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Sommet de Nouakchott: le roi insiste sur l’union des pays arabes

Le roi Mohammed VI a adressé un discours au 27e sommet arabe qui a ouvert ses travaux lundi dans la capitale mauritanienne, Nouakchott. Voici les grandes lignes du discours royal dont lecture a été donnée par le ministre des affaires étrangères et de la coopération, M. Salaheddine Mezouar:

«Le fait, pour le royaume du Maroc, de surseoir à son droit d’organiser le sommet arabe, ne signifie pas que le Maroc renonce à l’action arabe commune, ou qu’il réduit à néant tout effort dédié à la réussite de la vingt-septième session, qui nous rassemble aujourd’hui, et dont la Mauritanie sœur a bien voulu accueillir les assises. Cette décision a été plutôt dictée par le devoir de procéder à une analyse objective et impartiale de la réalité arabe et par la nécessité d’attirer l’attention sur les périls, internes et externes, visant le démembrement des pays arabes. Nous galvaniserons ainsi les volontés pour faire face à ces plans, recouvrer le pouvoir de décision et esquisser les contours d’un avenir répondant aux aspirations de nos peuples en matière de développement, et digne de la place de notre nation arabe dans le concert des civilisations.

Il va de soi que le propos, ici, n’est pas de donner des leçons ou de rivaliser à faire les meilleures lectures. Il s’agit plutôt de raffermir la conscience collective quant à l’inéluctable nécessité de s’unir pour défendre l’option de gagner le pari civilisationnel qu’est la construction de l’Etat moderne, fondé sur la citoyenneté, le droit et l’attachement à l’intégrité territoriale et à la souveraineté nationale.

– Depuis quand la division a-t-elle été source de force ? Sommes-nous capables d’affronter individuellement les défis communs sans nous compléter les uns les autres ?

– Les solutions clé en main empruntées, les théories fumeuses inventées de toutes pièces et les velléités séparatistes ne nous ont-elles pas précipités dans un engrenage d’émiettement sans fin, réduisant à terme l’Etat à la portion de quartier ou de «hara» ?

– La souveraineté de l’Etat n’a-t-elle pas été foulée aux pieds sous prétexte de défendre un rite, une communauté ou un credo déterminés, alors que l’esprit de citoyenneté est sacrifié au profit d’allégeances n’ayant d’autre visée que de manipuler les esprits et d’instaurer l’hégémonie ?

S’il est un jihad bénéfique, c’est bien celui qui est livré contre soi-même. Un jihad destiné à bâtir la confiance et à assainir l’atmosphère pour parvenir à régler nos problèmes entre nous, loin des influences extérieures qui compliquent davantage ces questions et diffèrent leur règlement, avec ce qu’il en résulte comme dilapidation des efforts et épuisement des énergies et des ressources.

Tel est le cercle vicieux dans lequel nous nous sommes fourvoyés, et qui a été l’une des principales raisons d’affaiblissement de notre rôle dans le règlement de nos questions arabes, comme la crise en Libye, au Yémen, en Syrie, en Irak et au Liban. Cette spirale a aussi entamé notre aptitude à contribuer, avec toute l’efficacité et la hauteur de vue nécessaires, au traitement du phénomène du terrorisme, qui ronge les esprits de certains de nos citoyens, et qui met à mal la sécurité et la sûreté de nos pays.

– Comment est-il concevable que nous ne soyons pas les premiers à mettre au point les stratégies multidimensionnelles et les plans opérationnels rigoureux pour faire face à ce fléau dévastateur dont nous sommes la source et le point de mire ?

– Est-ce faire prévaloir notre religion islamique tolérante, religion du juste milieu et de la modération, que de laisser les extrémistes et les terroristes la pervertir obstinément pour justifier leurs actes criminels perpétrés contre les pays et les populations, sans que nous ne réfutions adéquatement leurs interprétations tendancieuses et leurs thèses fallacieuses ?

– Est-il juste qu’on nous colle, ainsi qu’à nos enfants après nous, une image défigurée parmi les nations, alors que nous sommes aussi porteurs du message des Lumières, que nous comptons à notre actif des contributions notoirement connues à l’édification de la civilisation humaine, et que nous nous faisons un devoir de rester en interaction avec les autres nations, dans l’intérêt bien compris de l’humanité ?

Il se leurre celui qui pense être capable tout seul, et par ses propres moyens uniquement, de se prémunir contre le terrorisme, sans coopération ni coordination avec son environnement et le monde autour de lui. De fait, ce phénomène, tel que nous le connaissons, enjambe les frontières, tant et si bien qu’il n’y a d’autre moyen de l’éradiquer que d’œuvrer collectivement en faveur de la sécurité et du développement.

(…)

Il est clair que la communauté internationale est largement responsable du fait que le règlement juste de la question palestinienne est encore en sursis. Une chose est certaine : ce piétinement résulte du refus d’Israël d’interagir positivement avec les résolutions de la légalité internationale, et de sa poursuite de la politique de colonisation qui saborde de jour en jour la solution des deux Etats : l’Etat d’Israël et l’Etat de Palestine. Ce dernier s’établissant sur ses territoires occupés en 1967 et jouissant des attributs de souveraineté et de viabilité.

En tant qu’Arabes, nous avons présenté «L’initiative de paix arabe» depuis 2002, et nous continuons à la soumettre comme base pour instaurer la sécurité, la paix et le développement intégré dans la région. Néanmoins, nous attirons l’attention sur le fait que la persistance de la situation actuelle et la tentative d’imposer la politique du fait accompli ne serviront à rien, pas plus qu’elles ne changeront l’Histoire.

Quant à la situation à Al-Qods Al-Charif, Nous insistons en Notre qualité de président du Comité Al-Qods, issu de l’Organisation de la coopération islamique, sur la nécessité de protéger le cachet arabo-islamique de la ville et de préserver son statut légal en tant que partie intégrante des territoires palestiniens occupés en 1967, et comme capitale de l’Etat de Palestine indépendant. Nous soulignons que méconnaître cette situation ou tenter de judaïser Al-Qods orientale constitue une atteinte à l’identité et aux racines et un moyen de semer la discorde.

C’est notre attachement à la paix qui justifie notre soutien aux initiatives sérieuses visant à réunir les conditions idoines et les motivations réalistes pour concrétiser la solution des deux Etats, notamment l’initiative française à la portée internationale globale et la démarche égyptienne à l’impact régional empreint de réalisme. C’est une exigence qui cadre avec Notre appel pour la relance des négociations entre les deux parties israélienne et palestinienne, des négociations dont nous ne voulons pas qu’elles soient sans objectif ou sans cadre, pas plus qu’elles ne doivent avoir lieu alors que les facteurs ayant conduit auparavant à leur échec persistent encore.

L’unification du rang palestinien et l’appui à la direction palestinienne, sous la présidence de Notre frère, Son Excellence, monsieur Mahmoud Abbas, président de l’Etat de Palestine, constituent deux facteurs essentiels allant dans ce sens et n’ayant d’égal que l’attachement sincère à soutenir la cause palestinienne, loin de toute instrumentalisation politicienne et de toutes projections artificielles.

(….)

Le plus grand défi consiste à remporter le combat pour le développement en rattrapant le retard accusé au niveau des processus de construction de nos capacités permettant de remédier aux différentes formes de pauvreté et de précarité sévissant dans nos pays et de transcender les entraves à l’essor de notre coopération économique et commerciale.

Aussi, nous devons rester focalisés sur l’impératif de trouver et mettre en place une architecture de partenariats appropriés entre les membres de la maison arabe, en fonction des besoins, des priorités et des espaces. Le but est de renforcer le volet développement de notre action commune en mobilisant toutes nos capacités propres pour permettre au citoyen arabe de vivre dans la dignité et la quiétude.

Nous ne manquons pas de créativité, de ressources humaines qualifiées, de cadre institutionnel requis ou de richesses naturelles incitatives. Ce dont nous avons besoin, c’est de renforcer la foi dans l’investissement pour l’avenir, la solidarité effective et la rentabilisation graduelle et patiente.

La réalisation de projets de développement, à la lumière de ces principes, conformément à cette architecture et sur la base d’une approche participative, notamment avec le secteur privé, est de nature à faire émerger des success stories, qui forment autant de motifs réels pour favoriser l’afflux des investissements et encourager la compétition autour des projets, partout dans le monde arabe.

Notre espoir est grand de pouvoir parler aujourd’hui avec un esprit de solidarité, et de voir nos enfants récolter demain les fruits de projets structurants, économiques et commerciaux, techniques, scientifiques et culturels, réalisés dans le cadre de la Ligue des Etats arabes. Celle-ci grandira ainsi aux yeux des citoyens arabes, accédera à la place qui lui échoit dans la dynamisation des échanges et de la coopération entre les autres groupements régionaux et impactera positivement l’économie mondiale.»


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