Visite du Pape: Abou Hafs flingue Ahmed Raissouni
Abdelouahab Rafiqi, le prêcheur connu sous le nom de Abou Hafs, a réagi aux critiques de l’Union mondial des oulémas musulmans, que préside Ahmed Raissouni, concernant le spectacle inter-religieux joué devant le roi Mohammed VI et le Pape François, le 30 mars dernier.
Ahmed Raissouni avait en effet vivement décrié ce spectacle où l’appel musulman à la prière (Al Adane), l’Ave Maria chrétien et l’Adonaï juif ont été chantés à l’unisson afin de prôner la fraternité entre les trois religions monothéistes.
Sur sa page officielle, Rafiqi a dénoncé le ton menaçant de l’Union qui, dans son communiqué, met en garde contre « la sédition et le terrible châtiment de Dieu ». «Je ne sais toujours pas à qui ces menaces ont été proférées. Raissouni, ce Fkih marocain très calé en Charia, a pris l’exemple sur les Oulémas du Moyen-Orient qui se croient tuteurs des musulmans et qui se permettent de fixer le halal et le haram à leur guise afin, selon eux, de préserver l’Islam. Je me rappellerai toujours du tollé provoqué par cheikh Youssef Qardaoui lorsqu’il avait autorisé aux Marocains d’acheter des maisons en contractant des crédits à intérêt auprès des banques. L’Union avait, à l’époque, exprimé dans indignation suite à ces propos et avait vivement critiqué le Cheikh», a-t-il affirmé.
Et d’ajouter : «Les cheikh de l’Union croient donc qu’ils sont les seuls à avoir compris l’Islam et exigent que les musulmans du monde les suivent. Ils ne prennent pas en compte les spécificités de chaque pays. Le Maroc, à titre d’exemple, a sa propre expérience religieuse Les Marocains n’ont donc pas besoin de quelqu’un pour leur dicter comment respecter leur religion. L’ouverture du Maroc sur différents courants religieux l’a malheureusement affecté. Ces derniers ont encadré une certaine génération et lui a inculqué l’islam wahhabiste extrémiste, ce qui a formé des terroristes et des radicaux et créé de terribles tensions sociales. Le Royaume était loin de ces histoires avant l’invasion salafiste».
Rafiqi a d’ailleurs appelé les organisations du Moyen-Orient à ne plus interférer dans les affaires religieuses des Marocains, soulignant que les croyances en islam diffèrent selon les spécificités historiques et la nature sociogéographique de chaque pays.
Rappelons que l’Union mondiale des oulémas musulmans s’est déclarée scandalisée par ledit spectacle. Dans un communiqué, elle a exprimé son grand étonnement et sa vive indignation à propos de ce qui s’était passé à l’Institut Mohammed VI pour la formation des imams morchidines et morchidates. Et de fustiger l’amalgame fait entre Al Adane, considéré comme “l’un des fondements sacrés de la religion musulmane”, et des prières et cantiques chrétiens.
Par la même occasion, le communiqué de l’Union mondiale des oulémas musulmans exprime sa profonde tristesse et son inquiétude quant à ce qui est advenu à la “Oumma” de scissions, de différends et de déchirements. Une situation aggravée par des violations de sa dignité et de sa souveraineté et par le bafouement de sa sacralité, de ses fondements et des règles de la Charia.
Noura Mounib