Raïssouni plaide en faveur de cimetières pour athées
Si certain(e)s veulent des plages pour femmes, d’autres veulent des cimetières civils. Les débats sociaux et politiques au Maroc commencent à transcender tous les tabous. Une nouvelle ère qui n’épargne aucun sujet, même ceux qui jusqu’ici pouvaient surprendre les Marocains.
Il y a quelques mois, le grand poète et militant de gauche Abdellatif Lâabi s’est déclaré contre le rituel d’accompagnement d’une personne décédée non croyante à la mosquée pour la prière du mort (salat al janaza). L’information est passée presque inaperçue et aucune réaction n’a été enregistrée.
Mais plus récemment, l’opinion publique a été surprise d’entendre Ahmed Raïssouni, le vice-président de l’Union internationale des oulémas, c’est-à-dire l’adjoint de Youssef al- Qaradâwî, évoquer ce sujet.
En effet, ce théologien, ex-président du mouvement de l’unicité et de la réforme (Attawhid Wal Islah), proche du PJD, a annoncé une fatwa selon laquelle il serait juste de réserver des cimetières aux non-croyants, car «tous les rites musulmans s’accordent sur le fait que les non-musulmans ne sont pas autorisés à être enterrés dans des cimetières pour musulmans, de même qu’il est interdit de leur consacrer la prière du mort au sein des mosquées».
Ahmed Raïssouni ajoute qu’il avait lu une déclaration d’un militant marocain, représentant d’une organisation de défense des droits de l’homme, qui disait souhaiter l’aménagement de cimetières civils pour les non-croyants, car cela constitue un droit fondamental et inaliénable.
Le théologien a tenu à apporter d’autres précisions à ce sujet : «Les non-croyants n’ont pas de place dans les cimetières et les mosquées pour musulmans, même si leurs proches en expriment le souhait. Et le contraire est aussi valable ; les musulmans ne pourront pas être enterrés dans les cimetières pour non-croyants. En outre, les musulmans ne peuvent pas hériter de personnes athées et vice-versa, même si les héritiers sont des proches directs du défunt.»
Après cette déclaration fracassante, le débat est ouvert !
T.J.