Ouarzazate: Quand un roman conduit son auteur au tribunal
Tout le monde s’accorde à dire que le Maroc a dépassé l’étape des procès iniques. Mais l’histoire d’un écrivain démontre que le ciel du pays n’est pas toujours clair.
Le Président du Forum de la vérité et de l’équité Mustapha El Manouzi a déclaré que son organisation allait soutenir l’écrivain Aziz Benhaddouch qui a été poursuivi et condamné par le tribunal de première instance de Ouarzazate, le mardi 2 août dernier, à une peine de deux mois de prison avec sursis et à une amende de 1000 dirhams.
Ce procès était intervenu après la parution, en 2014, du roman « L’île des hommes », dans lequel Aziz Benhaddouch raconte l’histoire de plusieurs familles de cette région qui cachent les décès de certains de leurs enfants pour pouvoir continuer à percevoir les allocations familiales.
A l’opposé, certaines autres familles inscrivent les naissances d’enfants dans le livret familial de leurs proches ou voisins dans la tribu pour bénéficier des allocations. Cette situation génère des conflits inextricables en cas de décès et de procédure de répartition de l’héritage.
Cette fiction a été dénoncée par des familles de la région de Ouarzazate qui y ont vu des ressemblances avec leurs situations. Le romancier a été attaqué et blessé gravement par certains membres de ces familles, qui ont ensuite déposé plainte pour diffamation.
Plusieurs organisations de défense des droits de l’Homme, tel Bayt El Hikma, ou encore l’organisation pour les libertés d’expression et des médias, ainsi que l’Union des écrivains du Maroc, considèrent que ce procès viole la constitution marocaine et se portent volontaires pour soutenir l’écrivain en appel.
T.J