Mohammed VI: « J’ai le sentiment que quelque chose continue à nous faire défaut en matière sociale »
Dans son Discours à la Nation à l’occasion de la fête du Trône, le roi Mohammed VI a invité le gouvernement à instaurer et maintenir, « dans la durée et sans aucune interruption », le dialogue social, affirmant que la question sociale retient toute son attention et « l’interpelle vivement à la fois en tant que Roi et en tant qu’homme ».
« Je le dis au gouvernement : le dialogue social est un devoir et une nécessité ; il convient de l’instaurer et de le maintenir dans la durée et sans aucune interruption. Et Je lui dis également qu’il doit rencontrer régulièrement les syndicats et communiquer constamment avec eux, indépendamment de l’issue éventuelle de ce dialogue », a souligné le Souverain dans son discours.
« Depuis Mon Accession au Trône, J’ai toujours été à l’écoute de la société et prompt à cerner ses attentes légitimes. Constamment à l’œuvre, Je porte l’espoir inaltérable d’améliorer les conditions de vie des citoyens », a affirmé le roi, soulignant que « la question sociale retient toute mon attention et m’interpelle vivement à la fois en tant que Roi et en tant qu’homme ».
Et de relever qu’au cours de deux décennies, les réalisations accomplies par le Maroc et les acquis engrangés en faveur des Marocains, constituent un véritable motif de satisfaction et de fierté. « Pourtant, J’ai le sentiment que quelque chose continue à nous faire défaut en matière sociale », regrette le Souverain.
« L’ampleur du déficit social et les modalités de réalisation de la justice sociale et territoriale sont parmi les principales raisons qui Nous ont incité à appeler, dans le Discours d’ouverture du Parlement, au renouvellement du modèle de développement national », a relevé le Souverain dans ce contexte.
« En effet, il est insensé que plus de cent programmes de soutien et de protection sociale, de différents formats et se voyant affecter des dizaines de milliards de dirhams, soient éparpillés entre plusieurs départements ministériels et de multiples intervenants publics », a affirmé le Souverain, faisant observer que ces programmes empiètent les uns sur les autres, pèchent par manque de cohérence et ne parviennent pas à cibler les catégories effectivement éligibles.
« Comment peut-on, donc, espérer que ces programmes répondent efficacement aux besoins des citoyens et impactent réellement leur quotidien ? », se demande le monarque.
Partant de ce constat, le Souverain relève que le Registre Social Unique » (RSU) constitue un début prometteur, susceptible d’induire un accroissement progressif du rendement des programmes sociaux, à court et à moyen terme. « Ce Registre est un système national d’enregistrement des familles qui pourront bénéficier des programmes d’appui social. Les ménages habilités à jouir des prestations de ce régime, seront déterminés selon de rigoureux critères objectifs et grâce aux nouvelles technologies », a expliqué le Souverain.
« Il s’agit d’un projet social stratégique et ambitieux, qui touche de larges franges de la population marocaine. Sa portée dépasse de loin le cadre d’un programme gouvernemental pour un seul mandat et va au-delà d’une vision attribuée à un département ministériel, à un acteur partisan ou à un acteur politique », souligne encore le roi.
Le Souverain a affirmé que l’ambition qui l’anime pour améliorer la situation sociale du pays, dépasse largement la simple mise en place d’un dispositif ou d’un programme, si important soit-il. « Par conséquent, J’invite le gouvernement et tous les acteurs concernés à entreprendre une restructuration globale et profonde des programmes et des politiques nationales d’appui et de protection sociale et à soumettre des propositions portant sur leurs modalités d’évaluation », a dit le roi.
Pour cela, affirme le Souverain, une approche participative est requise. Il convient également de faire preuve d’une certaine hauteur de vue, d’inscrire l’action envisagée dans la durée et d’user de célérité dans la phase d’exécution. Il importe aussi de procéder à la capitalisation des acquis et à la mise à profit des expériences réussies.
En attendant que cette réforme porte pleinement ses fruits, « Nous incitons à adopter un ensemble de mesures sociales intermédiaires, en cohérence avec l’esprit de la Restructuration que Nous appelons de nos vœux », a dit le roi engageant le gouvernement à amorcer, dans les plus brefs délais, l’élaboration de telles mesures et à le tenir périodiquement informé de leur état d’avancement.
Pour garantir un impact direct et tangible, le roi a insisté sur la nécessité de se concentrer sur les mesures d’urgence à mettre en œuvre dans quatre domaines : premièrement, donner une impulsion vigoureuse aux programmes d’appui à la scolarisation et de lutte contre la déperdition scolaire, à partir de la prochaine rentrée scolaire. Deuxièmement : lancer la troisième phase de l’Initiative nationale pour le Développement humain. Troisièmement: redresser les anomalies qui entachent l’exécution du Programme de couverture médicale «RAMED», et, parallèlement, refondre en profondeur le système national de santé, qui se caractérise par des inégalités criantes et une faible gestion. Et quatrièmement: œuvrer avec célérité à l’aboutissement du dialogue social.
Concernant ce quatrième domaine, le Souverain a exhorté les différents partenaires sociaux à tenir compte de l’intérêt supérieur du pays et à faire preuve de sens des responsabilités et d’esprit de consensus pour procéder à l’élaboration d’un pacte social équilibré et durable, à même de rehausser la compétitivité de l’entreprise et de renforcer le pouvoir d’achat des travailleurs dans les secteurs public et privé.
A ce propos, le roi souligne avoir toujours été persuadé que la forme suprême de protection sociale est celle qui passe par la création d’emplois productifs et garants de dignité. « En fait, on ne peut espérer des créations d’emplois ni l’instauration d’un système de protection sociale moderne et décent, sans un bond qualitatif dans les domaines de l’investissement et de l’appui au secteur productif national », affirme le Souverain en substance.
S.L. (avec MAP)