Les plages d’Assilah en danger
Pendant une grande partie de l’année, les plages de la ville du nord, Assilah, demeurent peu fréquentées, calmes et relaxantes. Néanmoins, dès le début de la saison estivale, une foule de touristes se prélassent sur son sable. Ils ne réalisent pas que leurs jours sont comptés sur ces plages réputées parmi les plus belles du royaume.
Depuis une décennie, les côtes d’Assilah sont de plus en plus ravagées. Leur beauté naturelle a été dévastée à cause des années d’extraction massive de sable. Actuellement, les plages de la ville artistique du nord s’en retrouve presque dénudées. Cette situation désastreuse cause de véritables dégâts environnementaux et menace le secteur de l’industrie considéré comme la seule ressource financière de la ville.
L’extraction de sable a augmenté entre 2012 et 2014 quand Assilah a été l’objet d’une forte demande de projets de construction d’immeubles et de complexes hôteliers. Lors du boom immobilier, plusieurs constructeurs ont commencé à chercher une alternative moins chère au ciment. Ils préfèrent exploiter le sable marin des plages voisines afin de le mélanger à leur propre béton. Or, après plusieurs années d’extraction massive, il est devenu évident que la nature a du mal à suivre le rythme du déplacement artificiel.
La majorité de ceux qui contribuent à cette destruction des plages d’Assilah sont des jeunes de la région au chômage qui acceptent à contrecœur ce travail fatiguant mais bien payé. Accompagnés d’enfants d’une douzaine d’années, ils se dirigent vers les plages avec des sacs de farine qu’ils remplissent de sable. Après des heures d’extraction, la plage pillée de son trésor ressemble généralement à la surface de la lune avec des cratères énormes et irremplaçables.
Assilah n’est pas la seule ville à souffrir de ce fléau. Des opérations similaires ont aussi touché les villes de Larache, Kénitra et Dakhla où plusieurs kilomètres de plages ont été détruits à cause de la folie industrielle des promoteurs immobiliers. La principale raison est la demande du ciment pour lequel le sable est un ingrédient essentiel.
Actuellement, l’extraction de sable à Assilah s’est amenuisée. Beaucoup de projets restent inachevés à cause de l’arrêt des travaux des promoteurs immobiliers qui ne pouvaient plus se permettre les charges des constructions. Malgré cela, l’impact sur l’environnement et l’écosystème de la ville est malheureusement bien visible.
Derrière la médina d’Assilah, l’exposition des roches révèle que de grandes quantités de sable ont été enlevées. Son absence a poussé le littoral à se déplacer, permettant aux marées hautes d’avancer au-delà de leur seuil naturel d’auparavant.
D’après les experts, la perte de sable représente un réel danger environnemental. Elle peut causer une érosion qui permettra aux vagues et aux ondes de tempête de menacer l’intérieur des terres et les zones basses. Il est important de reconnaître que les plages font partie de l’écosystème qui offre un environnement précieux et un habitat pour la faune et la flore. Les conséquences possibles de l’extraction de sable ne se limitent pas aux rivages, mais peuvent se propager dans les estuaires et d’autres habitats tels que les dunes et les marais très reliés à l’océan.
Cette année, afin de ne pas effrayer les touristes, des tonnes de sable ont dû être importés afin de remplir les grands trous des plages. Cette mesure n’est malheureusement que temporaire et ne pourra pas régler entièrement le problème.
Le Maroc a besoin de davantage de campagnes de sensibilisation afin d’arriver à conserver et à préserver l’écosystème. Ceci implique de mettre l’accent sur la stabilisation de la végétation et des plages tout en interdisant l’exploitation du sable naturel marin.
M. D.