Des Algériennes déclarent la guerre au voile
»Les prisonnières du voile en Algérie » est le nouveau hashtag de la campagne d’émancipation vestimentaire lancée par des Algériennes sur les réseaux sociaux afin de dénoncer le port du voile. Qualifiant ce dernier d’instrument d’oppression, les initiateurs de cette campagne, lancée début février, visent à mettre fin à ‘’ce diktat social’’ et à sortir les femmes de leur isolement afin que l’Algérie ne se transforme pas en Iran dans les prochaines années.
Contacté par franceinfo Afrique au Canada, la journaliste algérienne Djemila Benhabib, fervente défenseure de ce nouveau mouvement, a estimé que le voile déshumanise la société ‘’parce qu’il fait des femmes des masses et des hommes des frustrés’’. « Le hijab n’est pas obligatoire dans les lois, mais en réalité la pression sociale est telle ! Les femmes finissent par le porter sous la pression de la rue, de la famille et de la société. C’est le travail de sape de l’islamisme, ces trente dernières années, qui a fait en sorte que malgré l’absence de loi, le port du hijab s’est généralisé. Pour moi c’est un enjeu politique de premier ordre », s’est-elle insurgé.
Celle qui est également marraine de l’Observatoire de la laicité de Saint-Denis en France a rappelé que plusieurs Algériennes se sont suicidées en se pendant avec leurs foulards.
Sur son compte Twitter, Djemila Benhabib a posté une photo d’elle, flanquée du drapeau algérien et portant un panneau sur lequel il est écrit : ‘’Moi, Algérienne, contre le hijab » en arabe, anglais et français. Sa publication a d’ailleurs été largement commentée par des femmes qui ont exprimé leur soutien à cette campagne. ‘’Aucune femme au monde n’a envie de s’enterrer sous des mètres de tissu, quoi qu’elle dise’’, a écrit une internaute. ‘’Je me sens partie prenante de la libération des femmes » et « en harmonie avec une revendication légitime qui me touche’’, a écrit une autre.
Pour la journaliste, cette campagne doit toucher les Algériennes, les Iraniennes et les femmes du Moyen-Orient afin de ‘’réussir à libérer leurs corps et à marcher la tête haute, sans voile’’
« Si elles se sentent rattachées à quelque chose de collectif, je me dis que ça va leur donner de l’espoir, de la force pour tenir tête au frère, à l’oncle et même à la mère, parce qu’on sait dans ces pays combien les mères peuvent être aussi dans le camp des oppresseurs », a-t-elle regretté.
Cette campagne semble avoir réussi à toucher les hommes aussi. Plusieurs Algériens en en effet exprimé leur soutien après le lancement de cette campagne en postant des photos d’eux sur leurs réseaux sociaux, la tête voilée.
N.M.