Casablanca: bientôt la fin des bus de la honte
Au vu de la situation critique du transport collectif urbain par autobus dans le Grand Casablanca, il semble que l’Établissement de coopération intercommunale (ECI) se dirige vers la résiliation du contrat de «M’dina Bus», dépositaire de la gestion déléguée dans 11 communes depuis maintenant près de quinze ans.
A en croire le maire de Casablanca, Abdelaziz El Omari, une décision finale est attendue mardi 5 février à l’occasion de la réunion de l’ECI, alors que les deux parties sont à couteaux tirés devant les tribunaux pour des accusations mutuelles de non-respect des engagements. El Omari, président de l’autorité délégante, a choisi l’organe de sa formation politique, Parti Justice et Développement (PJD), pour énumérer les griefs de la métropole contre ladite société, essentiellement l’absence d’investissements, un taux de couverture insuffisant du réseau, vétusté du parc, absence de maintenance…
Le maire de Casablanca est allé encore loin en accusant le délégataire de service de « mettre l’intégrité des citoyens en danger en raison des incendies de bus et les accidents de la circulation». Visiblement, il fait allusion aux deux bus ayant pris feu en l’espace d’une semaine à la mi-janvier dernier.
Afin de connaître la position de «M’dina Bus» sur la sortie du président du Conseil de la ville, l’agence MAP a tenté, tout au long du week-end, de joindre un des responsables de la société bus, mais sans résultat.
La décision de résiliation, au cas où elle se concrétise, devrait, à nouveau, donner lieu à un bras de fer judiciaire de longue haleine entre les communes du Grand Casablanca et «M’dina bus», qui ne semble pas disposée à lâcher l’affaire, en dépit de tous les dysfonctionnements constatés par les observateurs et dénoncés par les usagers.
La situation du transport collectif par autobus, qui donne une image peu glorieuse de la capitale économique du pays, est aux antipodes de la volonté de ses responsables d’en faire un leader africain de la mobilité durable. Si la métropole peine à trouver des solutions à ses autobus, elle a, en revanche, réussi à développer une vision plus claire et plus ambitieuse pour les autres modes de transport urbain, à la hauteur de la réputation de la métropole.
Les responsables du transport dans la métropole ont scellé, en septembre 2017, un nouveau contrat d’exploitation et de maintenance du réseau de tramway et de bus à haut niveau de service (BHNS) entre la société de développement local Casa Transport et la société française RATP Dev, pour un montant colossal de 4,784 milliards de dirhams (MMDH). Avec ce pacte couvrant la période 2017-2029, Casablanca, qui connait une urbanisation accélérée et une explosion démographique, s’est lancée dans le défi somme toute réalisable de devenir le modèle de la mobilité durable dans le continent.
La ville blanche est en train de mettre en œuvre un programme ambitieux de transport en commun en site propre comportant 4 lignes de Tramway et deux lignes de BHNS, qui devra améliorer les conditions de circulation des Casablancais et accompagner le développement de la ville.
En 2022, le réseau global de transport en site propre à Casablanca comportera 76 km de lignes de Tramway et 22 km de lignes de BHNS. Les mises en service des futures lignes de tramway seront effectuées selon un calendrier bien défini. Outre l’extension de la ligne T1, du terminus les Facultés à Lissasfa (2 km), la ligne T2, d’Aïn Diab à Sidi Bernoussi (15 km), est opérationnelle depuis fin 2018. La ligne T3, du boulevard Mohammed VI à la gare Casa-Port (14 km), et la ligne T4, du Bd Driss Harti à la mosquée Hassan II (14 km), sont prévues respectivement en 2021 et 2022.
Les deux lignes de BHNS seront, quant à elles, programmées pour être opérationnelles en 2020 (la L5, de la nouvelle ville Errahma à Hay Hassani sur 10 km et la L6 du Bd Mohammed VI à Lissasfa en passant par Ain Chok, Sidi Maarouf sur 12 km).
Nour-Eddine Hazmi (avec MAP)