Les USA sanctionnent des Saoudiens, MBS épargné
A quoi jouent les Etats-Unis? Le pays de l’Oncle Sam vient de sanctionner seize ressortissants saoudiens. Ils sont accusés d’avoir un lien avec le meurtre du journaliste Jamal Khashoggi, d’après le département d’Etat américain. Ces saoudiens vont être interdits d’entrée sur le sol américain. Le prince héritier Mohammed Ben Salmane (MBS), pourtant pointé du doigt dans cette sordide affaire, n’est pas concerné.
« Le secrétaire d’Etat désigne publiquement ces individus pour leurs rôles dans le meurtre de Jamal Khashoggi », indiquent les USA dans un communiqué. « La famille proche de ces seize saoudiens est également interdite d’entrée ».
Une information qui fait surface un peu après les révélations du Washington Post concernant les enfants de Jamal Khashoggi. Ils ont reçu des maisons et des indemnités conséquentes de la part de l’Arabie saoudite. Les enfants du journaliste vivent tous en dehors de l’Arabie saoudite, sauf Salah, banquier de profession.
Le journal donne même des détails. Il évoque une maison d’une valeur estimée à 4 millions de dollars, à l’ouest de l’Arabie saoudite et des mensualités de plus de 10.000 dollars pour les quatre enfants de Khashoggi. Des sommes qui pourraient devenir encore plus conséquentes à la fin du procès en cours.
Rappelons qu’un documentaire d’Al Jazeera Arabic diffusé dimanche 3 mars a annoncé que le corps du journaliste saoudien aurait été brûlé dans un grand four dans la résidence du consulat saoudien à Istanbul. D’après l’ouvrier qui a construit ce four, ce dernier résistait à des températures supérieures à 1000°C. «Suffisamment chaud pour faire fondre du métal», a-t-il précisé, ajoutant que cette option a été exigée par le consul saoudien.
Les autorités turques, de leur côté, ont annoncé que de grandes quantités de viande ont été grillées dans ce four après l’assassinat de Jamal Khashoggi afin de couvrir la crémation du corps du journaliste. Elles ont également précisé que des traces du sang de la victime ont été découvertes sur les murs du bureau du consul après avoir retiré la peinture appliquée par l’équipe de l’assassinat. «Une astuce pour cacher toute preuve», précise-t-on dans le documentaire.
Selon la même source, le chef des services de renseignements turcs Hakan Fidan était le premier à avoir contacté les responsables saoudiens pour savoir où se trouvait Khashoggi. Il a même appelé le prince héritier d’Arabie Saoudite Mohamed Ben Salmane, lui demandant de révéler ce qui est arrivé au journaliste. « Le prince, en colère, lui a immédiatement raccroché au nez », a-t-elle ajouté.
L’Arabie Saoudite avait finalement admis, en octobre dernier, que Jamal Khashoggi avait été tué au consulat saoudien d’Istanbul. 11 personnes ont été accusées d’être impliquées dans l’assassinat du journaliste par le parquet saoudien.
Soufiane Laraki