Fès: grande oubliée des actions culturelles et artistiques au Maroc
Le 5 août dernier, se déroulaient au Médina Social Club, à l’initiative du centre Takafes et de l’association Soleil de Fès, les premières rencontres culturelles de la ville. Passé le constat d’un manque d’intérêt des pouvoirs publics pour un développement artistique et culturel pérenne, les participants ont créé un réseau virtuel d’échanges destiné à promouvoir leurs actions respectives.
Par Olivier Rachet
« Une ville millénaire mérite l’attention des pouvoirs publics. Or Fès souffre d’un manque d’infrastructures culturelles, la culture n’est pas la priorité des élus de la ville », revendique Mohammed Hamdouni, directeur artistique du centre Takafes. À ce titre, Fès ne mérite-t- elle pas une attention aussi grande que Rabat ou Casablanca dans lesquelles les investissements abondent. « Fès a sa propre identité qui s’enracine dans l’espace et le temps », ajoute le principal organisateur de ces rencontres culturelles, aussi devrait-elle en finir avec la marginalisation qui la caractérise.
Un potentiel pas seulement patrimonial
La plupart des participants s’accorde pour souligner l’identité spirituelle et patrimoniale de la ville. Sa renommée internationale n’est plus à démontrer, mais le président de l’association Cult Art, Mohammed Bouhakaoui, observe que le public jeune est de facto exclu de la plupart des manifestations, compte-tenu de leur caractère parfois élitiste. Beaucoup d’initiatives locales existent, mais elles souffrent d’un manque de coordination. Un public jeune, friand de nouvelles technologies et désireux d’expérimenter de nouvelles formes d’expressions artistiques, est à prendre en compte si l’on ne veut pas que la ville se réduise à n’être qu’un musée, certes magnifique, mais davantage tourné vers le tourisme que vers les citoyens marocains. « Il est important d’encourager la liberté et la diversité de l’expression artistique, ajoute un artiste présent, et non pas de la figer dans un patrimoine mort ».
Créer des synergies
Les différents acteurs de la vie culturelle présents ce jour – artistes, membres associatifs, responsables divers – reconnaissent que de simples investissements publics ne suffiront pas à enrayer la perte de prestige de la capitale spirituelle du Royaume. Un meilleur accompagnement des initiatives locales, individuelles ou collectives, est à encourager. D’ores et déjà, un réseau virtuel des structures artistiques et culturelles a été mis en place afin que les principaux acteurs puissent communiquer entre eux et réunir leurs forces. Mais il y a péril en la demeure: tous attendent des gestes forts afin que leurs efforts soient reconnus à leur juste valeur.
O.R.