Ce que pense le FMI du régime de change au Maroc
La mission des services du Fonds monétaire international (FMI) ayant mené au Maroc des entretiens relatifs aux consultations de 2019 au titre de l’article IV et à la première revue de l’accord au titre de la Ligne de précaution et de liquidité (LPL), approuvé en décembre 2018, a soutenu pleinement, mardi à Rabat, l’intention du Maroc d’assouplir progressivement son régime de change.
S’exprimant lors d’un point de presse à l’issue de cette mission, effectuée du 19 mars au 3 avril 2019, le chef de la délégation, Nicolas Blancher, a affirmé que cette réforme devrait rendre l’économie marocaine « mieux à même d’absorber des chocs extérieurs et préserver sa compétitivité », ajoutant que « la situation actuelle continue d’offrir une fenêtre d’opportunité pour avancer dans cette transition de manière progressive et ordonnée ».
« Le Maroc effectue sa réforme du régime de change tout en étant dans une position de force. La transition ne se fait pas dans la pression et cela permettra de mieux résister aux chocs exogènes », a-t-il expliqué.
En effet, les réserves de change sont restées à un niveau confortable, équivalent à environ cinq mois d’importations, a relevé M. Blancher, ajoutant que la croissance devrait se stabiliser en 2019, supportée par une reprise de l’activité non-agricole, puis atteindre 4,5% à moyen terme grâce à la poursuite des réformes structurelles.
Cependant, la croissance reste sujette à des risques liés à la conjoncture dans les pays avancés et émergents, aux prix mondiaux des produits énergétiques et à la volatilité sur les marchés financiers mondiaux, a-t-il constaté.
D’après M. Blancher, l’économie marocaine continue de profiter de la poursuite des politiques macroéconomiques « prudentes » et des réformes « structurelles », faisant remarquer que ces dernières années, l’amélioration de la gestion budgétaire et la diversification de l’économie ont rendu cette dernière « plus résiliente ».
Saluant les réformes structurelles importantes engagées par le Royaume, le responsable a, toutefois, souligné la nécessité d’en accélérer la mise en œuvre pour accroître les gains de productivité, créer davantage d’emplois et rehausser le potentiel de croissance, en ligne avec les objectifs de moyen terme du gouvernement.
Sur le plan budgétaire, la mission a relevé que l’évolution à fin décembre a été conforme à l’objectif révisé du Maroc d’un déficit budgétaire de 3,7% du PIB en 2018, rappelant que pour 2019, les autorités ont pour objectif de maintenir le déficit budgétaire à ce niveau, hors recettes de privatisation.
À moyen terme, la réforme fiscale, qui sera discutée dans le cadre des Assises nationales sur la fiscalité prévues en mai prochain, devrait continuer de rendre l’impôt plus efficient, plus équitable, et plus favorable à la croissance, tout en contribuant à l’objectif du Maroc de ramener le niveau de la dette publique à 60% du PIB, a estimé la mission.
Ces efforts permettraient de dégager des marges supplémentaires et de soutenir les investissements productifs dans les infrastructures et la protection sociale, a expliqué la mission qui souscrit au plan de privatisation et aux efforts qui sont déployés pour réorienter les activités des entreprises publiques sur leurs métiers de base.
Par ailleurs, M. Blancher s’est félicité des réflexions menées par le Royaume en vue de définir un nouveau modèle de développement, faisant observer, à cet égard, que le climat des affaires continue de s’améliorer, notamment grâce à l’activation du Conseil de la Concurrence et à la mise en œuvre d’une nouvelle stratégie d’inclusion financière qui contribueront, selon lui, à promouvoir la concurrence et à soutenir le développement des PME.
En outre, la mission encourage les réformes visant à renforcer la gouvernance et l’efficacité du secteur public et à lutter contre la corruption, en particulier avec l’adoption de la loi sur l’accès à l’information et la publication du premier rapport sur la mise en œuvre de la stratégie nationale de lutte contre la corruption.
Sur un autre registre, la mission encourage les efforts entrepris par le gouvernement en vue de l’établissement du Registre social unique qui, lorsqu’il sera mis en place, permettra un meilleur ciblage des programmes sociaux et réduira efficacement les inégalités sociales.
En décembre 2018, le Conseil d’administration du FMI avait approuvé un accord de 24 mois au titre de la LPL pour un montant équivalent à environ 3 milliards de dollars.
S.L. (avec MAP)