Histoire: le jour où Hassan II n’a pas reçu le journal « Le Monde » (Vidéo)
Mohamed Seddik Maâninou raconte une anecdote inédite dans les années 90, où Feu le roi Hassan II a vivement tancé son ministre de l’Intérieur et de la communication. Ceci, dans l’émission « Hikayat » dont l’invité est l’ancien journaliste de la première chaîne.
La raison de cette colère royale, dont Maâninou allait aussi faire les frais, et pas qu’une fois, était l’oubli du coursier de la RTM de joindre « Le Monde » à la pile de journaux réservée au Souverain. Driss Basri avait alors téléphoné en pleine nuit à Maâninou, déjà en pyjama et s’apprêtant à dormir, lui a crié dessus de façon hystérique et lui a enjoint de contacter le coursier pour que celui-ci répare son omission illico presto.
« Basri ignorait que le pauvre homme ne gagnait pas plus de 800 DH, habitait dans un bidonville et ne pouvait donc pas posséder de téléphone permettant de le joindre « , précise Maâninou. Cherchant alors dans sa pile de journaux, il avait trouvé « Le Monde », décidé de se rendre au Palais royal de Skhirat dans sa R 16 et … en pyjama. « La route était mauvaise en ce temps-là et sombre. Basri m’a encore rappelé, fou de rage, et je lui ai expliqué que j’étais en cours de route avec le journal », ajoute-t-il en rappelant le genre de portable de cette époque, très grand, avec une batterie indépendante encore plus grande et un bruit des plus discordants et bruyants.
Le journaliste, mué en coursier, se demandait ce qu’il dirait s’il avait été arrêté par les gendarmes. On allait sûrement le prendre pour un aliéné échappé d’un hôpital psychiatrique. Imaginez! En pyjama, sans documents de la voiture ni carte d’identité et prétendant se rendre au Palais royal pour remettre un journal à Sa majesté! Heureusement que rien de cela n’était arrivé!
Mission accomplie, journal remis au « mokhazni » à la porte du Palais et retour!
Sauf qu’en cours de route, patatras! ? Nouvel appel furieux de Basri et nouveau coup de semonce tonitruant. Maâninou avait pris le mauvais exemplaire du journal, celui de la veille! Alors, rebelote, retour à la case départ, chez lui! Toujours en pyjama, il est reparti à Skhirat et a remis « Le Monde », le bon cette fois-ci, au policier de faction ayant remplacé le « mokhazni » du premier voyage.
La colère furieuse de Driss Basri, explique Seddik Maâninou, était due à ce que le ministre n’acceptait pas d’être pris en défaut par Feu Hassan II, surtout s’agissant de broutilles banales comme cette histoire de journal. Et ce, alors que d’autres missions plus importantes étaient de son ressort et lui avaient acquis la confiance totale du roi défunt.
Ecoutez attentivement Seddik Maâninou!
Larbi Alaoui