquat pour garder les enfants, est le souci majeur des parents qui se précipitent aux portes des crèches ou des garderies pour réserver une place pour leurs progénitures pendant les heures du travail.
Obligation plutôt que choix, les jeunes couples marocains n’ont d’autre alternative que de recourir à ces structures étant donné leur vie active, faisant face à un marché florissant mais saturé et marqué par une demande galopante.
Ainsi, de plus en plus de parents y ont recours pour pouvoir vaquer à leurs activités professionnelles ou tout simplement par souci de voir leurs petits acquérir quelques connaissances de base avant l’entame du cycle primaire.
En effet, les jeunes couples d’aujourd’hui optent souvent pour ces nouvelles formes de babysitting au lieu des modes traditionnels, notamment la garde des grands parents ou des nounous.
« L’enfant a besoin d’une éducation pédagogique, stimulant son éveil, que ni la nounou ni les grands parents ne pourraient lui fournir », affirme Ouissam, mère d’un bébé de neuf mois placé récemment dans une crèche à Rabat. Comme elle, un nombre croissant de mères placent chaque année leurs enfants aux crèches leur offrant sécurité, partage, apprentissage de la vie en société, préparation à la collectivité (école) et éveil.
Ces crèches permettent d’éviter l’éducation passive offerte à la maison. Elles mettent en éveil les différentes capacités des enfants en les familiarisant avec la vie en groupe dès leur jeune âge. C’est ce que les pédagogues appellent la socialisation. Ces services de garde collective permettent à l’enfant d’entretenir des relations chaleureuses avec les autres, de développer ses habiletés et de stimuler son goût d’apprendre.
Néanmoins, réserver une place au niveau de ces établissements relève du parcours du combattant, surtout pour les nouveaux parents. La liste est presque comble avant même la rentrée, avec quelques places libres, occupées auparavant par des enfants qui quittent cet espace pour être scolarisés dans l’école primaire.
Outre les difficultés d’inscription dues à la forte demande, les tarifs s’avèrent parfois très élevés, et la qualité d’accueil laisse à désirer.
« Il faut que la garderie ne soit pas trop éloignée du domicile, que le coût soit abordable et que l’encadrement soit de qualité », souligne Amina, mère de 2 enfants de 1 et 3 ans.
Selon plusieurs responsables de crèches à Rabat, la facture mensuelle varie entre 1 500 et 2 200 DH par mois, en plus des frais d’inscription qui se montent désormais à 3.000 DH. Ces tarifs ne sont toutefois pratiqués que par les crèches huppées et bien situées. Dans d’autres, le tarif moyen est moins élevé ce qui se justifie par la qualité du service.
De l’avis de nombreuses familles, en dépit des prix élevés de ces établissements, les conditions d’accueil des enfants, dans nombre de garderies, ne sont soumises à aucune norme. L’incompétence du personnel exerçant dans les garderies, la surcharge, l’absence de règles de sécurité et d’hygiène, la maltraitance, la gestion chaotique et la négligence, sont autant de déficits relevés dans ce domaine.
En résumé, l’activité pédagogique n’est pas totalement absente, mais reste relative selon le personnel employé dans chaque établissement.
Nombre de parents ne se rendent pas à leur lieu de travail en ayant l’esprit tranquille. Malgré la prise de conscience de ces derniers sur cette amère réalité, quelques-uns se disent contraints de subir cette négligence, car n’ayant aucun autre recours, ils se retrouvent à la merci des propriétaires de ces garderies.
Les crèches sont régies par la loi 40-04 publiée au Bulletin officiel du 20 novembre 2008. Chaque année, elles accueillent en moyenne une centaine d’enfants de trois mois révolus à quatre ans, généralement répartis en classe de 15 et encadrés par deux à trois éducatrices. Sans compter les aides éducatrices qui sont chargées de donner les biberons ou encore de changer les enfants. Mais ce n’est pas la règle car, dans plusieurs cas, les éducatrices n’ont pas d’aide et assurent elles-mêmes une prise en charge totale des enfants et encore faut-il qu’elles soient formées pour assurer le minimum. Le secteur souffre manifestement d’un manque de ressources humaines qualifiées.
Il n’existe pas de filière de formation d’éducatrices, et les crèches sont parfois contraintes de recruter des puéricultrices qu’elles forment en interne ou bien se rabattent sur des institutrices du primaire.
Déséquilibre entre l’offre et la demande, manque de ressources humaines qualifiées et hausse des prix, nombre de facteurs qui font de la garde de nos progénitures un calvaire permanent une fois les vacances sont finies…un souci qui hante les jeunes parents d’aujourd’hui.
Hajar ERRAJI (MAP)