Maroc

Royal Air Maroc: les revendications extravagantes des pilotes

La crise qui persiste entre la Royal Air Maroc (RAM) et ses pilotes ne semble pas prête de s’estomper. Depuis le début de ces tensions, qui continuent d’impacter l’activité de la compagnie, plus de 208 vols ont été annulés.

Les pilotes, qui refusent de parler de « grève », ont exprimé leur refus d’opérer les vols lors de leurs jours de repos, en plus de demander une révision de leurs salaires. Des revendications qui pourraient conduire la compagnie nationale à la faillite.

Des salaires astronomiques

Selon une source bien informée de Le Site Info, les pilotes exigent des augmentations de salaires dont le budget total atteint 200 millions de dirhams supplémentaires par an. « Ces revendications salariales sont astronomiques et ne peuvent être réalisées. Ils poussent l’entreprise à la faillite. D’ailleurs, un certain nombre de pilotes s’opposent aux demandes émises par leur association », affirme-t-elle.

Et d’ajouter que la solution proposée par la RAM à ses pilotes est « très raisonnable ». Celle-ci prévoit une augmentation progressive des salaires sur trois ans, soulignant que la dernière augmentation remonte à seulement quatre ans.

L’Association marocaine des pilotes de ligne (AMPL) -que nous avons tenté de joindre sans succès-, demande en effet une augmentation de 30.000 dirhams pour les commandants de bord qui touchent déjà 150.000 dirhams, et 15.000 dirhams pour les co-pilotes pour toucher un salaire mensuel de 100.000 dirhams. Aussi, il est exigé que les jeunes pilotes empochent dès le premier mois de leur activité la somme de 80.000 dirhams.

A noter par ailleurs que la masse salariale de la RAM s’établit à 2,5 milliards de dirhams pour un total de 4000 salariés. La part réservée aux pilotes et co-pilotes (au nombre de 500) s’élève à 1,3 milliard de dirhams, soit une moyenne de 2,6 millions de dirhams par pilote par an et 217.000 DH par mois. Et avec les revendications exigées, le montant grimpera à 1,5 milliard de DH soit plus de la moitié de la masse salariale de l’entreprise. « Comment cela pourrait être possible? » se demande notre source, qui précise que d’autres employés de la compagnie, qui assurent des missions capitales, n’obtiennent pas ces salaires.

Ces employés, au nombre de 3500 (hôtesses, stewards, commerciaux, techniciens…) coûtent à la compagnie 1,2 milliard de dirhams (343.000 DH par employé par an et 28.600 DH par mois).

Les pilotes marocains veulent en effet s’aligner sur les salaires des pilotes français, malgré la différence du niveau de vie entre le Maroc et la France, note notre source. Selon Capital.fr, un pilote français touche 180.000 dirhams par mois alors que 130.000 DH sont accordés aux co-pilotes.

Refus systématique de tout compromis

Pour sortir de cette crise, la RAM a proposé une solution, en acceptant une (nouvelle) augmentation progressive de salaires au profit des pilotes sur une durée de 3 ans, pour éviter tout déséquilibre de la structure financière de l’entreprise.

« Cette proposition a été rejetée par les pilotes, qui veulent une augmentation en une seule fois. Ce qui est très compliqué pour la RAM », indique notre source.

Cependant, les demandes des pilotes ne s’arrêtent pas là. Ils exigent également la réouverture de l’école de formation de pilotes fermée par l’ancien PDG de la RAM, Driss Benhima, après avoir constaté que certains d’entre eux (pilotes) favorisent l’accès de leurs proches à cette école.

Toujours selon notre source, les pilotes exigent également que l’ensemble de l’équipage séjourne dans un hôtel cinq étoiles. « Les pilotes séjournent dans des hôtels cinq étoiles, dont un établissement à New York où la nuit est facturée à 4000 dirhams. Comment l’entreprise peut-elle ajouter de telles dépenses pour le reste de l’équipage? », s’interroge-t-elle.

Soufiane Laraki


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