Quand trois religions se réunissent autour d’un ftour à Casa
Mercredi soir, plus de 150 personnes ont répondu à l’invitation de l’Association Marocains Pluriels et du SOC (Stade Casablancais Simon Pinto) qui organisaient un ftour pas tout à fait comme les autres.
« Dans un contexte international marqué par la barbarie, la haine, la violence et les larmes, il est important de montrer qu’au Maroc il est possible de réunir musulmans, juifs et chrétiens pour partager des liens et diffuser des messages de paix et de fraternité », a déclaré Ahmed Ghayat, président de l’association Marocains pluriels dans son discours d’ouverture. Il a ajouté : « Le ramadan, c’est une opportunité pour les gens de se réunir autour d’une cause commune ».
Après le ftour, les représentants des trois religions, l’imam Ayoub, le père Pierre Julien, représentant l’archevêque de Rabat, et le grand rabbin de Casablanca, ont tour à tour fait des prières.
Une minute de silence a été respectée pour le drame d’Orlando. La consule générale des Etats-Unis à Casablanca, Nicole Theriot, s’est exprimée en français. Elle a affirmé que « nos deux nations savent qu’elles peuvent compter l’une sur l’autre pour la lutte contre le terrorisme ».
« Ce qui se passe ce soir n’aurait jamais pu arriver il y a dix ou vingt ans au Maroc… », a commenté André Azoulay qui présidait cette rencontre. Lors d’un discours qui aura marqué l’assemblée, le conseiller du roi est revenu sur le miracle permanent que vit le Maroc. Il a insisté sur le message important que peut donner le royaume au reste du monde puisque les trois religions y cohabitent dans la paix et le respect.
« Allah ou Akbar »
Interrompu par l’appel à la prière lors de son discours, André Azoulay a attendu la fin de Al Adan pour reprendre la parole, en signe de respect. L’émotion était à son comble au moment où il a expliqué que cet appel à la prière n’était pas le fruit du hasard, mais plutôt un symbole très fort.
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La professeure Soumaya Guessous a également impressionné l’assemblée : «J’ai des élèves qui détestaient les juifs…ils avaient la haine contre eux. Je les ai obligés à visiter des synagogues et à rencontrer des gens de confession juive, faute de quoi ils auraient un 0. Ils sont revenus complètement changés et voulaient dire pardon aux juifs qu’ils avaient très mal jugés ». Son intervention a été saluée par André Azoulay qui a affirmé que cet exemple devait « être connu ».
Le consul général de France, Arnaud de Sury, a aussi prononcé quelques mots lors de cette soirée. Il est revenu sur les valeurs de « Liberté, Égalité et Fraternité, une trilogie indispensable à la vie ». « La vie est une symphonie, elle d’abord faite pour être belle », a-t-il expliqué avant d’être ovationné.
L’écrivaine Nicole Elgrissy, présente à la soirée, nous confie: « Comme l’a si bien dit M. André Azoulay, il y a à peine dix ans, nous aurions eu du mal à parler de gènes communs entre juifs et musulmans. Sait-on en fait qui a épousé qui il y a 1000 ans au Maroc ? Qui s’est converti à quoi ? Nous n’avons aucune réponse précise en dehors des noms patronymiques communs entre juifs et musulmans marocains : Cohen, Elbaz, Elofer, Elgrissy, Tobaly, Sebbag, Chabat… »
Souriante, l’actrice Latefa Ahrrare s’est ensuite exprimée avec des mots simples et vrais: « Je n’ai jamais vu de différence entre les trois religions… Merci d’être humains ».
Pour sa part, Khalil Hachimi Idrissi, le patron de la MAP, qui était à côté d’André Azoulay, a rapporté une belle anecdote: « Un jour, j’ai rencontré une personne du Moyen-Orient qui m’a dit : «Vous avez l’air très mélangés au Maroc, comment faites-vous ?» Je lui ai expliqué que c’est la diversité de ce pays qui fait son identité ».
La militante Hinde Taarji est également intervenue. Elle a indiqué ne pas comprendre ce qui se passait dans le monde, être tout simplement désemparée et très inquiète de toute cette violence: « Que devons-nous faire face à ce sentiment d’oppression ? Je me sens perdue… Comment contrer ce mal de l’histoire qui se répète ? »
La journaliste Sanaa El Aji a évoqué ce qu’elle observe sur les réseaux sociaux: « Je ne veux pas vous gâcher la soirée, mais je suis consternée de voir que sur Facebook des gens arrivent à justifier la fusillade d’Orlando… Dans quel monde vit-on ? »
Enfin, la Casablancaise Fanny Mergui, avec beaucoup d’émotion dans la voix, a rendu hommage au roi du Maroc et à tout ce qu’il a accompli pour le pays: « C’est notre roi à tous et c’est grâce à lui que le pays se porte bien ».
Hicham Bennani
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