Vers la suppression de la gratuité dans l’enseignement public?
Lors de son indépendance, le Maroc a soutenu l’école publique en instaurant un régime de gratuité. Aujourd’hui, il semble qu’une remise en cause de ce principe pointe à l’horizon.
Le Conseil supérieur de l’enseignement a tenu dernièrement une session ordinaire consacrée notamment à l’examen de la question de la gratuité de l’enseignement public.
D’emblée, cette question a suscité un vif débat entre les intervenants. Deux clans se sont opposés face à cette problématique ne cessant d’alimenter la polémique.
Le clan favorable à la suppression du principe de la gratuité s’appuie sur l’argument selon lequel les résultats obtenus par le secteur ne sont pas au niveau de l’effort consenti par l’Etat. En effet, 26% du budget sont alloués à l’enseignement public dans toutes ses catégorie, ce qui représente, à leurs yeux, un fardeau énorme, nullement compensé par le rendement souhaité.
L’autre clan s’appuie sur des considérations constitutionnelles et sociales qui lui font dire que l’Etat est le garant de l’éducation pour tous, dans un esprit d’égalité des chances des citoyens. L’Etat a l’obligation morale de prendre en charge ce secteur comme cela se fait dans beaucoup de pays démocratiques, comme la France ou la Grande Bretagne, où la gratuité est un principe fondamental. Par conséquent, ce principe est une ligne rouge à ne pas dépasser.
Le débat autour de cette question va se poursuivre, annonce le président délégué du Conseil supérieur de l’enseignement, Omar Azziman, tout en souhaitant qu’il s’approfondisse davantage. En tout cas, ce Conseil a déjà décidé de suspendre le débat qui sera reconduit après les élections pour ne pas en faire un sujet de surenchère politique.
Au Maroc, presque 10% de l’effectif des écoliers, lycéens et étudiants, poursuivent leurs études dans des établissements privés, réputés plus compétitifs que ceux du public.
M.D.